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Hockey sur glace

Hockey sur Glace – Betty Jouanny : « L’étiquette d’outsider contre la Suède nous va très bien »

Maxime Cazenave

Publié le

Photo Matt Zambinin/HHOF-IIHF Images

Si la sélection masculine vient de connaître un terrible traumatisme au TQO de Riga, le hockey sur glace français espère toujours rallier les Jeux Olympiques de Pékin par le biais de son équipe féminine. Engagée dans un TQO mi-novembre à Luleå en Suède, cette dernière tentera d’obtenir sa première qualification olympique. Membre incontournable de cette équipe depuis plus de dix ans, Betty Jouanny aura un rôle clé à jouer. En stage avec l’équipe de France la semaine dernière, la joueuse de 29 ans s’est exprimée sur cette échéance cruciale, mais également sur son changement de club et de championnat récent mettant un terme à un chapitre suédois brillant.

La semaine dernière a été importante pour l’équipe de France de hockey sur glace féminine. Alors que le TQO de Luleå se profile en novembre (du 11 au 14), les Bleues ont participé à leur dernier rassemblement de lundi à dimanche dernier du côté d’Albertville en affrontant notamment à trois reprises la solide équipe de Suède. Le bilan ? Une lourde défaite amère causée par un deuxième tiers raté (1-4), une victoire historique acquise grâce à un blanchisse de Caroline Baldin (1-0) puis une défaite rageante après avoir tenu 50 minutes (1-4). A cette occasion, l’attaquante Betty Jouanny a pris un peu de son temps vendredi dernier pour s’épancher sur différents sujets concernant son actualité, plutôt chargée entre son changement de club, et donc la préparation du TQO avec la France.

Tu viens de signer à Thoune en Suisse après huit saisons passées en Suède. Pourquoi ce choix ?

« Ça n’a pas été une décision facile à prendre. C’est un choix concernant ma sphère sociale, par rapport à mon boulot. Je suis plus en fin de carrière donc j’ai privilégié ce côté-là puisque j’ai un bon job qui se libère à Chamonix, là où j’habite. Du coup, j’ai signé à Thoune mais je vais m’entraîner avec les garçons de Chamonix du lundi au jeudi, et je vais à Thoune en fin de semaine pour jouer les matchs. Ce n’est pas comme en Suède où j’étais tout le temps avec l’équipe. Pour moi ça a été un choix très difficile puisque j’ai beaucoup d’accroches là-bas, et c’est le meilleur championnat européen. »

Est-ce que tu t’es renseignée auprès de certaines coéquipières en Bleu (Lara Escudero, Caroline Baldin) qui connaissent le championnat ?

« Je lui (Lara Escudero, ndlr) avais posé des questions sur le style de jeu parce que je ne connaissais pas. Il y a également Caroline Baldin qui joue dans le championnat depuis longtemps, mais à Zurich. Du coup je lui ai demandé comment ça jouait puisque c’est différent de la Suède. Je me suis renseignée sur ça afin de voir comment je pouvais appréhender la chose. Après ça a complètement changé depuis l’époque où Lara (Escudero) y a joué, il n’y a quasiment plus aucune des filles qui étaient là. »

Qu’est-ce que t’as apporté ce gros passage de huit ans en Suède ?

« Cette longue expérience en Suède m’a fait passer un palier énorme au niveau sportif. Quand je suis arrivée à 21 ans dans mon équipe à Brynäs, j’ai côtoyé des joueuses de l’équipe nationale de Suède. A cette époque-là, la sélection était dans le Top 5 mondial donc elles représentaient des modèles pour moi. Je me suis entraînée avec elles, et il y en a qui m’ont prises sous leur aile comme la gardienne internationale Sara Grahn. J’ai également eu une autre éthique de travail, même si j’en avais déjà une. Cela m’a été très bénéfique, et ça m’a permis de mûrir. Je suis partie à 21 ans dans un pays dont je ne parlais pas la langue, même s’il y a l’anglais, et au bout d’un an je l’ai apprise. En terme de hockey je ne regrette absolument rien. Les patinoires sont plus grandes, les structures sont excellentes, il y a un staff avec un chef du matériel par exemple, ce qui rend ce championnat plus professionnel que les autres. C’était la meilleure expérience de ma carrière. »

Est-ce qu’il y a des points moins positifs que tu as remarqué ?

« Il faudrait qu’il y ait des salaires au bout mais dans l’ensemble c’est dur de trouver des points négatifs. Ils font énormément de choses pour le hockey féminin en Suède, c’est impressionnant. Après ils ont aussi les joueuses, on ne peut pas comparer avec la France où il n’y a pas les joueuses pour faire un championnat comme ça. C’est un choix qu’il fallait faire, j’ai encore un petit pincement quand j’en parle ! »





Tu viens d’effectuer un dernier stage d’une semaine à Albertville avec l’Équipe de France avant de disputer le TQO en novembre. Quel a été le programme et les détails travaillés durant cette échéance importante ?

« On a commencé le lundi avec deux entraînements par jour d’une heure et demie, avant de disputer trois matchs contre la Suède du jeudi au samedi. La Suède est un de nos adversaires du TQO, sensée être la favorite. Il y aura d’autres matchs avant donc il faudra faire attention. C’est une bonne opportunité de se juger face à elles. On a perdu hier (défaite 4-1 jeudi dernier) mais je dirais que le score ne reflète pas forcément le match. Elles ont plus shooter que nous, mais on a eu un moment à vide durant le deuxième tiers qu’on paye cash. Ce qu’on travaille vraiment c’est l’impact physique. Sur des joueuses grandes comme les Suédoises c’est nécessaire pour couper leur vitesse. C’est ce qu’on travaille en ce moment pour corriger ça sur ce match.

Notre objectif est également d’avoir un impact mental sur elles pour les faire douter, et qu’elles sachent que ce ne sera pas une partie de plaisir au TQO. L’étiquette d’outsider nous va très bien donc quoi qu’il arrive on est dans notre plan. Les matchs importants que l’on doit gagner sont ceux de Luleå. Là ce sont des matchs d’entraînement donc bien sûr on se donne à 100 % mais on est là surtout pour peaufiner les réglages, travail défensif et offensif. L’ambiance est bonne et on est toutes motivées pour cette échéance. »

L’Equipe de France féminine n’a encore jamais disputé les Jeux Olympiques. Quel serait l’impact d’une première à Pékin selon toi ?

« La qualification pourrait avoir un impact énorme parce que l’on sait que les Jeux Olympiques sont médiatisés. Si on y va ce sera la première fois qu’on verra autant de hockey retransmis. Quand les enfants regardent la télévision ils peuvent se dire que ce sport est super, et demander à leurs parents d’essayer. Comme pour les enfants qui regardent le football, et se disent pourquoi pas taper dans un ballon, ils pourraient se demander pourquoi pas taper dans un palet avec une crosse. C’est sûr que ça aura un impact, ça peut aussi en avoir un pour la prochaine génération au niveau de l’équipe. Médiatiquement ça donnerait un gros coup de fouet. Même pour nous ce serait énorme. Il y a la moitié de l’équipe qui travaille ensemble depuis à peu près 2010 donc ce serait la récompense du travail. On a loupé les qualifications de 2010, 2014 et 2018 donc on espère que celle-ci sera la bonne. »

Journaliste/Rédacteur depuis 2012 - Bercé par l’amour des Girondins de Bordeaux, les échecs de Christophe Moreau sur le Tour de France sous l'ère Lance Armstrong et le fade-away létal de Dirk Nowitzki, ma passion dévorante pour le sport a toujours été un pan incontournable de ma vie. Transmettre ma passion à l’écrit a été une transition naturelle. Suiveur assidu de basket et de hockey sur glace, je garde toujours un peu de place pour suivre le cyclisme, le football et le maximum de performances françaises.

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