Portraits
François Lamiraud, faire du vélo pour le plaisir
Rencontre avec François Lamiraud, recordman français de l’heure, qui se plait dans sa vie de consultant et pratique le vélo pour le plaisir.
François, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 34 ans, j’habite Saint Etienne mais je suis né à Marseille. Je n’aime pas trop le foot alors je n’ai pas de problème ! Mon truc c’est plutôt le vélo (ah bon ?), les voyages et le coaching.
Comment avais-tu commencé le cyclisme ?
J’ai débuté le cyclisme en minime à Vineuil Sports, un club du Loir-et-Cher. J’ai eu la chance d’être encadré par de bons éducateurs qui m’ont appris les rudiments et fait pratiquer la route, la piste et le cyclo-cross. Je sais que je leur dois beaucoup car quand on commence le vélo, c’est vraiment dur de rester motivé tant ce sport est exigeant, souvent ingrat. C’est en junior que je me suis révélé, ce qui m’a permis d’intégrer à 18 ans le Pôle Espoir de Saint-Etienne, dirigé par Dominique Garde. J’ai gagné plus de 150 courses sur route et sur piste, une quinzaine de médaille aux championnats de France piste. J’ai été membre de l’équipe de France sur piste de 2005 à 2009. J’ai terminé ma carrière en battant le record de France de l’Heure : 50,844 km.
Avec du recul quel sentiment domine quand tu repenses à ton record de France de l’Heure ?
C’est un grand moment de ma vie d’homme et de sportif. J’ai fait des choix cette année là pour vivre mon rêve. Quelques années plus tard (c’est pas si vieux !), je retiens particulièrement les émotions fortes que j’ai vécues avec mon staff et ma famille, présente le Jour J. J’aimerai revivre certains moments qui sont passés trop vite. Cette expérience m’a appris beaucoup sur la vie et sur moi-même.
Pourquoi as-tu écris un livre sur ce record ?
Ce livre n’est pas arrivé par hasard. Arrêter sa carrière a été un moment délicat dans ma vie, je me suis trouvé à la croisée des chemins. Dans cet ouvrage de près de 200 pages, je reviens sur l’aventure de mes records de l’Heure, bien sûr. J’ai aussi ressenti le besoin de partager des expériences, des joies, des déceptions, des réflexions, des anecdotes et certains aspects de ma vie dont j’ai rarement parlé. Il s’adresse à tous les amoureux du vélo, du sport et aux jeunes cyclistes. Ce livre a, en quelque sorte, permis de prolonger ma carrière de quelques mois… Il est préfacé par Graeme Obree, génie des années 90, multiple recordman du Monde de l’Heure.
Est-ce que tu pratiques encore le vélo en compétition ? Ou seulement pour le plaisir ?
Je pratique encore le vélo, mais sans les contraintes de la compétition. Maintenant c’est vélo-santé ! J’ai pris part à deux compétitions de VTT en ce début de printemps car j’ai découvert cette discipline et je suis curieux d’apprendre encore. J’aime beaucoup la proximité avec la nature et l’apprentissage technique nécessaire. Et puis, comme je pars (presque) de zéro, je n’ai aucun moyens de comparaison. Si je rentre avec 18 de moyenne, je suis satisfait car je ne sais pas si c’est bien ou pas ! Ce qui m’importe c’est de m’amuser !
Tu es consultant pour Eurosport, c’est un job qui te plait ?
Carrément ! Ma première expérience de consultant fut le record de l’Heure de Sir Bradley Wiggins, une performance qui restera inscrite dans l’Histoire du cyclisme. Et depuis, je commente les épreuves sur piste, surtout l’hiver pour les 6 Jours. J’adore ce métier où j’arrive à revivre certaines émotions de coursier.
Est-ce que commenter le Tour de France est un « rêve » ?
Ça doit être fantastique, un sacré challenge aussi car trois semaines de course c’est costaud. Sur le Tour il se passe tellement de choses, c’est tellement puissant médiatiquement parlant que ça doit être une belle aventure.
As-tu d’autres projets en tête pour la suite ?
Je prépare actuellement le concours de professorat de sport. Mon objectif est de pouvoir travailler à la FFC, proche des équipes de France sur piste. Mais je reste un homme de challenge, si on me propose un projet qui me tente, je pourrais accepter.
Je travaille actuellement avec le comité FFC Auvergne-Rhônes-Alpes. J’interviens aussi sur des colloques traitant des problèmes articulaires et du sport.
Un mot sur la cohabitation voiture vélo sur les routes, beaucoup d’accidents dramatiques dernièrement, quel est ton sentiment là-dessus ? Qu’est ce qu’on peut mettre en place pour remédier à cela ?
Je suis venu à la pratique du VTT un peu aussi pour éviter d’avoir à emprunter la route. Il suffit de prendre seulement 1km de route pour se faire serrer ou klaxonner. Je ne suis pas tranquille. Il y a trop d’agressivité ; je trouve que la tendance s’est accentuée ces dix dernières années. On le ressent aussi lors de discussions entre collègues, les cyclistes « emmerdent »…
Il y a des efforts à faire des deux côtés. Nous, les cyclistes, ne sommes pas exemplaires. On a donné une mauvaise image de notre sport. Il faut commencer par redorer notre blason en respectant le code de la route, s’arrêter aux feux, rouler en file indienne dès qu’il y a des voitures, respecter les aménagements de la route. Ce n’est pas très compliqué à appliquer. À l’instar de l’éducation pour le port du casque, il y a un travail de longue haleine à effectuer dans les écoles de vélo pour sensibiliser les jeunes cyclistes aux dangers de la route et leur donner les bons réflexes.
Il y a aussi de l’information à apporter aux automobilistes qui ne savent pas toujours pourquoi on prend un peu de place sur la chaussée (un peu moins qu’un tracteur tout de même), par exemple quand il y a du vent de côté. Il faut leur expliquer les spécificités de notre discipline. Ce n’est pas anodin de serrer un cycliste, il est fragile, sans carapace et plus ou moins habile. Je pense donc nécessaire une grande campagne de prévention, à travers des vidéos, pour que tous les utilisateurs de la route se sentent concernés. Qu’est ce que 30 secondes perdues face à la mort et à la peine d’une famille qui perd un être cher ?Le Tour de France doit être la caisse de résonance de ces campagnes. Par exemple : « Vous venez profiter de la fête du Tour de France et encouragez les cyclistes…rendez leur la pareille, respectez-les sur les routes ! » Enfin, il faudra être plus sévère sur l’usage des SMS au volant et l’alcool…
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