Athlétisme
Athlétisme JO 2024 : Les Bleus partaient de trop loin à Paris
ATHLÉTISME JO 2024 – On fait le bilan des Bleus après les JO. Un bilan forcément plus que contrasté. Il y a quelques signes positifs, mais le rendez-vous parisien a été quand même manqué.
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L’échec Tokyo 2020 et le virage manqué à Eugene
Replongeons-nous trois ans en arrière. À Tokyo. Kevin Mayer est le seul Français médaillé. En décrochant une médaille d’argent, le décathlète remporte sa première médaille depuis 2017 et sauve le bilan français au Japon. Surtout, ce qui frappe alors, c’est la pauvreté française parmi les finalistes. En plus de Mayer, seuls sept Tricolores se sont hissés parmi le Top 8 aux JO. Gabriel Tual, prend la 7e place du 800 m, Pascal Martinot-Largarde et Aurel Manga sont 5e et 8e du 110 m haies, Renaud Lavillenie est 8e à la perche, Quentin Bigot est 5e du marteau, le 4×100 m féminin est 7e et Alexandra Tavernier 4e au marteau. Et c’est tout. Des finalistes qui se comptent sur les doigts de deux mains et une seule quatrième place. Et le sentiment d’une fin d’une génération dorée qui a brillé dans les années 2010.
Place au renouvellement. Du moins le croit-on. Mais, pour cette année 2022, marquée par des Mondiaux et des championnats d’Europe la même année, la FFA décide d’envoyer que des finalistes potentiels aux USA. Des athlètes qui étaient éligibles au ranking ne concourent pas. Une expérience face à la crème de la crème qui ne se fera pas. Et une stratégie ratée. Une seule médaille, Kevin Mayer et une 14e place à la placing table, avec quatre petits points de plus qu’à Tokyo (32). Et les championnats d’Europe, même s’ils révèlent certaines têtes, ne sont que des championnats d’Europe de fin de saison. La France n’y décrochera aucun titre. Mais certains ont vécu leur première expérience.
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Un bilan qui s’améliore d’année en année, mais trop doucement
Malheureusement, malgré une densification de l’athlétisme français, marquée par de nombreux athlètes qui ont fait les minima olympiques et des espoirs nés d’un très bon championnat d’Europe, Paris 2024 ne sera pas bon. Une seule médaille d’argent pour Cyréna Samba-Mayela et quelques échecs, comme Thibaut Collet, Auriana Lazraq-Klass, Makenson Gletty, Gabriel Tual (même s’il est tombé sur une course historique). Mais on a demandé, comme l’a justement souligné Renaud Lavillenie, pour l’Équipe, à des athlètes non médaillés sur la scène mondiale de porter les espoirs de l’athlétisme. On peut aussi souligner que 12 records personnels ou collectifs ont été battus, un bilan un peu moins bon qu’à Rome, deux mois plus tôt. On a eu le sentiment que certains étaient arrivés totalement cramés à Paris.
Néanmoins, Paris a permis de voir des nouvelles têtes parmi les finalistes. Louise Maraval, Clément Ducos… Et Cyréna Samba-Mayela ont disputé leur première finale au niveau mondial. Cette dernière était cependant double médaillée mondiale en salle. On peut saluer la bonne santé des relais avec un 5/5. Ce qui amène la France à 38 points à la Placing Table en 12e place. En perdant certainement 8 points avec la disqualification du relais 4×400 m mixte et le fait de course sur le 4×400 m mixte. Mine de rien, 46 points officieux, c’est 20 points de mieux que Tokyo 2020 et 18 points de mieux que Budapest l’an passé. Mais pas d’athlètes capables d’inverser le cours des choses. Cela aurait pu basculer pour Alice Finot et son record d’Europe du 3000 m steeple. Comme pour le relais 4×100 m femmes. Les deux sont 4e.
Les hommes sont passés à côté
Il faut le dire aussi, il y a eu des grosses déceptions dans ces JO, côté athlé. Et beaucoup proviennent de l’équipe masculine. Thibaut Collet, annoncé comme un candidat au Top 5 a minima, ne passe pas le cap des qualifications. Makenson Gletty, médaillé à Rome aux championnats d’Europe, est passé à côté de sa compétition. Aucun hurdleur ne s’est hissé en finale du 110 m haies, alors que les Bleues en avaient deux l’an passé à Budapest. Difficile de reprocher quoi que ce soit au relais 4×400 m hommes dont même le record de France de Budapest n’aurait pas suffi pour monter sur la boite aux JO. Comme pour Gabriel Tual, qui n’a pas pu saisir sa chance dans la plus grande finale du 800 m de l’histoire.
On pense aussi à Kevin Mayer, blessé avant les JO et dont on s’aperçoit que le podium était loin d’être utopique. On pense à Just Kwaou-Mathey, médaillé mondial en salle et qui était peut-être la meilleure carte des Bleus sur 110 m haies, mais qui s’est blessé gravement. Et la surprise Clément Ducos, 4e du 400 m haies, ne suffit pas à masquer la contre-performance globale des hommes. Qui, pour la première fois depuis 2000, l’année du 0 pointé des Bleus aux JO, ne ramènent pas de médaille au plus haut niveau mondial. C’est une vraie contre-performance. La fin d’une ère qui marque le déclin de grands champions comme Kevin Mayer, Pascal Martinot-Lagarde, Quentin Bigot ou Renaud Lavillenie.
Des femmes qui progressent
À l’inverse, on voit une réelle progression des femmes. Alice Finot, le relais 4×400 m femmes, Agathe Guillemot ont battu un record de France. Rénelle Lamote s’est approchée de son record personnel et Anaïs Bourgoin l’a battu en séries. Louise Maraval s’est hissée en finale, tandis que Marie-Julie Bonnin n’a pas démérité à la perche. On peut souligner la présence historique de trois marcheuses sur le 20 kilomètres marche, dont une 15e place de Clémence Beretta. Hormis Alice Finot (33 ans) et Rénelle Lamote (30 ans), elles ont toutes 25 ans ou moins. À l’image d’une équipe de France qui est encore relativement jeune, comme sa médaillée, qui est née en 2000.
C’est porteur d’espoirs pour la suite. Mais, dans l’idéal, cela aurait été bien que cela décolle dès Paris devant un public nombreux. Et contribuer davantage à ce bilan global exceptionnel de 64 médailles. Car il ne faut pas se mentir, quand on va faire le bilan global, l’athlétisme sera le premier sport montré du doigt. Comme c’était déjà le cas avant même que les premières sessions ne débutent. Et, malheureusement, pas qu’à tort. Le rêve est fini, il n’y aura pas ces trois-quatre médailles qui font du bien. Place aux dernières Diamond League, sur YouTube en anglais. Place aux meetings français sur Athlé TV. Car on n’oubliera pas que le sport olympique numéro 1 ne passe jamais à la télé en France. Et ce n’est peut-être pas un hasard, si la performance n’est pas au rendez-vous.