Tennis
Arthur Fils, Gabriel Debru et Diane Parry quittent la Fédération Française de Tennis
TENNIS – Trois jeunes Français, en la personne d’Arthur Fils, Gabriel Debru et Diane Parry, ont quitté quasiment simultanément le giron fédéral pour rejoindre différentes initiatives privées. Des départs qui sont le symbole d’une FFT qui ne semble plus représenter la voie royale pour les joueurs et joueuses de tennis tricolores.
La triple information a été divulguée ce week-end par nos confrères de L’Équipe : Arthur Fils, Gabriel Debru et Diane Parry ont quitté leurs entraîneurs de la FFT. Ils coupent par la même occasion leurs liens avec le giron fédéral français. Ces changements suivent la tendance des dernières années. Le parcours fédéral, autrefois légion et qui a formé quasiment tous les grands joueurs français, n’est plus vu comme la voie royale par les jeunes. Certains pensent avoir plus de chances de progresser en partant dans des structures privées. D’autant que ces dernières se multiplient, à l’image des académies qui regroupent déjà beaucoup de jeunes tricolores (Mouratoglou, All-In, French Touch…).
Debru et Parry en quête d’un nouveau départ, Fils veut aller encore plus haut
Cependant, les trois concernés sont dans des dynamiques différentes et n’ont donc pas fait ce choix pour les mêmes raisons. À commencer par Gabriel Debru, qui s’est séparé de l’entraîneur de la FFT Boris Vallejo, qui le coachait depuis Roland-Garros Juniors 2022, où il a triomphé. L’espoir du tennis français de 17 ans a vécu sa première année professionnelle complète. Et même s’il a gagné 300 places à l’ATP et eu des bons résultats en Challenger à Lyon ou Prague, il peut rester sur sa faim. Sa fin de saison est notamment décevante avec plusieurs éliminations au premier tour. Au-delà des résultats, il est possible que des désaccords avec son entraîneur aient poussé Debru à cette décision. D’autant plus que Boris Vallejo tenait aussi avec lui un rôle d’« éducateur » en dehors des courts, selon ses dires.
Gabriel Debru quitte la FFT et Boris Vallejo.
Après Arthur Fils, au tour de Gabriel, surpris du timing mais pas des annonces.
Le système fédéral a une (grosse) limite au bout d’un moment.
J’ai hâte de voir comment il va s’entourer mais j’ai confiance en lui. pic.twitter.com/Zg8dFnd8K3
— Romain 🎾🇫🇷 (@RomainNextGen) November 5, 2023
Quant à Diane Parry, ses résultats ont certainement été l’élément déclencheur. La Française de 21 ans s’est maintenue entre la 80ème et 110ème place toute la saison, sans jamais vraiment réussir à s’imposer sur le circuit principal. Elle a notamment vécu des tournées américaines et asiatiques catastrophiques dernièrement. Ce qui l’a conduite à un retour à l’échelon inférieur – en ITF – pour retrouver le chemin de la victoire. Cela n’était ni dans ses objectifs personnels, ni dans ceux fixés par la FFT. Selon les informations de L’Équipe, c’est d’ailleurs la Fédération qui lui a « demandé de s’organiser différemment. » Elle s’est donc séparée de son coach Loïc Courteau, qui la suivait depuis plusieurs années. Comme Debru, elle n’a pas annoncé sa nouvelle équipe.
En ce qui concerne Arthur Fils, le mieux classé des trois, la donne est différente. L’actuel n°36 mondial n’a pas quitté son coach Laurent Raymond pour une question de résultats, puisqu’il vient de vivre une saison tout bonnement exceptionnelle, lui qui n’était que 252ème mondial en janvier. Il a plutôt voulu s’entourer d’un staff plus solide. Celui-ci contiendra deux entraîneurs (Sébastien Grosjean et Sergi Bruguera, anciens coachs de Richard Gasquet), ainsi qu’un préparateur physique (Fabien Cosmao). Sur ses réseaux sociaux, Fils a remercié « toutes les équipes de la Fédération qui m’ont accompagné jusque-là », et annoncé « le début d’une nouvelle ère. » Les exigences du très haut niveau où il se trouve aujourd’hui nécessitent le meilleur staff possible. Ce changement prouve ainsi ses ambitions.
🚨 Arthur Fils prend ses responsabilités et crée sa team. Laurent Raymond est remplacé dès cette semaine par Sébastien Grosjean qui n’est plus du coup capitaine de l’équipe de 🇫🇷 de coupe Davis. Sergi Bruguera est intégré aussi avec Fabien Cosmao qui travaillait chez Mouratoglou. pic.twitter.com/yGtCrbWDtU
— Benoit Maylin (@BenoitMaylin) October 23, 2023
Des initiatives privées face aux limites du système fédéral
Même si les changements de coach sont habituels en fin de saison, ces trois-là sont révélateurs, car ce sont des jeunes joueurs. Ils sont le symbole de cette nouvelle génération qui veut expérimenter des parcours différents de celui qui n’a pas produit de grands champions depuis des années. La FFT subit de plein fouet la concurrence des académies et leurs coachs privés, en plein développement. Ces derniers tentent pourtant de collaborer avec la Fédération depuis des années, sans succès. « Entre le monde fédéral et les structures privées, il y a une espèce de barrière psychologique […] Ça serait enrichissant et constructif, qu’il puisse y avoir des passerelles… Je pense que ça rendrait l’ensemble plus fort », déclarait le cofondateur de la French Touch Academy à L’Équipe.
Actuellement, la Fédération est dans une période de flottement que les départs de Fils, Debru et Parry ne viennent qu’accentuer. Les élections pour le capitaine de la Coupe Davis, la restructuration des fonctions à la DTN, et les négociations acharnées concernant le site du Masters 1000 de Paris-Bercy causent des mouvements majeurs au sein de l’institution. Tout cela prend du retard et devrait occuper la FFT dans les prochaines semaines. Mais une fois ces échéances passées, la FFT devra s’adapter à cette fuite des talents qui met en exergue les limites du système fédéral. Certains, comme Christophe Bernelle, ex-responsable du pôle mental à la Fédération, appellent à des grands changements. L’avenir nous dira ce qu’il en est.