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Rugby à XV

De Tarbes au Munster, l’incroyable ascension d’Antoine Frisch

Nicolas Mezine

Publié le

De Tarbes au Munster, l'incroyable ascension d'Antoine Frisch
Photo Icon Sport

RUGBY À XV – Formé dans la région parisienne, Antoine Frisch (25 ans) est le seul joueur évoluant en Premiership. Dans la lignée des Picamoles, Tolofua et Mermoz, qui ont tenté l’aventure dans le championnat anglais, le natif de Fontainebleau a franchi les paliers étape par étape pour être aujourd’hui un membre clé des Bears de Bristol. Sauf que cette ascension n’est pas terminée, puisque l’ancien joueur de Rouen a signé un contrat de trois saisons avec le Munster, un des clubs les plus emblématiques de la scène européenne. Retour sur le parcours hors du commun de ce Frenchy qui s’épanouit outre-Manche. 

Ils sont peu, voire très peu, à avoir tenté leur chance dans le championnat anglais. On se rappelle bien évidemment Philippe Saint-André, Sébastien Chabal (quatre saisons à Sale) ou encore Serge Betsen, qui ont tenté leur chance outre-Manche. Récemment, Maxime Mermoz (Leicester, Newcastle) ou Louis Picamoles (Northampton) ont également franchi le pas, avec des expériences qui n’ont pas été totalement fructueuses. À une époque où les rugbymen préfèrent rester dans leur championnat national, il y en a un qui a décidé de casser les codes pour exporter son talent outre-Manche. Le parcours d’Antoine Frisch est peu académique, et mérite de s’y intéresser davantage.

Formé en région parisienne, expérience réussie à Rouen

Né à Fontainebleau, un soir de juin 1996, le Parisien a fait ses gammes au Paris Université Club, un club renommé de la région parisienne dans les années 1960. Rapidement, ce jeune centre robuste, capable par ailleurs de prestations remarquées au poste demi d’ouverture, tape dans l’œil des plus gros clubs d’Île-de-France. Il intègre le centre de formation de Massy, une fabrique de talents réputée pour la qualité des formations apportées aux jeunes rugbymen (Sekou Macalou, Mathieu Bastareaud ou Cameron Woki ont arpenté le pôle formation du club de l’Essonne). Après trois saisons à Massy, il part à Tarbes pour s’aguerrir et avoir du temps de jeu. Il dispute 17 rencontres avec le Stado (pour 7 essais marqués) et participe donc activement à la bonne saison du club pyrénéen, qui terminera troisième de sa poule de Fédérale 1.

Pour continuer sa progression, il retourne dans son club formateur à Massy, qui possède un projet sportif plus intéressant sur le long terme que le Stado de Tarbes. Dans le club massicois, il dispute 8 rencontres de Pro D2. À cette période, il tape dans l’œil du staff rouennais et de son directeur sportif, Richard Hill, qui veut en faire un joueur majeur de sa ligne de 3/4. Du haut de ses 18 titularisations, il permet au club normand de se maintenir en Pro D2, pour sa première saison dans cette division. Par la suite, celui qui se décrit comme un centre distributeur et offensif, reçoit un appel de Pat Lam, l’entraîneur des Bears du Bristol, un club très richissime et très ambitieux qui fait tout pour devenir un grand de Premiership dans les prochaines saisons. Une opportunité comme celle-ci, peu de joueurs peuvent la refuser, et d’évoluer sous les ordres d’un entraîneur qui a fait du Connacht, une petite province irlandaise, le champion de la Ligue Celte en 2016.

Le profil parfait pour remplacer Siale Piutau

À son arrivée, les supporters anglais ne comprennent pas trop l’intérêt de ce recrutement et n’ont aucune idée de qui est ce jeune joueur français qui débarque dans cette ville culturelle et bouillonnante du sud-ouest de l’Angleterre. Après une première partie de saison d’adaptation, Antoine Frisch va profiter de chaque minute offerte par Pat Lam pour montrer ses qualités. Faisons un petit retour en arrière. L’an dernier, Bristol a surpris tout le monde en Angleterre en atteignant la demi-finale du championnat (défaite en prolongations face aux Harlequins). À cette même époque pas très lointaine, les Bears s’appuyaient sur une paire de centre composée de Siale Piutau, un Tongien qui avait le rôle de métronome de la défense des Bears, et de Semi Radradra, un des meilleurs numéros 13 de la planète rugby. À la fin de saison dernière, Siale Piutau décide de plier bagages et rejoint le Japon, où il signe un contrat très lucratif avec les Shimizu Koto Blue Sharks. Forcément, ce départ a affecté le plan de jeu des Bears, qui se trouvait affaibli d’un joueur majeur.

En début de saison, Pat Lam a essayé de trouver la combinaison parfaite. Il a utilisé bon nombre de joueurs, comme Piers O’Connor, Sam Bedlow ou Alapati Leiua. Durant la deuxième partie de saison, Antoine Frisch enchaîne les apparitions et les bonnes performances, notamment aux côtés de Semi Radradra. Face aux Saracens à Twickenham, le Frenchy a ébloui tout le public anglais par son talent et ses qualités, face à des joueurs internationaux comme Elliot Daly ou Alex Lozowski. Cette performance remarquée par la presse anglaise lui a donné une autre stature en Angleterre.  Le pari de Pat Lam a fonctionné, l’inconnu relatif débarqué de Rouen a progressé et est devenu un joueur clé de la ligne de 3/4 des Bears. Mais à 25 ans, l’ascension est loin d’être terminée, et le Parisien va découvrir un club qui fait rêver beaucoup de professionnels aux quatre coins du monde.

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Le Munster comme consécration

Mercredi, le club de Bristol a annoncé qu’Antoine Frisch allait quitter Bristol en fin de saison, pour rejoindre le Munster, avec lequel il a signé un contrat de trois saisons. En délicatesse avec sa masse salariale, les Bears devront faire des choix dans l’effectif ,et Pat Lam a immédiatement regretté le départ d’Antoine Frisch, un joueur qui « a montré de réelles promesses dans son jeu ». Grâce à sa grand-mère originaire de Dublin, Antoine Frisch est qualifié pour être sélectionné avec le XV du Trèfle. Graham Rowntree, le prochain entraineur du Munster qui remplace Johan van Graan à la fin de la saison, a été séduit par le profil de ce centre aux mensurations intéressantes (1.88 m, 99 kg). De plus, Damien de Allende, champion du monde avec les Springboks, quittera le club irlandais, double champion d’Europe, cet été.

À 25 ans, Antoine Frisch tentera de se faire une place aux côtés des internationaux irlandais, comme Chris Farrell, Rory Scannell et Dan Goggin avant de pourquoi pas, un jour, porter le maillot de l’Irlande, et faire honneur à sa grand-mère maternelle.

Passionné de sport, notamment de rugby dans toutes ses variantes (XV, XIII et VII). Fan du RC Toulon et de l'Olympique de Marseille.

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