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Volley-Ball

Mathis Henno : « La confiance en nous, c’est vraiment ce qui fait notre force »

Sébastien Gente

Publié le

Mathis Henno La confiance en nous, c'est vraiment ce qui fait notre force
Photo CEV

VOLLEYBALL FRANÇAIS – Champion du monde U19 en 2023, champion d’Europe U20 et U22 en 2024, Mathis Henno fait partie du futur du volleyball tricolore. Pour Dicodusport, il revient sur cette période dorée sans oublier de parler de l’avenir et de son probable futur club.

Bonjour Mathis, et félicitations, ça commence à faire beaucoup de médailles d’or. Comment s’est déroulé l’été avec les deux Euros disputés ?

On ne va pas se mentir, c’était assez long. Il y a d’abord eu le Championnat d’Europe U22, dont la préparation a commencé début juin, et elle était assez intense. L’objectif, c’était de gagner, bien évidemment, et on a réussi. Après, j’ai eu une semaine de repos avant de reprendre avec les U20. Ça commençait à être compliqué physiquement, mais c’est la vie, il faut s’accrocher (rires). On mérite la médaille en U20, on s’est fait du mal physiquement pour au final remporter deux médailles d’or, donc aucun regret !

Les deux compétitions ont offert deux scénarios totalement différents. Vous êtes allé « arracher » le titre chez les U22 alors qu’on a senti plus de maîtrise chez les U20…

C’est sûr ! Chez les U22, on a presque fini la compétition d’entrée en perdant le premier match, mais on arrive à battre les Italiens pour passer en demies, puis en finale, puis les battre à nouveau. En U20, c’était un peu plus « tranquille ». On sentait qu’on était tellement relâchés que rien ne pouvait nous arriver.

Cette finale des U22 était incroyable. Comment vous avez réussi à rebondir après être passés si proches de la victoire, puis de la défaite ?

Au quatrième set, on a eu quatre balles de match, on a continué à attaquer, mais on n’arrivait plus à faire le point, c’était vraiment très frustrant. Au final, on perd le set, et on a réellement pris un gros coup, on était à deux doigts de gagner la compétition. On se retrouve au tie-break, on mène 14-12 et là on se fait remonter, on est menés 15-14, et ça ne sentait vraiment pas bon. Au final, on a sauvé trois ou quatre balles de match avant de conclure, une vraie délivrance !

Dans ce cas de figure, le sélectionneur réussit à trouver des ressorts mentaux avec une équipe aussi jeune ?

On n’a pas réellement ressenti de pression du côté des entraîneurs, donc ça nous a vraiment aidés à rester sereins et à y croire. Je pense que ça a été vraiment la clé de cette victoire.



Tu n’es pas le seul à avoir fait le doublé U22 – U20, et la plupart étaient déjà champions du monde U19 l’été dernier. Qu’est-ce que cette génération a en plus ?

Cette génération est vraiment particulière. Quand on était en U17, on n’a même pas réussi à se qualifier pour les Championnats d’Europe. L’année suivante, chez les U18, on a été la toute dernière équipe à se qualifier pour l’Euro, et au final, on a terminé deuxièmes ! On a alors vraiment commencé à prendre confiance, à se dire que cette équipe avait du potentiel. Donc, on a fait une grosse préparation pour les Championnats du monde U19 l’été dernier, et on est allés chercher la médaille d’or.

Et cette médaille, elle voulait tout dire. On avait le potentiel pour être la meilleure équipe, on l’a fait. Et grâce à ça, je pense que les équipes U20 nous redoutaient. On avait une telle sérénité que même si on était menés de 3 – 4 points, on revenait toujours au score. La confiance en nous, c’est vraiment ce qui fait notre force.



Lors des Mondiaux U19 l’an dernier (en Argentine, NDLR), vous avez vraiment eu le sentiment d’écrire l’histoire ?

Je crois que rien qu’une finale en Championnats du monde, ce n’était jamais arrivé pour le volley français. Le fait d’arriver en finale, on s’était dit que c’était quelque chose d’énorme. Quand on a vu la demie qu’on a fait, on s’est dit qu’on avait les capacités de gagner la compétition, il nous restait un seul match. Après avoir fait une si longue préparation, on ne pouvait pas passer à côté. On a déroulé, on a perdu un set, mais au final, la compétition était parfaite.

Bientôt la reprise en club ? Toujours à Nantes-Rezé ?

Non, malheureusement. Le club a déposé le bilan. Il avait de grosses dettes, et le président voulait partir et laisser la place à un successeur. Sauf qu’il lui a menti sur la taille des dettes, et le successeur a donc refusé de venir. Du coup, personne n’a comblé ces dettes, et la Ligue Nationale de Volley a refusé l’engagement du club en Ligue A.

Alors que vous avez gagné la Coupe de France cette année…

Oui, c’était un club qui commençait à monter, à évoluer, et pourtant… les dirigeants n’ont pas su le traiter comme il le fallait.

Du coup, où est-ce que tu vas jouer ?

Je me dirige vers Chaumont, c’est un bon club, je suis content. J’espère jouer le plus possible. Je vais découvrir la Ligue des Champions, on espère passer les poules. Ce sera compliqué avec surtout Jastrzębski, l’équipe de Benjamin Toniutti, Luneburg et Sofia, mais la deuxième place de poule pour aller en barrages est possible.

Officiellement, je n’ai pas encore rejoint le club. Ce n’était pas encore totalement bouclé, notamment à cause des histoires autour de Nantes-Rezé, mais cela devrait être officialisé d’ici à une semaine.

Tu as déjà un plan de carrière en club ?

Non, je vis au jour le jour, je vais faire ma saison, et on verra les propositions ensuite. Le but serait quand même d’aller à l’étranger pour jouer dans un meilleur championnat. Mais la France reste tout de même un bon championnat, surtout pour quelqu’un comme moi qui ait besoin de temps de jeu. C’était essentiel de faire encore au moins une saison en France pour moi, et peut-être ensuite partir à l’étranger.

En ce qui concerne Nantes-Rezé, tout le monde a réussi à retrouver un club ?

Oui, tous les joueurs ont réussi à rebondir ailleurs. Le seul qui n’ait pas réussi à rebondir, c’est l’entraîneur, mon père (Hubert Henno, ancien international français, NDLR). Mais je pense qu’il sera disponible pour reprendre un club en cours de saison si jamais un entraîneur se fait licencier.

À ce propos, tu n’en as pas marre qu’on te parle de ta filiation ?

Non pas vraiment, tout va bien à ce sujet, et en plus, j’ai vraiment passé une bonne saison avec mon père. Le volley, c’est un sport familial. Quasiment tous les joueurs de l’équipe de France sont issus d’une famille de volleyeurs. Ça m’a permis d’être immergé dès mon plus jeune âge, je pense que j’ai gagné de l’expérience grâce à ça.

Tu penses avoir une chance d’intégrer l’équipe de France séniors prochainement ?

C’est sans doute un peu tôt, mais l’année prochaine, il y a la Ligue des Nations et les Championnats du monde. L’objectif sera d’être appelé pour la Ligue des Nations, ce sera déjà très bien.

La génération actuelle qui est double championne olympique va être difficile à déloger. Mais tu penses qu’il y a de la place pour quelques-uns de votre génération, sachant qu’il y a déjà Joris Seddik ?

Je pense oui, d’autant que les joueurs à mon poste (réceptionneur – attaquant, NDLR) commencent à se faire vieux (rires). Je pense pouvoir rejoindre l’équipe de France si j’en ai les capacités.

Le titre olympique de 2021 a vraiment été ressenti comme le début de quelque chose de grand ?

C’est évident. Quand on les a vus champions olympiques, le volley français est devenu complètement autre chose. Grâce à cette génération, le monde du volley en France s’est vraiment développé. Nous, chez les jeunes, on s’est dit que l’or n’était pas impossible. Maintenant, dans les équipes de jeunes, on sait inconsciemment qu’on est capables de décrocher des titres. Grâce à notre génération, les U22, les U18 qui ont été sacrés aussi, les équipes de France auront des objectifs bien plus élevés qu’auparavant.

La fédération abonde dans ce sens ? Les discours ont changé ?

Totalement. Je me rappelle qu’en 2022, quand j’étais au Centre National du VolleyBall, on nous avait ramené la médaille olympique. Ça nous avait tous fait un truc, une médaille d’or olympique pour le volley français ! C’était inattendu, inespéré, et pourtant on l’avait en France. Ça nous a fait quelque chose chez les jeunes, on s’était dit que le volley avait tellement grandi en France que c’était à nous de prendre le relais et de faire le mieux possible pour imiter les grands.

Dans toutes les équipes de jeunes que tu as fréquenté, tu étais capitaine…

Je pense que j’ai toujours eu une certaine prestance sur le terrain. J’ai toujours été titulaire, et le rôle de capitaine est arrivé naturellement. Je pense avoir une certaine influence sur les joueurs, et à mon avis, le rôle de capitaine m’a été attribué pour ça. Ça ne me dérange absolument pas, et je pense pouvoir en aider certains, car je suis quelqu’un d’assez serein. Du coup, quand je dis quelque chose, les joueurs deviennent plus sereins, ils se mettent moins la pression. Le rôle d’un capitaine, c’est de faire que son effectif soit en bonne santé et que tout aille bien. Le titre de MVP du Mondial U19 a aidé en ce sens. J’ai gagné encore plus en confiance et en crédibilité par rapport à l’équipe !

John Stockton, Gianni Bugno, Zinedine Zidane, Steffi Graf, Frode Andresen, Stéphane Stoecklin, Davis Kamoga, Primoz Peterka, Werner Schlager et Aurélien Rougerie. Point commun entre ces sportifs? Ils m'ont fait rêver et ont bercé mon adolescence. Je suis un fondu de sports et j'essaie de retranscrire ma passion à travers mes articles. Originaire du Périgord, ma passion pour les Girondins, les Jaunards et les Jazzmen transpire dans mes écrits. À Dicodusport depuis 2021, je déniche les sports méconnus dans lesquels la France brille, et il y en a !

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