Portraits
Karim Laghouag, le titre olympique comme tremplin

Nous avons rencontré Karim Laghouag, champion olympique de concours complet par équipes à Rio en 2016, qui a déjà dans un coin de sa tête les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
Karim, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 41 ans, je suis né à Roubaix dans le Nord de la France et je suis cavalier de concours complet. C’est une discipline olympique qui peut être comparée à un triathlon équestre, avec ses trois épreuves distinctes ; un test de dressage réparti sur les 2 premiers jours, où on déroule une reprise composée de figures imposées notées par un jury. Le 3ème jour, c’est le cross: une épreuve très spectaculaire qui se court sur un parcours jonché d’obstacles naturels fixes en terrain varié. Le dernier jour a lieu l’inspection vétérinaire, partie intégrante de la compétition, car c’est elle qui juge la bonne récupération du cheval après le cross et qui détermine donc la poursuite –ou non- du concours. Enfin, on termine par le test de saut d’obstacles, un parcours traditionnel d’obstacles mobiles.
Comment as-tu commencé l’équitation ?
J’ai commencé à l’âge de 8 ans chez mon oncle qui a une écurie dans le Loiret. J’avais un problème de hanche petit qui m’a empêché de monter à cheval. Après 3 ans de patience, j’ai finalement eu le feu vert par mon médecin et j’ai pu enfin vivre ma passion.
Ton statut de champion olympique a-t-il changé des choses dans ta vie ?
Mon statut de champion olympique a évidemment changé des choses. C’est à la fois une consécration personnelle en tant que sportif de haut niveau mais aussi un atout professionnel qui m’a permis de collaborer avec de nouveaux partenaires et de développer de nouvelles activités comme le coaching ou le commerce des chevaux.
As-tu comme objectif les JO en 2020 ? Avec un cheval en particulier ?
J’espère en effet être sélectionné pour les Jeux olympiques de 2020 à Tokyo. Entebbe de Hus pourrait encore prétendre à une nouvelle olympiade, il aura alors 15 ans. Cependant je prépare aussi la relève. J’ai trois autres chevaux qui peuvent être performants les prochaines années.
Quels sont tes objectifs cette année ?
Ne m’étant pas qualifié pour les championnats d’Europe, je vais me concentrer sur l’Event Rider Master qui se déroule les 15 et 16 juillet à Jardy. C’est un concours labellisé trois étoiles que j’aimerai bien gagner. Ensuite pour la fin de la saison, j’aimerais concourir le trois étoiles au Haras du Pin le 15 août soit celui Blenheim en septembre. En saut d’obstacles, mon autre discipline, je vais continuer à disputer des épreuves à 1m50 avec cette volonté de toujours m’améliorer.
Peux-tu nous présenter tes chevaux de concours complet ?
– Entebbe de Hus, 12 ans : C’est un étalon hanovrien, un magnifique cheval noir pangaré. Il est très docile, c’est aussi un bon élève, qui est très performant en saut d’obstacles et en dressage.
– Punch de l’Esques : il est beaucoup plus fougueux et malicieux. c’est un cheval extrêmement rapide qui réalise très souvent des sans fautes en cross et saut d’obstacles. Le dressage est un peu plus délicat pour lui.
– Valériane du Saillan : c’est une jument de 8 ans qui m’a été confiée en début de saison. Elle a déjà remporté des 2 étoiles. Je me suis rapidement entendu avec elle.
– Astone Garette : il est âgé de 7 ans. Il débute sa carrière en concours complet et semble déjà très prometteur.
Comment sélectionnes-tu tes montures ? Comment mets-tu au point leur entraînement ?
On sélectionne avant tout des chevaux de selles ou des chevaux allemands croisés avec des courants de sang. Le but est d’avoir des chevaux qui ont de la locomotion, de la force, de la musculature, de l’endurance et aussi de la vitesse. Ensuite le travail est adapté à chaque cheval, on essaye d’améliorer les points faibles et de préserver les points forts.
Comment se compose ton entraînement personnel, physiquement et mentalement ?
J’ai un programme bien élaboré qui consiste à travailler, trois fois par semaine, un dispositif mis en place par mon préparateur, Guy Bessat. Je fais des échauffements, du gainage, un peu de course à pied, du vélo, des tractions et des pompes. Je pensais que la musculation n’était pas nécessaire car je ne tire pas sur les rênes mais Guy m’a expliqué que c’était une erreur car je perds en réactivité sur le haut du corps. Comme je compte bien monter à cheval encore quelques années, il est important d’avoir un corps en pleine capacité.
Pour le mental, je travaille avec Christian Nicolas, mon coach. Il m’aide à rectifier les petits détails qui m’inquiètent ou qui me déconcentrent.