Portraits
Enzo Lefort, fier d’avoir décroché une médaille pour mon pays

Nous avons rencontré Enzo Lefort, escrimeur médaillé d’argent par équipes aux Jeux Olympiques de Rio, qui vise le titre mondial ce dimanche aux championnats du monde.
Enzo, peux-tu te présenter à nos lecteurs en quelques mots ?
Je m’appelle Enzo LEFORT j’ai 25 ans et je pratique l’escrime depuis l’âge de 5 ans. J’ai commencé l’escrime en Guadeloupe, puis à 16 ans, je suis arrivé en métropole pour intégrer le CREPS de Chatenay Malabry durant 2 ans, puis le CREPS de Wattignies durant 1 an pour finalement intégrer l’INSEP en 2010. En parallèle je suis des études de kinésithérapie, et suis actuellement en dernière année.
L’escrime n’est pas forcément le sport le plus prisé par les jeunes, quels conseils donnerais-tu à un enfant qui cherche sa voie et qui se déciderait à se diriger vers ton sport ?
L’escrime est un sport super ludique dans lequel le but principal est de piéger son adversaire. La notion de jeu est primordiale, et c’est ce que j’adore dans mon sport. D’autant plus que ce n’est absolument pas répétitifs. En effet, on aura beau répéter la même action 10000 fois, en fonction de la réaction de l’adversaire, le geste effectué ne sera jamais rigoureusement identique.
Qu’est-ce qui t’a amené vers l’escrime ?
C’est en voyant Laura Flessel remporter les jeux en 1996 à Atlanta que j’ai eu envie de me mettre a l’escrime.
L’escrime fait un peu les montagnes russes dans ses performances olympiques, comment l’expliques-tu ?
Pas d’accord. L’escrime a eu un bide a Londres, avec 0 médaille, mais a Rio elle s’est bien reprise. Cependant il est vrai de noter qu’il y a une augmentation du nombre de nations pratiquant l’escrime, et donc le niveau général devient plus dense ! Ce qui rend les compétitions plus serrées. Il y a une quinzaine d’années, l’Europe dominait de la tête et des épaules ce sport (Italie, France , Allemagne). Aujourd’hui ce n’est plus vrai.
C’est un sport qui forme beaucoup de grands champions français originaires des Antilles, existe-t-il des structures de formation particulière là-bas ?
Non, il n’y a pas de structures particulières. Personne ne saurait expliquer l’origine du succès des ultra-marins dans ce sport. Hormis, que nous bénéficions de très bons maître d’armes.
Quels sont tes objectifs aux championnats du monde ?
Comme à chaque fois que je me présente sur une compétition : La GAGNE.
Tu es jeune mais tu commences à avoir un palmarès fourni, on imagine que tu veux faire encore mieux à Tokyo que la médaille d’argent à Rio, c’est ça qui te fait rêver maintenant ?
J’ai certes un palmarès qui commence a s’étoffer, mais il me manque quelques médailles en individuel, et je sais que j’ai encore une marge de progression. C’est cela qui me motive le plus !
Cette médaille d’argent, comment l’as-tu vécu ? Est-ce une déception que tu as eu du mal à digérer ou une grande fierté d’avoir fait partie de cette équipe de France ?
Pour ma part, gagner une médaille olympique est un rêve de gosse ! Donc je suis très fier d’avoir pu décrocher cette médaille pour mon pays !
Tu pratiques le fleuret, peux-tu expliquer aux novices la particularité de cette arme ?
Le fleuret est une arme d’estoc (on ne peut toucher qu’avec la pointe). La surface à toucher est la cuirasse électrique grise que nous portons par dessus la veste blanche. Le fleuret est une arme de convention, ce qui sous-entend que ce n’est pas le premier qui touche qui a raison, contrairement a l’épée. La priorité est donnée a l’attaquant, et c’est l’arbitre qui tranche en faveur de qui va le point.
Comment en vient-on à choisir une arme, plutôt qu’une autre ? Comment cela s’est passé pour toi ?
Historiquement le fleuret est l’arme d’initiation. On commence par le fleuret. Pour ma part j’ai aussi pratiqué l’épée durant 5 ans. Mais mon arme de prédilection a toujours été le fleuret. Les assauts au sabre sont plus brefs, et ceux a l’épée plus long. Le fleuret correspond plus à mon tempérament, car je suis impatient, mais j’aime bien poser quelques pièges à mon adversaire sur la piste chose qui est plus difficilement réalisable avec les autres armes !
Quelle place ont les réseaux sociaux dans ta vie de sportif ?
Etant un sport amateur, nous ne gagnons pas énormément d’argent directement lié à notre pratique sportive. Les réseaux sociaux constituent un bon moyen d’attirer des partenaires afin de nous soutenir durant notre carrière. Ils constituent une interface simple et efficace pour interagir avec le public et les gens qui s’intéressent à notre parcours !
Si tu pouvais passer 30 minutes avec un sportif que tu admires, quel serait-il ?
Ça serait avec Ryan Giggs, une légende du club que je supporte (Manchester United). Un très grand champion, qui a su rester humble et qui véhicule, à mon sens, de bonnes valeurs.