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Pro D2 – Colomiers : Joaquin De La Vega, le joyau d’Argentine

Louis Bouchardon

Publié le

Pro D2 - Colomiers Joaquin De La Vega, le joyau d'Argentine
Photo Icon Sport

PRO D2 2024/25 – Cet été, l’US Colomiers Rugby a vu arriver dans ses rangs le jeune et prometteur ouvreur argentin Joaquin De La Vega (25 ans) en provenance de la franchise des Pampas. En six mois, le nouveau demi d’ouverture de la Colombe s’est rapidement adapté à l’exigence de la Pro D2, tout en démontrant une large palette de qualités. Florian Nicot, l’entraîneur de la ligne arrière columérine, est revenu sur ce diamant brut qui ne cesse de monter en puissance. 

Qui est Joaquin De La Vega ? Non, ce n’est pas le pseudonyme d’un chanteur de Pop Latino, mais bien le nom du meilleur joueur du dernier Super Rugby Américas (championnat sud-américain), qui a débarqué cet été en Haute-Garonne, dans le club de l’US Colomiers. Après des débuts à l’Hindù Club dans la province de Buenos Aires, le jeune Argentin effectue un court passage par Atlanta (USA) dans la Major League Rugby en 2021 avant de revenir au pays parfaire sa progression chez les Pampas XV, une franchise argentine composée uniquement de joueurs locaux. 

Entre-temps, en 2019, Joaquin De La Vega participe au mondial U20 à domicile avec les babys Pumas. On se rappelle que les Bleuets, vainqueurs de cette édition, avaient été battus en phase de groupes par ces Argentins (26-47) et leur talentueuse génération (Gallo, Dimcheff, Pedemonte, Gonzalez Samso, Matteo Carreras ou encore Isgro pour ne citer qu’eux). De La Vega crève l’écran, mais son équipe échoue aux portes de la finale.

Éblouissant au sein de la ligue sud-américaine, l’ouvreur de 25 ans décide alors de tenter sa chance en France, afin de passer un nouveau palier dans sa carrière. Direction Colomiers, qui a eu le nez creux en mettant le grappin sur la jeune pépite argentine. « Notre chargé de recrutement, Yann Kergourlay, l’avait repéré et le suivait depuis un moment. On savait que l’on allait avoir besoin d’un joueur à ce poste-là, alors il est entré en contact avec Joaquin », rembobine Florian Nicot, l’entraîneur des trois-quarts de Colomiers depuis trois saisons.

« Dans notre effectif, nous avions déjà un Argentin, Pablo Dimcheff (talonneur), qui est de la même génération que Joaquin et qui le connaissait des sélections U20. On a été séduit par le profil du joueur, un 10 argentin typique qui a quelque chose de particulier. Sans être caricatural, ils ont un style différent de ce que l’on peut connaître en Europe et ça nous plaisait bien », précise l’ancien joueur de la Section Paloise et de Colomiers, où il a terminé sa carrière de joueur avant d’embrasser celle d’entraîneur.



« En plus, ces joueurs sont motivés pour venir en Europe, ils partent loin de leur famille, plein d’ambitions, donc ils arrivent ici avec l’envie de réussir. Leur Super Rugby Américas est dur, c’est agressif et très formateur. Il y a plein de bons joueurs dans ce championnat », complète Florian Nicot. Mais quel est donc ce style si particulier qui a tapé dans l’œil du staff de la Colombe ? Regardez jouer Joaquin De La Vega, si ce n’est pas déjà fait, et vous comprendrez rapidement. Le jeune ouvreur, surnommé « Juaco », dégage une certaine légèreté, avec des appuis félins et une allure élégante rappelant parfois la décontraction de son homologue argentin, Juan-Martin Hernandez, le magicien des Pumas des années 2010.



« Il s’est très vite intégré dans le groupe. C’est un super gars, toujours avec le sourire et la joie de vivre, on sent qu’il prend du plaisir ici. Il apprend le français en prenant des cours toutes les semaines et commence à se débrouiller. Même s’il ne parle pas encore parfaitement, il comprend plutôt bien », décrit l’ancien trois-quarts centre, qui a vite compris qu’il avait sous ses ordres un diamant brut à polir.

« Sur le terrain aussi, ça a fonctionné rapidement. On a tout de suite retrouvé, dès la pré-saison, les qualités que l’on avait repérées en lui. Il a très vite intégré le projet de jeu offensif que l’on a mis en place en montrant des choses intéressantes. » De La Vega s’est, en effet, vite acclimaté à la Pro D2 puisqu’il y brille sans tarder, enchaînant 11 titularisations en 15 journées avec Colomiers et terminant 5ᵉ meilleur réalisateur de la phase aller avec 115 points inscrits (10,5 points de moyenne par match).

Au-delà des statistiques, l’Argentin éclot aux yeux des suiveurs, en démontrant tout son talent match après match, comme le confirme Florian Nicot. « Jusqu’ici, il a été très régulier dans ses performances. Pour faire autant de feuilles de match, c’est qu’il est capable d’enchaîner sans se blesser. Si on devait le noter, il n’est jamais descendu en dessous de 12/20. Il nous a sorti de très bons matchs, on est pleinement satisfait. »

Le coach des arrières ne manque d’ailleurs pas de superlatif au moment de décrire sa nouvelle recrue : « C’est un bon joueur de rugby avec une assez large palette. Il nous a apporté ce que l’on attendait de lui. Il est à la fois capable de bien animer offensivement, d’attaquer la ligne, mais il a également un engagement défensif qui est irréprochable, surtout au vu de son gabarit (1,78 m, 77 kg). Et puis, il a l’esprit de compétition. Les Argentins ont souvent ce que l’on peut appeler la grinta. Il ne lâche jamais rien. S’il a un petit bobo, il ne va pas vouloir sortir du terrain, que ce soit à l’entraînement ou en match. » 

Joaquin De La Vega, c’est du miel. C’est un jeu instinctif, rythmé par une aisance technique affolante. Un aspect que Florian Nicot ne manque d’ailleurs pas d’évoquer : « Il sait aussi sortir du cadre en prenant des initiatives, en tentant des passes un peu spectaculaires ou en jouant au pied au bon moment. Il a une intelligence tactique, une vision du jeu qui est très bonne. Il colle parfaitement à l’identité que l’on souhaite donner au club. C’est-à-dire jouer debout, faire vivre le ballon et être très offensif. 

Notre projet de jeu lui correspondait bien. Il a de la liberté pour pouvoir travailler avec de la profondeur, pour prendre les espaces, attaquer la ligne et faire jouer autour de lui. J’essaye surtout de faire en sorte que la ligne de trois-quarts dans sa globalité joue bien tous ensemble, c’est le plus important. » 

Car un bon chef d’orchestre ne serait pas grand-chose sans de bons musiciens, et cela tombe bien, puisque la formation de Colomiers pullule de talents. De La Vega semble parfaitement imbriqué dans un collectif au sein duquel il peut délivrer des caviars pour ses compères de la ligne arrière : Rodrigo Marta, Vincent Pinto, Ugo Pacome, Raymond Nu’u, Valentin Saurs ou encore Anzelo Tuitavuki se régalent des espaces ouverts par l’Argentin.

Au milieu de ces innombrables qualités, Florian Nicot trouve tout de même quelques axes d’amélioration : « Il a une bonne qualité de jeu au pied, mais j’estime qu’il peut encore mieux faire sur ce point. Que ce soit dans le jeu courant ou face aux perches, je pense qu’il a une marge de progression là-dessus, même si ça reste correct. Ensuite, il doit mieux apprendre à gérer les dynamiques, les temps forts et les temps faibles, la gestion du Momentum. C’est de la responsabilité de la charnière de gérer cette pression au pied. Voilà les deux axes majeurs de progression pour la seconde partie de saison », résume le coach de 38 ans.

Et quand on demande au jeune technicien si Juaco pourrait évoluer plus haut à l’avenir, ce dernier semble plutôt convaincu : « En-tout-cas, il a le caractère, l’ambition, le travail, la qualité technique, l’engagement et l’état d’esprit qu’il faut. Ça fait beaucoup de qualités pour y arriver, maintenant l’avenir est entre ses mains. Il faut désormais qu’il soit régulier sur une saison entière. Il est encore sous contrat chez nous l’année prochaine, donc on verra comment s’écrit la suite. »

Colomiers et De La Vega est un mariage parfait, un tremplin idéal pour le 10 de Buenos Aires. Colo aurait-il enfoncé sa pioche sur une mine d’or en Argentine ? Voilà qui pourrait donner des idées aux prospects de Pro D2 et Top 14, qui ont, à n’en pas douter, déjà un regard attentif sur le continent sud-américain. En attendant, Joaquin De La Vega a enchaîné ce vendredi soir une 12ᵉ titularisation avec son équipe sur le terrain de Valence-Romans, et ses performances seront de plus en plus scrutées, tant il fait du bien à sa nouvelle formation.

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