Effractions digitales #2 : l’ère de la gestion de carrière numérique 2/2

Le succès du web 2.0, apparu à l’aube du XXIe siècle, a permis au sport de développer un phénomène tout aussi récent que passionnant : le sport 2.0. Au travers d’exemples précis, nous allons voir comment les effractions digitales ont modifié le comportement de tous les acteurs du sport et comment est envisagée cette transformation.

Après un premier épisode où nous avons abordé le manque de maîtrise communicationnelle de certains acteurs sportifs sur les réseaux sociaux, il est l’heure de vous présenter les premiers de la classe : ceux qui contrôlent, profitent de et affinent leur image, ceux qui amusent et ceux qui ont su profiter des effractions digitales pour devenir ou exister.

Nous en avons parlé sans trop en dire, faisant suite aux déboires de nombreux sportifs, des systèmes de prévention et des formations ont été mises en place pour contrer les méfaits que peuvent avoir les réseaux sociaux sur ce milieu. En Premier League, un passage de la charte – connue des joueurs – indique depuis 2012 ce qu’ils sont en droit de faire ou non sur ces nouveaux médias.
En NBA, des cours de gestion des réseaux sociaux sont donnés alors que les joueurs ne sont encore que des rookies, afin d’éviter le plus tôt possible les éventuelles dispersions numériques.

Effractions digitales – thefa.com

En France, nos ambassadeurs sur les réseaux sociaux sont aussi nos plus grands champions olympiques : Tony Estanguet et Martin Fourcade. Si le premier s’attarde à ce que sa communication soit lisse, parfaite et sans le moindre défaut, le second s’amuse au contraire à en dire beaucoup, quitte à taper sur les doigts de certains.

Twitter, c’est un outil intéressant parce qu’il favorise le franc-parler, on a 140 caractères pour faire passer un message. C’est compliqué d’être pertinent en mettant les formes autour, donc c’est une pensée simple. C’est pour ça que j’aime bien ce média.    Martin Fourcade

Récemment, on l’a vu s’écharper avec Pierre Ménès suite à une chronique de ce dernier. Fourcade n’a pas hésité à répondre à un Ménès condescendant.

Capture d’écran Twitter Martin Fourcade – Effractions Digitales

Pour Estanguet c’est classe, sobre, sans bavures, à l’image du sportif qu’il était, du néo-retraité qu’il est et de son apport majeur dans l’attribution des JO 2024 à Paris.

A l’international et à un rayonnement supérieur à celui d’Estanguet, on retrouve des sportifs comme Lionel Messi et Cristiano Ronaldo dont la communication est parfaite, sobre. Leur présence sur les réseaux sociaux n’est pas abusive, elle est totalement contrôlée et leur est très utile lorsqu’il s’agit de promouvoir des marques, de se rapprocher de leurs fans ou de contourner les médias classiques en donnant aux suiveurs accès à leur vie privée et de vestiaire.

Photo Facebook Lionel Messi – Effractions digitales

Exemple récent pour ce qui est de développer des partenariats et de faire de la pub grâce aux effractions digitales : Zlatan Ibrahimovic, connu pour son arrogance légendaire, a affirmé il y a plusieurs semaines qu’il participerait à la prochaine coupe du monde bien qu’ayant pris sa retraite internationale après l’Euro en France. Ce magnifique « teasing » aura soulevé de nombreux doutes médiatiques, Zlatan venant de mettre fin aux spéculations en annonçant son voyage en Russie avec la marque VISA.

VISA – Effractions digitales

Cette stratégie – ici très habile – est régulièrement utilisée par les sportifs les plus connues pour générer des revenus auprès de leurs sponsors et partenaires.

Autre façon de rayonner sur les réseaux sociaux pour les acteurs du sport : l’humour, parfois poussé à l’extrême. Un exemple frappant dans notre petit pays de foot, c’est Pierre Bouby. Passé de simple joueur de Ligue 2 à chroniqueur occasionnel dans une émission de sport en access, Bouby a réussi à faire de son compte Twitter une arme médiatique, humoristique et très suivie pour un joueur de son standing.

A l’étage intermédiaire nous retrouvons des acteurs comme Winamax ou Trashtalk, qui vont souvent accompagner leurs photos de textes humoristiques, ou leurs articles de dérision, tout cela en rapport avec l’actualité sportive du moment. On retrouve aussi certains clubs comme l’En Avant Guingamp qui manient l’autodérision à merveille sur les réseaux sociaux.

L’extrême, c’est Julien Cazarre. Si sa renommée n’est certes pas due qu’à ses tweets, le « dernier ultra » médiatique du football (français) moderne affiche un nombre impressionnant de suiveurs. Il distille piques, lances et tacles presque sans exception (pour le PSG) dans le monde du ballon rond et qu’on se le dise, ça ne fait pas de mal.

Capture d’écran Twitter Julien Cazarre – Effractions digitales

A l’opposé de l’humour il y a le sérieux. Les effractions digitales ont aussi permis au collectif Paris United de s’extirper des médias traditionnels, d’en énerver plus d’un, en livrant des informations que de nombreux journalistes ne sont parvenues à fournir, mais là encore, nous y reviendrons.

Quelle conclusion pour les effractions digitales sur les réseaux sociaux ?

Taper de ses propres doigts comme Martin Fourcade peut s’avérer très dangereux même pour les acteurs sportifs à la communication rodée. Le cas d’Antoine Griezmann et de sa très malvenue « blackface » en sont l’exemple même. Si les sportifs ne sont pas capables de gérer leur communication sur les réseaux sociaux correctement, le recours à un community manager reste préférable et très fréquent.
La discrétion via discussion WhatsApp émerge depuis quelques années. Elle permet à des groupes de sportifs, voire au sein d’une entreprise, de communiquer entre eux, bien plus discrètement et efficacement.

La dernière solution reste de ne pas se montrer sur les réseaux sociaux. Si cette solution semble radicale, elle n’empêche pas certains acteurs comme Zinédine Zidane de ne pas mettre à mal leur notoriété et de conserver un anonymat total.

De rien Maestro – Effractions digitales

Effractions digitales :

Article précédent – Article suivant

Benjamin Douarre