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Les Américains qui ont marqué la Formule 1

Pierre Gorce

Publié le

Les Américains qui ont marqué la Formule 1
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FORMULE 1 – Les Américains sont une rareté dans le monde de la Formule 1. Très présents lors des trois premières décennies de la discipline, ils ont peu à peu déserté les grilles. Logan Sargeant débarque cette année chez Williams, 8 ans après qu’Alexander Rossi a quitté la F1.

L’histoire d’amour entre les États-Unis et la F1 a autrefois été belle. Des podiums, des victoires et même des titres mondiaux. Mais depuis le début du XXIe siècle, la rupture est nette, déchirante. Seuls deux pilotes ont couru en Formule 1 depuis l’an 2000 pour… 0 point inscrit. Logan Sargeant, rookie cette saison, est titularisé chez Williams, dixième et dernière écurie au classement constructeurs 2022. Il n’est pas certain que ce record peu envieux soit brisé cette année. Heureusement, avec trois Grands Prix américains au calendrier 2023 de la F1, tout n’est pas perdu. Avant d’évoquer 2023, revenons sur les Américains qui ont marqué de leur empreinte la discipline reine du sport automobile. 

Schell, premier de cordée

Le pionnier est né à Paris. Harry Schell, de nationalité américaine par ses parents, a vécu la majeure partie de sa vie sur le sol français. Celui qui a également couru trois fois les 24 Heures du Mans a participé au premier championnat du monde de Formule 1 en 1950. Schell n’aura jamais eu une monoplace réellement compétitive en dix ans. Après ses débuts sur une Cooper-JAP, il conduit pour Maserati et BRM. C’est sur cette dernière qu’il obtient son meilleur résultat.

Après être monté sur son premier podium pour la marque au trident lors du Grand Prix de Pescara en 1957 (3e), l’ex coéquipier de Juan Manuel Fangio obtiendra sa meilleure position au GP des Pays-Bas en 1958 (2e). A Zandvoort, seul Stirling Moss, le champion sans couronne, le devance. Harry Schell reste un homme respecté par ses collègues de course. La promotion pour des équipements plus sûrs fut l’un de ses principaux combats. Il se tue en 1960 à Silverstone lors d’essais d’une manche hors championnat du monde. Schell heurte un mur à Abbey et meurt sur le coup.



Le funeste titre de Phil Hill

Les années 1960 marquent un tournant pour les Etats-Unis. Quatre pilotes conduisent pour la bannière étoilée : Masten Gregory, Richie Ginther mais surtout Dan Gurney et Phil Hill. Hill est tout simplement le premier américain champion du monde de Formule 1. Cet exploit arrive dès 1961, dans des circonstances tragiques. Ferrari a de loin la voiture la plus rapide cette année. La lutte pour le titre se joue donc entre le natif de Miami et son coéquipier Wolfgang von Trips. A l’aube du septième et avant-dernier Grand Prix de la saison à Monza, l’Allemand possède quatre points d’avance et semble en mesure de devenir champion du monde. Sauf que tout va basculer.

 Il rate son départ, entre en collision avec Jim Clark et s’envole dans le public. 15 morts dont lui. C’est l’un des accidents les plus meurtriers de l’histoire de la F1 et l’une des images les plus effroyables. Une photographie montre le corps sans vie de Von Trips, gisant dans l’herbe alors que les secours sont en train d’arriver. Cet événement entraîne l’officialisation du titre de Phil Hill, qui remporte facilement la course. Ce sera la dernière de ses trois victoires en carrière. BRM et Lotus monopolisent ensuite les succès et le Floridien quitte la F1 en 1964. En parallèle de sa carrière en monoplace, il gagne trois fois les 24 heures du Mans mais aussi les 1000 km du Nürburgring et les 12 heures de Sebring. Un palmarès hors norme. 



Big Dan, Spa et champagne

Dan Gurney est l’une des figures majeures à cette époque. Le Californien a la particularité de n’avoir jamais obtenu la couronne pilotes mais d’être titré champion des constructeurs à trois reprises avec trois écuries différentes. Porsche (1962) et Brabham (1964) ont recueilli les lauriers en partie grâce à lui avant que Gurney ne crée All American Racers qui décrochera aussi ce succès en 1967. Bref, c’est une anomalie de ne l’avoir jamais vu plus haut que 4e à la fin d’un championnat du monde. Avec ses quatres victoires et ses 19 podiums, n’ayez aucun doute sur le fait que l’Américain a marqué de bout en bout les années 60. 

Sa victoire la plus mémorable est arrivée à Spa-Francorchamps au volant de l’Eagle, produit par AAR. Peu fiable, sa voiture a manqué quelques opportunités de victoire mais pas lors du GP de Belgique 1967. A une moyenne de 235km/h, Dan Gurney repousse tous ses concurrents à plus d’une minute, Jackie Stewart en tête. Son surnom a toujours été Big Dan, à cause d’une taille démesurée pour un pilote : 1m93. Pour l’anecdote, il est l’inventeur du champagne shower. Toujours en 1967, il gagne au Mans plusieurs semaines avant Spa et lors de la remise de la bouteille de champagne, il décide de la secouer. Une tradition qui perdure à travers le temps.

Andretti, pilote ultime

Mario Andretti peut être considéré comme une légende du sport automobile. Champion du monde de Formule 1, quatre titres en Indycar, des succès de prestige au Daytona 500 et à Indianapolis, le palmarès est long comme le Nürburgring. Andretti aura eu deux carrières en F1. L’une de 1968 à 1972 où il signe une pole position pour… son premier Grand Prix. L’autre partie (1974-1982) est couronnée de nombreux succès. Dès 1976, Lotus place le pilote d’origine italienne dans de bonnes conditions pour gagner. 3 podiums dont une victoire au Mont Fuji.

L’année suivante est plus irrégulière, plus frustrante pour la marque britannique mais l’Américain est tout de même 3e au classement général. La saison 1978 va être tout bonnement exceptionnelle. 6 fois premier, 8 fois vainqueur des qualifications, un titre obtenu avant même les deux derniers GP de la saison. Mario Andretti n’avait aucune concurrence solide et reste à ce jour le dernier champion du monde de Formule 1 venant des États-Unis. Il n’aura ensuite plus de voiture assez forte pour remporter un second titre. 14 saisons dans la catégorie reine pour 12 victoires et 18 pole position, le bilan est fantastique. 

Mario Andretti champion du monde de F1 en 1978

Mario Andretti (au centre) champion du monde de F1 en 1978 – Photo Icon Sport

 

Passage éclair pour Speed

Le passage à l’an 2000 est plus compliqué. Plus de traces de l’Oncle Sam sur les grilles de F1. Aucun pilote, aucune écurie, de temps en temps un Grand Prix (notamment à Indianapolis). Les Américains attendent jusqu’à 2006 pour voir l’un des leurs conduire une monoplace. Cette année-là, Red Bull met au monde une petite sœur nommée Toro Rosso, basée à Faenza. Aux côtés du local Vitantonio Liuzzi, la marque autrichienne choisit Scott Speed.

Passé par la Formule 3 britannique, il sera champion en Formule Renault puis 3e du championnat GP2. Le Californien progresse et arrive donc dans cette écurie flambant neuve. Les débuts sont compliqués, il pense marquer son premier point en Australie mais le perd après-course à cause d’une pénalité. Pas un seul inscrit pour sa première saison mais il est reconduit pour 2007. Encore une 9e place, cette fois dans les rues de la Principauté, à Monaco puis un clash avec sa direction à l’issue du Grand Prix d’Europe. Le point de non-retour est atteint, Speed est limogé et remplacé par Sebastian Vettel dans la Toro Rosso STR2. 

5 GP pour Rossi

Dire que les États-Unis n’ont plus connu de pilotes de Formule 1 depuis Scott Speed n’est pas tout à fait exact. Alexander Rossi va connaître les joies d’un Grand Prix en fin de saison 2015. Au bord du gouffre financièrement, l’écurie Manor Marussia engage le natif d’Auburn pour 5 GP. Essayeur pour Caterham l’année précédente, Rossi est choisi car il est à la lutte pour le titre en GP2. Avec les Espagnols de Racing Engineering, il termine finalement deuxième derrière Stoffel Vandoorne, futur employé McLaren. Dès Singapour et cela jusqu’au Brésil, il remplace Roberto Merhi. Associé à Will Stevens, l’Américain devance à chaque fois son coéquipier et termine même 12e sur le circuit des Amériques à Austin. Sa carrière sera plus brillante au pays. Vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis pour sa première participation, vice-champion IndyCar en 2018 puis 3e en 2019, il est devenu un pilote qui compte outre-Atlantique.

Alexander Rossi - Manor F1 - 2015

Alexander Rossi – Manor F1 – 2015 – Photo Icon Sport

Pour 2023, l’écurie fondée par Sir Frank Williams décide de changer l’un de ses pilotes. Alex Albon garde son baquet, exit Nicholas Latifi, welcome Logan Sargeant. L’Américain a rapidement monté les échelons. Trois saisons tout de même en Formule 3 dont une excellente où il termine 3e à 4 points du titre (derrière Piastri et Pourchaire). En 2022, sa saison F2 chez Carlin se passe globalement bien. Ce grand nombre d’abandons sur les derniers week-ends de l’année lui ont fait perdre toute chance de titre. Une 4e place et le 21 novembre 2022, il est annoncé titulaire chez Williams. À 21 ans, il sera le plus jeune pilote sur la grille. Dans une équipe de bas de tableau, peu de chance de voir Sargeant marquer des points cette année. L’écurie de Grove n’a pas montré grand-chose en tests hivernaux à Sakhir. Nous saurons rapidement avec le Grand Prix bahreïni si les avancées de leur voiture sont conséquentes ou non.

Couteau suisse venant tout droit de Haute-Savoie. Habitué à regarder du sport depuis petit, j'en ai maintenant fait mon métier. Des sports d'hiver au surf, en passant par le tennis, la F1, le handball et l'athlétisme, j'essaie d'avoir mes yeux sur l'entièreté de l'actualité. Jeune homme bercé par les exploits de Jean-Baptiste Grange, Sebastian Vettel et des Experts. Membre de la génération 1999 comme Luka Doncic, Sydney McLaughlin, Lando Norris et Loana Lecomte, mais avec beaucoup moins de talent qu'eux.

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