Betclic Élite : Éric Girard annonce son départ, Le Portel va perdre son magicien

BETCLIC ÉLITE 2024-2025 – Un immense pan de l’histoire du Portel va se refermer en fin de saison. Figure du club depuis plus d’une décennie, Éric Girard a officialisé son départ en fin de saison, marquant la fin d’une relation forte ayant dépassé le simple cadre sportif.

Il y a près d’un an, une figure historique du basket français avait tiré sa révérence, laissant orphelin un club qu’il avait lui-même bâti, l’emmenant des plus bas niveaux départementaux jusqu’aux sommets de l’Hexagone. On parle bien évidemment de Pascal Donnadieu, et de son aventure à Nanterre. Depuis son départ, un autre entraîneur représentait cette frange rare de coachs intimement liés au destin de leur club depuis de très longues années, Éric Girard au Portel.

Éric Girard et Le Portel, plus d’une décennie de fidélité

Si sa destinée est bien différente, l’histoire du petit poucet qui repousse ses limites fait écho. Il faut dire que depuis son arrivée sur le banc stelliste, l’homme de 60 ans a réussi à se forger une légende incroyable en faisant de l’ESSM un habitué de la Betclic Élite malgré des moyens toujours inférieurs à ses rivaux. Mais toute histoire a une fin. Ce jeudi soir, le coach portelois a ainsi officialisé son départ du club à l’issue de cette saison via un post publié sur sa page Facebook.

Je tenais à vous faire part de ma décision d’arrêter le coaching à l’ESSM en cette fin de saison. Après 14 saisons à Le Portel et plus de 500 matchs officiels, il est temps pour le club d’anticiper dès maintenant pour préparer l’avenir et pour moi, après ce dernier difficile challenge de tout faire pour maintenir le club une 10ème saison consécutive au plus haut niveau Français, de m’orienter vers de nouveaux défis sportifs…

À l’image de l’homme, cette sortie est simple et discrète. Mais elle a sûrement fait verser quelques larmes aux supporters qui ont l’habitude de se masser au Chaudron depuis des années. Il faut dire qu’il est rare de trouver un entraîneur capable de représenter aussi bien un club, un état d’esprit. Pourtant, ce mariage aurait pu, et dû être une simple étape pour Éric Girard. Lors de son arrivée au club, il débarquait avec un titre de champion de France acquis durant ses quatre années à Strasbourg, mais également fort de deux ans au CSP Limoges. Il avait ensuite accepté de jouer le pompier de service à l’ESSM pour maintenir le club en Pro B, avant d’enclencher l’une des plus belles aventures du basket français moderne.

🗣️ 𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐭𝐬 𝐝’𝐄́𝐫𝐢𝐜 𝐆𝐢𝐫𝐚𝐫𝐝 𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞 𝐚̀ 𝐥’𝐚𝐧𝐧𝐨𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐝𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭 𝐝𝐮 𝐛𝐚𝐧𝐜 𝐝𝐞 𝐥’𝐄𝐒𝐒𝐌 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐟𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 :https://t.co/NBxVPsl9ue

— ESSM Le Portel (@ESSMbasket) February 20, 2025

Le miracle permanent

Grâce à sa connaissance du jeu, et sa capacité à créer des collectifs en maximisant au mieux les qualités de ses joueurs, il crée l’exploit de faire monter le club pour la première fois de son histoire dans l’élite du basket français en 2016, la saison même où le déjà mythique Chaudron est sorti de terre. Ce qui devait alors être un exploit sans lendemain est devenu un exploit permanent. Chaque année, Le Portel est cité comme l’un des principaux candidats à la charrette, avec l’un des plus petits budgets. Malgré un effectif remanié quasi intégralement chaque été, Éric Girard a toujours trouvé la solution, révélant au passage de nombreux talents, à l’image de Nadir Hifi récemment.

Durant plus d’une décennie, il a accumulé les miracles pour permettre à l’ESSM de conserver sa place. Si la première saison avait été surprenante avec une 7ème place en 2017, qui reste à ce jour le meilleur classement du club, il a ensuite chaque année lutté d’arrache-pied en fond de classement, maintenant l’équipe entre la 11ème et la 16ème place. À deux reprises, il avait pourtant laissé le banc, pour prendre du recul en tant que directeur sportif. Mais à chaque fois, il a repris son costume de pompier pour rétablir la situation. La première fois lorsque la fin de saison anticipée en raison du Covid a gelé le classement. La deuxième pour remplacer au pied levé Serge Crèvecoeur en début d’année 2022.

Félicitations à l’ESSM Le Portel promu en #ProA pour la saison 2016-2017 #FinalesLNB pic.twitter.com/aago33ODyj

— Betclic ELITE (@Betclic_ELITE) June 10, 2016

Un mariage qui est allé au-delà du simple aspect sportif

Mais au-delà des résultats et de l’aspect sportif pur, l’aventure humaine entre Éric Girard et Le Portel a aussi été l’une des plus belles. Régulièrement miné par de sérieux problèmes de santé, le coach portelois a toujours pu compter sur le soutien total de toutes les différentes strates de l’organisation, du président Yann Rivoal, jusqu’aux supporters. Faisant preuve de résilience et d’un courage sans faille, Éric Girard a ainsi combattu deux cancers des cordes vocales, et à un de la prostate. Si cela a eu des conséquences, ses cordes vocales devant être retirées pour être remplacées par une prothèse phonatoire, cela ne l’a jamais empêché de revenir, ses assistants se chargeant alors de donner donner de la voix en bord de terrain à sa place.

Cet attachement mutuel aura été décisif dans le choix de Girard de poursuivre une saison supplémentaire en 2024-2025, au lendemain d’une première qualification historique en coupe d’Europe. Alors que le club est passé proche d’un exploit face à Bilbao, qui aurait permis d’accéder aux quarts de finale de la FIBA Europe Cup, Girard va se donner pour dernière mission de quitter le navire en le laissant voguer dans l’élite. Actuellement barragiste (15ème), et à deux victoires du premier sauvé, l’ESSM est dans le dur. Mais avec encore 11 journées à disputer, et la volonté de tout un club de terminer sur la meilleure note possible le mandat de son entraîneur, l’espoir est permis. Le plus compliqué sera surtout de combler le vide abyssal que va laisser ce départ au sein du club.

De son côté, le natif de Cholet compte bien retrouver un nouveau défi, en France ou à l’étranger. Nul doute que ses états de service lui ouvriront des portes qui lui ont longtemps été fermées, au plus grand bonheur du Portel.

https://t.co/An3Se8hGF4

— ESSM Le Portel (@ESSMbasket) February 20, 2025

Journaliste/Rédacteur depuis 2012 - Bercé par l’amour des Girondins de Bordeaux, les échecs de Christophe Moreau sur le Tour de France sous l'ère Lance Armstrong et le fade-away létal de Dirk Nowitzki, ma passion dévorante pour le sport a toujours été un pan incontournable de ma vie. Transmettre ma passion à l’écrit a été une transition naturelle. Suiveur assidu de basket et de hockey sur glace, je garde toujours un peu de place pour suivre le cyclisme, le football et le maximum de performances françaises.