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Florian Reynaud, un gestionnaire calorique

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PORTRAIT. Le culturiste vient d’être sacré champion du monde dans sa discipline samedi 25 novembre. En représentant la France au Championnat du monde WNBB, Florian Reynaud, 23 ans, rafle un nouveau titre dans sa catégorie (-75 kg) dans des épreuves où les produits dopants sont interdits. Nous l’avions rencontré un mois et demi avant la compétition.

Florian Reynaud sur le podium lors des championnat du monde du WNBB à La Teste-de-Buch, en Gironde, le 25 novembre 2017

Tout commence par une photo. Plusieurs compétiteurs en Coupe de France tapent la pose et le numéro 10 semble avoir la musculature la plus détaillée. C’est Florian Reynaud, 23 ans. Il finira champion dans cette épreuve en catégorie Espoir (22-25 ans), le 20 mai dernier.

Contacté via sa page Facebook « FREYentraineur », le jeune coach accepte une rencontre. Tee-shirt moulant, le visage enfantin, il raconte son parcours avec la même rigueur que son mode de vie. Il commence la musculation à 18 ans, à une époque où, « il n’y avait pas encore un engouement pour cette discipline sur les réseaux sociaux ».

Il a toujours été sportif. Tennis, gym, judo, il préfère les activités individuelles où la notion de présentation de soi est importante. Il entame une licence en STAPS « J’adorais déjà l’anatomie, le fonctionnement du corps. Comprendre ses réactions par rapport aux hormones, aux nutriments. La façon dont les vitamines vont l’impacter… ».

Une alimentation sous contrôle

Florian dévoile, avec la pédagogie d’un coach, la face cachée de son activité. Dans six semaines, il participe aux prochains championnats mondiaux. Commence alors une des périodes les plus difficiles : la sèche. « À certains moments de la journée, je fais de l’hypoglycémie. Je tremble et j’ai la nausée ».

Tout ce qu’il mange est pesé au gramme près et enregistré sur une application dédiée. Son objectif est d’être en déficit calorique pour éliminer toutes les graisses de son corps. Une épreuve rude pour tous les culturistes, mais nécessaire pour avoir une peau tendue au maximum le jour de l’épreuve. « Deux semaines avant la compétition, je ne mange plus aucun sucre. C’est difficile, parce que je finis mes repas en ayant faim », détaille-t-il.

Il se prépare pour le rebond glucidique, méthode utilisée à haut-niveau par les sportifs. « La veille de l’épreuve, je mange du sucre. Après en avoir été autant privé, ton corps devient plus volumineux et plus performant. » À cette étape, il n’a pas bu d’eau depuis deux jours.

Une vie autour du corps et de sa gestion

Florian se satisfait à repousser à l’extrême les limites de son corps. Dans son esprit, les repas sont assimilables à leurs composants chimiques. Un chimiste de la nutrition ? Florian rétorque par une réponse scientifique. « Pour l’hydratation, il y a deux choses à prendre en compte, la gestion de sodium et du potassium ». Toutes ces notions, il les teste sur lui-même lors de ses quatre entrainements hebdomadaires. Ils sont quotidiens avant chaque compétition. 

Après sa victoire aux Championnats de France, en mai dernier, l’entreprise spécialiste des compléments alimentaires, Fitness Boutique le contacte et lui propose un CDI en tant que conseiller vendeur. « Si je n’avais pas remporté la compétition, je n’aurais pas été démarché. Là, j’ai pu évoluer professionnellement. C’est super gratifiant ». Cet emploi, il est heureux de l’avoir, car son patron considère son palmarès. Son planning est adapté à ses nouvelles quêtes. Il est sponsorisé et peut consommer gratuitement tous les compléments alimentaires qu’il souhaite.

Vie sociale impactée 

Avant, l’avenir était plus incertain. Les sacrifices non-remboursés. Certes, sa famille le soutient depuis le début, mais ce n’est pas forcément le cas de ses amis : « Au début, ils te proposent de sortir. Mais tu ne peux jamais aller au restaurant. En rentrant le soir, tu as seulement envie d’aller dormir. Ils finissent par arrêter de te contacter. »

Cet été, il a retrouvé de vieilles connaissances. « C’est important le lien social, on ne peut pas se priver de ça ». Continuer toute sa vie, il ne pense pas y parvenir. Mais en même temps, il n’exclut pas un jour de passer à un stade supérieur dans une catégorie où le dopage est autorisé. Il semblerait que le meilleur moyen d’arrêter le culturisme, c’est de ne jamais commencer.

Estelle Pereira

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