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La fabuleuse semaine de Valentin Royer, dernier qualifié français pour Roland-Garros

Tom Compayrot

Publié le

Sara Falcão / FPT

TENNIS – La semaine dernière était l’ultime chance pour une poignée de joueurs de valider leur ticket pour les qualifications de Roland-Garros en entrant dans le top 230. Valentin Royer, 262e mondial au moment d’entamer le Challenger 125 d’Oeiras (Portugal), a tout donné pour atteindre son rêve de jouer pour la première fois Porte d’Auteuil. Ce qu’il a finalement réussi avec brio, devant les yeux et le micro de Dicodusport, présent sur place.

Les qualifications des Grands Chelems sont un objectif pour énormément de joueurs des circuits secondaires. Au-delà du prestige de jouer dans les quatre plus gros tournois du monde, celles-ci sont une bouffée d’air frais sur le plan financier, puisqu’elles leur permettent généralement de financer le reste de leur saison. Ce dont ces joueurs qui ont parfois du mal à joindre les deux bouts ont grandement besoin. De plus, pour un joueur français, jouer le Grand Chelem de son pays est souvent un rêve. C’était le cas pour Valentin Royer, qui à 22 ans n’y avait encore jamais participé, mis à part chez les Juniors.

Une semaine rocambolesque

Si son classement de n°262 mondial ne permettait pas à Royer de jouer dans les qualifications de Grand Chelem, il ne lui permettait pas non plus d’entrer dans les tableaux de beaucoup de Challengers. Comme à Oeiras. Le protégé de Julien Gillet a donc dû entamer ce tournoi décisif par les qualifications, où il était tête de série n°6. Il a pu compter sur le soutien de son coach, ainsi que de quelques-uns de ses amis, étudiants au Portugal. Un support émotionnel qui lui a fait beaucoup de bien pour battre deux purs terriens (le Brésilien Luz et l’Espagnol Barranco Cosano), chacun en trois sets et quasiment 3h de match.

Mais ce qui l’animait avant tout était cette course à la qualification pour Roland-Garros. « Si je dois laisser des poumons sur le terrain pour me qualifier à Roland, j’y vais tous les jours […] Et même si je dois faire sept matchs à 7-6 au dernier set pour me qualifier, je n’en ai rien à faire, let’s go ! » nous confiait-il après ses deux matchs de qualification. C’est cette envie qui l’a poussé pour le reste de la semaine. C’est ainsi qu’il a battu trois joueurs mieux classés dans le tableau principal. Et s’est qualifié pour la troisième demi-finale de sa jeune carrière en Challenger. Tout ça grâce à sa « grinta », comme il l’a si bien dit.



Lors du dernier match, décisif puisqu’il pouvait le faire rentrer dans le top 230 (228e), il a encore eu besoin de 3 sets et plus de 2 heures pour battre l’ex-top 100 Dennis Novak. Après la balle de match, son cri « Mais qu’est ce que je viens de faire ?! » témoignait de son soulagement. Après la rencontre, il nous expliquait cependant ne pas encore réaliser qu’il avait validé son ticket pour son tout premier Roland-Garros.



Un parcours atypique et miné par les blessures

Si Valentin Royer n’a jamais participé à Roland-Garros, c’est donc qu’il n’avait jamais reçu de wild-card. Ce qui est pourtant la norme chez les jeunes français prometteurs. Mais l’ancien n°8 mondial Junior n’a pas le même parcours que les autres. « Mes parents sont expatriés, donc j’ai beaucoup habité dans les pays de l’Est, notamment à Belgrade […] Vu que je n’ai jamais vraiment habité en France, c’est peut-être à cause de ça. » Ce fut aussi une question de mauvais timing. « J’ai fini ma carrière de Juniors sur les chapeaux de roues en 2020. J’espérais avoir une wild-card à ce moment-là, mais il y a eu le Covid qui a bouleversé les choses. » Et de concurrence. Au sein de génération dorée 2000-2004, il y avait beaucoup d’autres candidats aux wild-cards.

Depuis le vrai début de sa carrière professionnelle en 2020, Royer n’a jamais réussi à monter assez haut au classement. Il a pourtant eu des bons résultats sur le circuit ITF. Mais ce sont les blessures qui l’ont longtemps handicapé. En 2023 par exemple, il a raté trois mois de compétition à cause d’une blessure au poignet. D’autres pépins similaires l’ont à chaque fois coupé dans son élan ces dernières années. Mais cela l’a forgé : « J’avais accepté mon sort. Les blessures, on ne peut rien y faire, alors autant avancer. Soit, on se recroqueville et on coule, soit on se dit « allez on y va, on se soigne et on repart au travail ». Je pense que mes blessures m’ont permis de me retrouver moi-même et de reculer pour mieux sauter. » Deux mois avant son fabuleux parcours à Oeiras, il s’était encore tordu la cheville, ce qui lui a coûté un mois de compétition.

« J’ai hâte d’être à Roland »

Au lendemain de sa qualification, Royer nous confiait avoir « hâte » d’être à son premier Roland. « Je suis très content, c’est mon premier Grand Chelem. » Mais il n’a pas non plus voulu se laisser déborder par les émotions. Notamment, car c’est ce qui lui a coûté cher en demi-finale à Oeiras. Face à son compatriote Ugo Blanchetqui s’est ensuite incliné en finale – il n’a pas eu la concentration nécessaire pour l’emporter (défaite 6-4 6-2). L’objectif de Roland-Garros atteint, il s’est dit que son tournoi était terminé. « Je n’ai pas su gérer le trop-plein d’émotions. J’étais concentré sur d’autres choses que le match… Je veux prendre ce match comme une leçon. »

Royer travaille beaucoup pour réussir à contrôler ses émotions sur le court, alors que ça a été son grand défaut. C’est ainsi qu’il veut garder les pieds sur terre malgré sa belle semaine, dont il est fier. Particulièrement en vue de Roland-Garros. Il essaye de ne pas s’y projeter, pour arriver concentré mentalement le jour J. Officiellement n°228 mondial cette semaine, il veut profiter de sa bonne forme pour engranger des points. De manière stratégique, il s’est donc inscrit à plusieurs ITF M25 sur terre battue lors des prochaines semaines. L’objectif étant de sécuriser sa place pour les qualifications de Wimbledon. Et de se rapprocher encore un peu plus de son nouvel objectif : « Maintenant, je vois une énorme cible qui est le top 100. » Avec une telle force mentale et (enfin) une bonne santé physique, tout est possible.

Journaliste/rédacteur depuis mars 2017 - Amoureux de la petite balle jaune et du gros ballon orange qui traîne sa carcasse sur Dicodusport depuis 2017. Rafael Nadal et LeBron James sont les meilleurs joueurs de l'histoire.

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