Endurance
24 Heures du Mans 2023 : Les enseignements de la 91ème édition

24 HEURES DU MANS – Au lendemain de l’arrivée de l’épreuve, Dicodusport livre les enseignements à retenir de cette 91ème édition, année anniversaire de la course qui célébrait son Centenaire.
C’était l’un des évènements sportifs parmi les plus attendus en cette année 2023. Les 24h du Mans ont fêté leur centenaire en grande pompe ce week-end. Entre les animations qui ont émerveillé les fans le vendredi d’avant-course, la protocole cérémonial, un scénario exceptionnel et un public qui a répondu présent dans la Sarthe, l’édition 2023 restera également dans l’histoire comme celle du renouveau de l’endurance.
Ferrari met fin au règne de Toyota
58 ans que la Scuderia attendait ce moment de gloire ! 58 longues années interminables depuis la dernière victoire de Ferrari au Mans. Pour son retour au plus haut niveau de l’endurance après 50 ans d’absence, les bolides rouges n’ont pas fait dans la dentelle. Le ton avait déjà été donné en qualifications mercredi, puis jeudi en Hyperpole, séance durant laquelle les deux prototypes 499 P ont signé les meilleurs chronos pour monopoliser la première ligne de la grille de départ samedi.
Dès les premiers tours qui ont suivi l’intervention de la voiture de sécurité rentrée en piste au départ de la course après le crash de la Cadillac #311 du Action Express Racing, les Ferrari ont tout de suite fait parler leur vitesse de pointe, supérieure aux Toyota. Dans une course folle, aux rebondissements multiples et qui aura vu tour à tour les 5 grands constructeurs de la catégorie Hypercar prendre le leadership à un moment ou un autre, l’écurie basée à Fiorano a su tirer son épingle du jeu pour s’éviter bien des pièges.
Des pièges, il y en aura eu. Comme lorsque Alessandro Pier Guidi se fit surprendre à la chicane Daytona peu avant minuit, à cause d’une sortie de piste juste devant lui. Des problèmes, la Ferrari AF Corse #50 en rencontrera en pleine nuit suite à une fuite au niveau du système de récupération d’énergie (ERS), ce qui lui coûtera de précieuses minutes.
Dans cette épreuve à élimination, il faut être capable de passer la nuit. La #51 maintient un très bon rythme au petit matin et accentue son avance qui s’étend au-delà de la minute sur la Toyota #8, la rescapée du clan japonais. Mais l’auto nippone arrive à revenir au bénéfice d’un safety car qui regroupe toutes les voitures. Le dénouement intervient finalement en début d’après-midi. Ryo Hirakawa donne tout ce qu’il peut sur sa Toyota afin de mettre la pression sur un Antonio Giovinazzi peut-être moins rapide. Le Japonais ne ménage pas sa monture et part à la faute à Arnage à 1h45 de l’arrivée.
Il en est fini des espoirs d’un 6ème sacre d’affilée pour Toyota, qui a perdu la #7 en pleine nuit mais qui a été globalement dominé par une Scuderia plus rapide en rythme de course avec une meilleure stratégie. Aux côtés d’Antonio Giovinazzi, James Calado et Alessandro Pier Guidi se retrouvent sur la plus haute marche du podium des 24h du Mans, après leurs succès en GTE Pro en 2019 et 2021.
From leader to winner!
Congratulations to @FerrariHypercar on their historic victory 🏆#LeMans24 #LeMansCentenary #WEC pic.twitter.com/BGrpDxL5NH— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 11, 2023
Cadillac sur le podium
Dans les équipes en lutte pour la victoire dimanche matin, les Cadillac #2 et #3 étaient bien placées. Moins véloces que leurs rivales, elles n’ont tout de même pas affiché le rythme nécessaire pour entrevoir mieux qu’une troisième place. Il n’empêche, pour son retour aux 24h du Mans après 21 ans d’absence, Cadillac a déjà accompli une magnifique performance. Jusque là, le meilleur résultat d’un prototype américain dans la Sarthe était une 9ème place, obtenue en 2001.
Durant toute la course, les belles américaines à la douce mélodie harmonieuse du V8 atmosphérique sont restées dans le coup pour se disputer une place sur le podium, si on excepte la #311, mise hors-jeu dès le premier tour. Au final, très peu de problèmes ont affecté les V-Series.R #2 et #3 malgré une sortie de piste aux Porsche qui aurait pu valoir très cher à Sébastien Bourdais, samedi en fin d’après-midi. 3ème et 4ème places respectives pour ces deux autos.
Fans, tell us which car would you like to see? 📸
⬇️⬇️⬇️ pic.twitter.com/HoRaZMWuRk— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 10, 2023
L’échec de Porsche
Porsche, le constructeur le plus emblématique des 24h du Mans avec 19 victoires au général était forcément très attendu pour son retour dans la Sarthe après son dernier succès en 2017, à l’époque avec la 919 Hybrid. Las, les 963 LMDh n’ont pas connu la fiabilité espérée pour jouer quoique ce soit dans la course. Et pourtant, les Allemandes étaient performantes et parfaitement dans le match durant le premier tiers de course. Leader durant quelques tours après une remontée en début d’épreuve, la Porsche #38 du team Jota alors pilotée par Yifei Ye a perdu le contrôle de sa 963 à haute vitesse en début de soirée. Le début du calvaire pour la firme de Stuttgart.
🟡 The #38 careers off, causing a FCY @JotaSport #LeMans24 #LeMansCentenary pic.twitter.com/Q3FGDjhUzK
— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 10, 2023
C’est ensuite la Porsche #6 qui est meurtrie suite à une crevaison qui lui fait perdre le contact avec les leaders. La #75 va quant à elle abandonner pour un problème incurable lié à un manque de pression d’essence. La Porsche #6 connaîtra d’autres divers ennuis de fiabilité, et est notamment rentrée dans son box dans la matinée de dimanche. Bilan : la meilleure des Hypercars Porsche, la #5 termine 17ème après une pénalité de 4 tours pour ne pas avoir bouclé son dernier tour en moins de 6 minutes.
La bonne surprise de Peugeot
Pour une surprise, cela en est une belle. Certes, le Lion n’a pas signé un résultat probant en terre mancelle. Loin de là puisque la meilleure auto des Tricolores, la #93 finit 8ème et la #94 en 27ème position. Un bilan assez maussade à la première lecture du classement. Pourtant, Peugeot a mené la course et pendant une bonne partie de l’épreuve s’est accroché au podium avec la #94. Ayant profité de circonstances de course en sa faveur et grâce à des stratégies aussi audacieuses que risquées, la LMH française s’est retrouvée longtemps dans le tiercé de tête.
Jusqu’à ce que l’imperturbable Gustavo Menezes parte à la faute dans les Hunaudières peu avant la mi-course. Repartie en 11ème position, l’Hypercar connaîtra d’autres ennuis techniques en fin d’épreuve repoussant le trio Muller-Duval-Menezes en fond de classement. La #93, elle termine 8ème.
L’essentiel à retenir pour Peugeot est ailleurs que le simple résultat. Personne n’attendait la firme sochalienne jouer potentiellement un podium cette année, surtout après un début de saison compliqué en WEC. Son niveau de performance en a surpris plus d’un, et même l’écurie. Le Lion sera-t-il enfin prêt pour rivaliser durablement lors des prochaines échéances ? La question mérite bien d’être posée.
Inter Europol Competition domine WRT en LMP2
La lutte a été belle et intense dans cette catégorie qui se joue toujours à coups de dixièmes. Beaucoup d’équipes pouvaient légitimement prétendre à la victoire en LMP2. En constante progression depuis 2019 quand ils ont commencé, les Polonais d’Inter Europol Competition réalisent un rêve qui était loin d’être une évidence.
Durant toute l’épreuve, la #34 confiée à Albert Costa, Kuba Smiechowski et Fabio Scherer a dû batailler avec les autos du team WRT, la #31 mais surtout la #41. A l’arrivée, les trois hommes devancent la #41 de 21 secondes et la #30 du Duqueine Team.
@IE_Competition claim the LMP2 crown, having held the lead since daybreak. Well done guys! 👏 pic.twitter.com/OS3pkA9t8Z
— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 11, 2023
Peu en vu depuis le début de la campagne WEC 2023, Alpine s’est offert la possibilité de croire en ses chances de bon résultat dès le départ. La #36 des français Milesi-Canal-Vaxiviere est au pied du podium. La #35 n’est que 9ème de sa catégorie.
Corvette Racing l’emporte pour la dernière des GTE
Il y a eu de la joie dans la stand Corvette, dimanche à 16h. Ces dernières années, le constructeur américain a joué de malchance en LM GTE Pro en ratant des victoires qui lui étaient promises en 2017, 2019 et surtout 2022. Cette « malchance » s’est cependant encore abattue en début de course sur la « Vette ».
Suite à la casse d’un amortisseur lui causant un retard de trois tours ou presque, on pensait les vieux démons réapparaître dans le stand américain. La #33 de Nick Catsburg, Ben Keating et Nicolas Varonne, repartie après une intervention de 10 minutes était condamnée à une remontée, aussi improbable que croyable. Bien plus rapide cependant que le reste de la concurrence, la Corvette qui possède une large structure issue du GTE Pro a commencé une véritable course contre la montre pour ne serait-ce que revenir dans le top 5.
La #33 a fait mieux que ça. Bonne dernière du GTE en fin d’après-midi samedi, elle s’est hissée définitivement en tête de la catégorie vers 14h ce dimanche. L’exploit était alors en marche. Pour le centenaire des 24h du Mans, Corvette renoue donc avec un succès de prestige. Succès qui lui échappait depuis 2015.
The LMGTE Am title goes to @CorvetteRacing! 👏
Congratulations! pic.twitter.com/x2SSjvmivV— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 11, 2023
Le podium est complété par l’Aston Martin by TF #25 et la Porsche #86 du GR Racing. Longtemps dans le tiercé gagnant, la Porsche #85 des Iron Dames échoue au pied du podium pour 5 petites secondes.
Un nombre record d’abandons
L’édition 2023 a connu au total 3 périodes de safety car d’une durée de 3h et 5 full course yellow pour 35 minutes. Dans des conditions très changeantes mêlant des périodes de soleil et de pluie, la classique mancelle a tenu toutes ses promesses en terme de spectacle. Un spectacle pour les fans oui, pour les équipes un peu moins. Ces dernières ont constamment évalué les stratégies à adopter pour effectuer le meilleur choix de pneumatiques.
Qui dit centenaire, dit une course dont tous les acteurs veulent briller. Parfois nerveuse, il y a eu une véritable hécatombe cette année. Sur les 62 autos engagées sur le double tour d’horloge, 40 ont coupé la ligne. Pas besoin de faire le calcul pour en déduire qu’un tiers du plateau a disparu. Parmi les 22 autos qui ont abandonné, on dénombre 12 LM GTE Am.
Record d’affluence historique
D’après les chiffres communiqués par l’organisateur, l’ACO (Automobile Club de l’Ouest), 325 000 spectateurs se sont massés autour du circuit de la Sarthe. Un record sans précédent dans l’époque moderne. A titre de comparaison, on dénombrait 263 500 spectateurs en 2015, 244 000 en 2022.
Ce succès, les 24h du Mans le doivent bien entendu à leur anniversaire qui a permis à de nombreux néophytes de découvrir la plus grande course automobile au monde. Mais aussi au retour des principaux grands constructeurs. Alors, l’influence devrait être au moins tout aussi importante l’année prochaine avec le retour en Hypercar de BMW, Lamborghini et Alpine qui rejoignent les constructeurs présents dès cette année.
Rendez-vous donc les 15 et 16 juin 2024, une date à cocher dans l’agenda pour la 92ème édition des 24h du Mans qui devrait comme cette année être tout aussi disputée et passionnante. Avant cela, le WEC reprend ses droits le dimanche 09 juillet pour le 5ème meeting de la saison 2023 à l’occasion des 6h de Monza.
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