Sports d'hiver
Courses de légende #1 : l’Elfstedentocht (Pays-Bas)
Notre série sur les courses de légende démarre aujourd’hui en terre batave, au pays de la glace et du patin. Le Tour des 11 Villes fascine par sa popularité, mais aussi par sa rareté. Explications.
De tout temps, les hivers se sont montrés rigoureux du côté des Pays-Bas. Gros manteaux, soupes et grogs rythment les mois les plus froids.
Le patinage de vitesse : une tradition ancrée aux Pays-Bas
L’hiver venu, il fallait ainsi penser à se déplacer de manière aisée et peu onéreuse et l’apparition des patins à glace a vite été une évidence dans le pays.
Tout naturellement, l’absence de relief a conduit les habitants à se tourner vers d’autres sports hivernaux que le ski. Et en premier lieu vers le patinage de vitesse, véritable institution depuis des dizaines d’années, voire sport national.
Pour preuve, les Pays-Bas ont donné à la discipline quelques grands champions mutli-médaillés aux Jeux Olympiques, de Rintje Ritsma à Sven Kramer en passant par Ireen Wüst.
L’Elfstedentocht : 120 ans d’existence et 15 éditions
C’est donc assez naturellement que, dans ce contexte de forte culture populaire, l’idée d’une course d’ultra-endurance de patinage de vitesse naquit à la fin du XIXe siècle.
L’idée de base est restée la même aujourd’hui : relier 11 villes de la Frise (région batave) en patinant sur les canaux, rivières et lacs gelés. La course fait à peu près 200 km et s’élance de Leeuwarden pour y revenir.
La fascination pour cette épreuve folle vient d’abord du fait de sa rareté. Courue pour la première fois en 1909, elle n’a été courue que… 14 fois depuis. La raison est simple : il faut que les conditions climatiques soient extrêmement favorables. Autrement dit, une météo qui permettrait un gel total et puissant des plans d’eau, permettant le passage de milliers de patineurs.
C’est ainsi un véritable événement quand la course peut se tenir. Et cela s’accompagne souvent de conditions dantesques, comme en 1963, où les patineurs ont dû affronter une température de -18 degrés et 20 cm de neige par endroit.
La dernière édition a eu lieu en 1997. L’Elfstedentocht est en ce sens également un témoin du réchauffement climatique. Il est possible que la course n’ait plus jamais lieu au grand dam des populations locales.
Une effervescence inouïe
Il faut dire qu’en 1997, ce sont pas moins de 15 000 patineurs qui s’étaient réunis pour participer à la course. Sans compter le nombre de curieux ayant fait le déplacement simplement pour suivre les compétiteurs et s’imprégner de l’événement.
Evert Van Benthem, Auke Adema, Henk Angenent : autant de noms qui nous sont inconnus, mais qui sont de véritables stars aux Pays-Bas. Ils ont juste inscrit leur nom au palmarès de l’épreuve.
Une médaille prestigieuse est remise aux finishers et son port autorisé sur les uniformes de l’armée néerlandaise.
Une éventuelle prochaine édition est donc attendue par tout un peuple. Suite à une malchance terrible, une possibilité s’offrait à l’organisation en 2021 en pleine pandémie Covid. Malgré une forte pression populaire, l’épreuve n’avait pu être disputée. Cela sonnait peut-être comme une dernière chance. Et ajoutait encore au mythe que constitue l’Elfstedentocht.