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Cyclisme sur route 2022

Arnaud De Lie, la machine à points UCI de la Lotto-Soudal

Nicolas Mezine

Publié le

Arnaud de Lie, la machine à points UCI de la Lotto-Soudal
Photo Icon Sport

CYCLISME SUR ROUTE 2022 – À l’heure où la fin de saison approche à grands pas, la bataille du maintien en World Tour bat son plein. Dans cette course aux points, Lotto-Soudal, en position de relégable à l’heure actuelle, a dans sa manche un certain Arnaud De Lie. Le jeune sprinteur belge, qui compte huit victoires cette saison, apparait comme l’homme providentiel capable de maintenir la formation belge dans l’élite la saison prochaine. Focus. 

En début de saison, l’UCI avait annoncé une modification du système de promotion/relégation en World Tour. En fin de saison, toutes les équipes seront classées selon les points UCI obtenus et les dix-huit premières équipes du classement obtiendront des licences World Tour pour la saison 2023. Les autres seront rétrogradées en Continental Pro Series, qui équivaut à la deuxième division. Ce nouveau système de classification n’a pas inquiété des équipes comme la Jumbo-Visma, UAE Team Emirates ou INEOS Grenadiers, qui accumulent les succès chaque année sur les courses par étapes ou les courses d’un jour, alors que d’autres équipes ont eu des sueurs froides à l’annonce de cette nouvelle règle.

Comment sont calculés les points ? Toutes les courses du calendrier UCI (World Tour, Pro Series, 1.1 et 1.2) permettent aux coureurs de chaque équipe de marquer des points en fonction de leur position à l’arrivée. Par exemple, Jonas Vingegaard, dernier vainqueur du Tour de France, a récolté 1 000 points UCI suite à sa victoire finale, tandis que Julien Simon, vainqueur d’une étape du Tour du Limousin, a récolté 20 pts UCI suite à son succès.

Movistar, Israel-Premier Tech et la Lotto-Soudal en grand danger

Considérant que le Tour du Langwaki est la dernière course du calendrier, il reste à ce jour environ deux mois aux équipes qui flirtent avec la zone de relégation pour se sauver. À ce jour, Israel-Premier Tech occupe la dernière place avec 12 983 pts, la Lotto-Soudal est 19e avec 13 352 pts tandis que la Movistar occupe la 18e place avec 13 962 pts. De plus, il n’y a que 370 pts entre Arkea-Samsic, actuellement 14e et la Movistar, 18ᵉ. La fin de saison s’annonce donc épique, avec approximativement six équipes qui tenteront de ramasser le maximum de points pour se sauver.



Israel-Premier Tech a recruté Dylan Teuns en urgence, pour tenter de se sauver, mais vient de subir un coup dur avec le retrait de Michael Woods sur la Vuelta, qui visait un Top 10 au général. En parlant de Vuelta, la Movistar a fait tapis sur cette course, en envoyant tous ses meilleurs éléments. Un podium d’Enric Mas, comme l’an dernier, permettrait de récolter environ 650 points, soit une très belle affaire. Ironie du sort, la Movistar sera alignée sur le Tour du Langwaki, une course par étapes 2.1 disputée en Malaisie et qui accueille habituellement des équipes continentales asiatiques, traduisant le degré de panique de la formation espagnole à l’idée d’une relégation. Après le Tour d’Espagne, on rappellera également qu’il ne reste que quatre courses estampillées World Tour au calendrier : la Bretagne-Classic, le GP de Québec, le GP de Montréal et le Tour de Lombardie.



Arnaud De Lie, le messie de la Lotto-Soudal ?

Concernée par cette course au maintien, la Lotto-Soudal n’a pas les mêmes arguments que ses concurrents. L’équipe est organisée autour de deux, voire trois pointures, telles que Caleb Ewan, Tim Wellens, Victor Campenaerts voire Philippe Gilbert, qui est en fin de carrière. Des baroudeurs comme Steff Cras ou Sylvain Moniquet ont du talent, mais n’ont pas encore la caisse nécessaire pour aller chercher des étapes sur des courses World Tour. Par le passé, l’équipe belge n’aurait pas été inquiétée si le système de classification avait été mis en place il y a cinq ans : 14ᵉ en 2018, 8ᵉ en 2019, 15ᵉ en 2020, mais 19ᵉ en 2021. Les trois Grands Tours sont les trois courses les plus richement dotées en points UCI. Sur le Tour de France et le Giro, l’équipe était organisée autour de Caleb Ewan, le sprinteur australien. Sauf que la saison 2022 de ce dernier est pour le moment très décevante : une victoire en World Tour, c’était sur Tirreno-Adriatico, deux victoires sur le Tour de Turquie et une autre sur le Saudi Tour, puis plus rien. Dans cette situation, un homme sort tout de même de sa grotte, il s’agit d’Arnaud De Lie.

Si vous n’avez jamais entendu ce nom, c’est que vous n’avez pas suivi la saison actuelle. Formé dans l’équipe de développement de la Lotto-Soudal, le jeune sprinteur de 20 ans, néo-professionnel au sein de la formation belge, explose tous les compteurs cette saison. Pour sa première saison chez les professionnels, le gamin de Libramont compte huit victoires, la plupart ayant été obtenues sur des classiques d’un jour estampillées 1.1 et organisées en Belgique, telles que la Marcel Kint Classic. Sur ces courses 1.1, les équipes World Tour ne font pas toutes le déplacement, on y retrouve surtout des équipes continentales voire des équipes amateurs. De ce fait, le plateau et la concurrence ne sont pas élevés. Sur la Johan Museew Classics, également appelée la Coupe Sels, qui s’est disputée hier, Arnaud De Lie a martyrisé ses adversaires dans le sprint final en écrasant la concurrence, récoltant 125 pts UCI très (trop) facilement.

Deux mois pour engranger des points

La stratégie de Lotto-Soudal est alors bien définie : la formation belge inscrira sa pépite sur toutes les courses d’un niveau peu relevé pour tenter d’amasser le maximum de points UCI. Cette saison, Arnaud De Lie en a déjà gagné 1 695. Pour comparer, Caleb Ewan avait récolté 971 pts en 2020 tandis que Tim Wellens en avait gagné 826 l’an dernier. À cent points près, Arnaud De Lie compte autant de points cette saison qu’Ewan et Wellens lors des deux dernières saisons réunies ! Actuellement, le dernier vainqueur de la Johan Musseuw Classic est à la 16ᵉ place du classement UCI individuel, soit devant des pointures comme Jakobsen, Phillipsen ou Pedersen. Cela vous place le niveau du garçon, qu’on a vraiment hâte de voir face aux meilleurs sprinteurs du monde sur des courses relevées.

Alors certes, certains diront qu’il est regrettable de voir la Lotto-Soudal aligner la pépite du sprint mondial sur des courses peu relevées, mais chacun possède sa stratégie pour tenter de sauver sa peau en fin de saison. La formation belge changera de sponsor la saison prochaine et une relégation en Pro Series pourrait mettre à mal les finances de l’équipe. A vue d’œil, il reste au moins une dizaine de courses où Arnaud De Lie pourra mettre en avant ses qualités. Cela débute dès mercredi avec la Egmont Classic Race, une classique 1.1 disputée en Belgique. Ce qui est sûr en revanche, c’est que si Lotto-Soudal se maintient en fin de saison, elle pourra remercier son sprinteur, principal pourvoyeur des points UCI récoltés cette saison (sans oublier Campenaerts et Wellens).

Passionné de sport, notamment de rugby dans toutes ses variantes (XV, XIII et VII). Fan du RC Toulon et de l'Olympique de Marseille.

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