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Coupe du monde de football 2022

Les véritables enjeux de la Coupe du monde au Qatar

Nicolas Jacquemard

Publié le

Photo Pixabay

En France, l’engouement pour la Coupe du monde reste très modeste. Si le Qatar compte tirer profit autrement de l’événement, « le pays a tenté de sauver sa Coupe du monde et n’a pas anticipé d’éventuels problèmes d’organisation », affirme Ahmed Arbib, spécialiste de la gestion de flux lors des événements sportifs.

De faux supporters indiens des Bleus, un public français qui n’a pas répondu présent, des menaces de boycott et des matches qui ne ressemblent pas à des affiches prestigieuses… La Coupe du monde 2022 au Qatar ressemble déjà à un flop.

Mais sur place, l’enjeu est ailleurs, assure Ahmed Arbib, fondateur de 2A Entertainment, spécialiste des événements sportifs et de l’anticipation de la gestion de flux. Avec seulement une centaine de supporters de la principale association de fans des Bleus qui se sont rendus sur place, alors qu’ils étaient 600 en 2018 en Russie, et 10 000 Français en tout, on a tendance à croire, vu de France, que la Coupe du monde sera un échec.

Mais le petit émirat cherche en réalité à étendre son soft power dans le monde. Et la compétition de football doit servir de tremplin efficace… à condition que le Mondial se déroule sans accroc. Pour ce faire, le Qatar va surtout devoir réussir à gérer ses flux de supporters. La réussite de la Coupe du monde passe par « une réelle modernité et de nouveaux outils », affirme Ahmed Arbib. Au fur et à mesure que la compétition avancera, la traçabilité des billets électroniques sera par exemple scrutée par les professionnels du secteur. « Aujourd’hui, avec les billets dématérialisés, on est passé à 300 % d’augmentation de fraude », poursuit le consultant, qui a participé à la mise en place de systèmes de traçabilité en Asie.

L’enjeu de l’accueil des supporters

Les organisateurs de la Coupe du monde ont-il retenu les leçons des défauts d’organisation de plusieurs événements européens, à l’instar de la finale de la Ligue des Champions à Paris ? « Ce qui s’est passé au Stade de France, on aurait pu l’anticiper. Mais cela peut se produire au Qatar, une telle mauvaise gestion de flux », estime Ahmed Arbib.

Malgré l’enveloppe globale de 220 milliards de dollars consacrée aux infrastructures, plusieurs hôtels ont dû réorienter leurs clients vers d’autres villes, voire d’autres pays, faute de place. Pourtant, la réussite de la Coupe du monde au Qatar passe par « une réelle modernité et de nouveaux outils », prédit Ahmed Arbib, à l’origine de l’idée de l’hôtel flottant à Doha. « Les Qatariens ne sont pas allés au bout de l’idée. En faisant de l’animation et en proposant des packages, ils auraient pu capter le public deux à trois jours et éviter les voyages en navettes aériennes », poursuit le spécialiste.

« L’organisation est devenue une science, les enjeux sont sécuritaires, économiques et politiques », aime à dire Ahmed Arbib. Or, sous le feu des critiques, « le Qatar a tenté de sauver sa Coupe du monde et n’a pas anticipé les éventuels problèmes. Des millions d’euros ont été dépensés pour faire un lobbying inefficace. Les Qatariens se sont trompés de combat : ils auraient dû prendre des sociétés de communication pour parler du climat et de la réduction de l’empreinte carbone lors de l’événement ».

Des risques de faille sécuritaire

L’aspect sécuritaire inquiète également Ahmed Arbib. D’un point de vue sécuritaire, la gestion de flux, si elle n’est pas maîtrisée, pourrait poser d’énormes problèmes. « La capacité des hôpitaux au Qatar est insuffisante en cas de pépin et cela pourrait conduire à un drame. Pour des questions géopolitiques, aucun couloir n’a été prévu pour envoyer d’éventuels blessés vers Bahreïn, Dubaï ou Riyad ».

Reste que la première semaine n’est qu’un test : l’importance de la bonne gestion de flux va arriver lors de la deuxième semaine. Car si la cérémonie attire du public à chaque Coupe du monde, l’affiche du match d’ouverture n’a pas véritablement été alléchante et il n’y aura pas de gros match lors de la première semaine.

Le petit émirat a cependant une carte à jouer, par rapport aux précédents organisateurs de Coupe du monde, Russie et Brésil en tête : sa faible superficie — à peine 11 500 kilomètres carrés —représente en effet un avantage. « Pour remplir les enceintes, les organisateurs ont besoin de deux à trois fois moins de supporters que lors des Coupes du monde au Brésil ou en Russie, où les stades étaient très éloignés. Au Qatar, un même supporter pourra assister à deux ou trois matches dans une même journée » affirme Ahmed Arbib.

Passionné de sport et entrepreneur depuis mes 18 ans, la création de Dicodusport m'a semblé évidente pour participer à la médiatisation d'un plus grand nombre de sports. Le chemin est long mais avec une équipe des plus motivées et les Jeux Olympiques de Paris 2024 en point de mire, nous y arriverons ! Journaliste dans le monde du sport depuis plus de 5 ans, je traite aussi bien de football, de rugby, de biathlon que de cyclisme.