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Tennis : Giovanni Mpetshi Perricard, l’ascension d’un géant
TENNIS FRANÇAIS – Après 1h54 de jeu, un dernier coup droit resté dans la bande du filet mettait fin à son aventure au Rolex Paris Masters. Giovanni Mpetshi Perricard, 21 ans, était battu au second tour du Masters 1000 parisien par Karen Khachanov. Le point final d’un paragraphe qu’il aurait aimé prolonger de quelques lignes, parachevant un chapitre 2024 plus réussi qu’il ne l’aurait imaginé.
Comme celle de la plupart des joueurs de tennis, sa saison 2024 avait débuté en Australie. Pointé au 205erang mondial, Giovanni Mpetshi Perricard prenait part aux qualifications de l’Open d’Australie. Le premier tournoi majeur de l’année. Le natif de Lyon réalisait une entrée en matière pleine de promesse en éliminant la tête de série n°3 Tomás Barrios Vera dès le premier tour, en deux petits sets (6-3, 7-6). Vainqueur du Suisse Marc-Andrea Huesler au second tour, une défaite face à son compatriote Hugo Grenier dans le super tie-break du dernier set le privait d’une place dans le tableau final. Sa seconde participation à un tournoi du Grand Chelem, après son invitation reçue en 2023 pour participer aux Internationaux de France de tennis, attendra.
Trois succès en Challenger pour débuter l’année
Loin des projecteurs et de l’agitation médiatique que provoque la première levée du Grand Chelem et les Masters 1000 qui s’en suivent, Giovanni Mpetshi Perricard poursuivait son apprentissage sur le circuit Challenger. Éliminé dès son entrée en lice des tournois de Quimper et de Koblenz en Allemagne, il remportait en février son premier tournoi de la saison à Nottingham, en ne concédant qu’un seul set en cinq matchs et en remportant les cinq tie-break qu’il eût à disputer.
En mars, il partait en direction du Mexique pour y disputer quatre tournois Challenger de suite. Sur terre battue, Giovanni Mpetshi Perricard cédait aux portes de la finale du tournoi de San Luis Potosi, puis était éliminé dès le second tour du Challenger de Mexico. De retour sur dur, le géant de 2,03 mètres s’imposait à Morelos et confirmait dès la semaine suivante à Acapulco, en enchaînant deux titres consécutifs. La puissance de son service restait son arme la plus redoutable, mais Giovanni Mpetshi Perricard avait montré durant ces deux semaines de solides progrès dans l’échange, capable de contrer ses adversaires et faire la différence lorsque l’occasion se présentait. À 20 ans, il se rapprochait déjà d’une place dans le Top 100 mondial.
Un premier titre sur le circuit principal, devant son public
Cette promesse, Giovanni Mpetshi Perricard en faisait une réalité en brillant à domicile sur la terre battue lyonnaise. Le dernier tournoi précédent les Internationaux de France de tennis, l’occasion pour quelques joueurs en manque de repères sur terre battue de peaufiner les ultimes réglages avant le second Grand Chelem de l’année.
Éliminé au premier tour des qualifications du Masters 1000 de Rome, puis quart de finaliste au Challenger de Bordeaux disputé sur cette même terre ocre, Giovanni Mpetshi Perricard semblait montrer quelques difficultés à dompter cette surface si particulière, dont sa lenteur n’avantage pas son lourd service. Il nous a bien fait mentir.
À Lyon, « GMP » maîtrisait Lorenzo Sonego au premier tour (6-3, 6-4), puis profitait du forfait de Yoshihito Nishioka pour se qualifier en quart et retrouver son compatriote Hugo Gaston qu’il dominait en trois sets (6-4, 4-6, 6-4). Classé à la 117e place mondiale à l’entame de cette semaine, sa place dans le Top 100 était désormais assurée.
Mais Giovanni Mpetshi Perricard ne comptait pas s’arrêter là. Poussé par son public, il se chargeait d’éliminer la tête de série n°2 Alexander Bublik et célébrait, ainsi, son entrée parmi les cent meilleurs joueurs mondiaux par une première victoire face à un membre du top 20. Sur cette bonne lancée, il enchaînait par une victoire face à l’Argentin Tomás Martín Etcheverry en finale. Un spécialiste de la terre battue, quart de finaliste à Roland-Garros en 2023, qu’il achevait d’un dernier smash dans le tie-break décisif avant de se laisser tomber sur l’ocre marquée de son empreinte.
Un an après l’avènement d’Arthur Fils, les spectateurs du parc de la tête d’or découvraient une nouvelle figure de la relève tricolore, qui dès lors pointerait parmi les soixante-dix meilleurs joueurs mondiaux.
D’une terre battue à l’autre, de la capitale de la gastronomie à celle de la France, il n’y avait qu’un pas. Quelques jours après ce premier titre sur le circuit professionnel, Giovanni Mpetshi Perricard débarquait à Roland-Garros avec cette étiquette de jeune pépite que les spectateurs français veulent voir briller, attendant inexorablement le successeur de Yannick Noah. Les jambes encore lourdes de sa longue semaine de rêve vécue à Lyon, le Français de 20 ans était confronté, dès son entrée en lice, à David Goffin. Un ancien membre du Top 10, désormais redescendu au-delà de la 100e place mondiale. Sur le court n°14, les deux protagonistes se livraient bataille durant trois heures et demie, sous la clameur d’un public acquis à la cause du jeune tricolore, flirtant parfois avec l’irrespect envers le joueur belge. À l’expérience, ce dernier trouvait les ressources pour conclure le match d’un revers longue ligne dans le cinquième et dernier set. Émoussé physiquement, Giovanni Mpetshi Perricard quittait déjà les courts de la Porte d’Auteuil, la tête tournée vers la saison sur herbe qui se profilait.
À Londres, l’heure des grandes premières
Une surface qu’il connaissait à peine, lui qui n’avait disputé qu’un simple tournoi sur herbe l’an dernier. Sorti des qualifications du tournoi de Stuttgart, Giovanni Mpetshi Perricard était éliminé dès le premier tour par Lorenzo Musetti avant de signer, au Queen’s, la plus belle victoire de sa carrière. Au premier tour du tournoi londonien, il s’offrait le scalp du n°14 mondial Ben Shelton en deux sets (6-3, 7-6). Comme à son habitude, le natif de Lyon s’appuyait sur la puissance de son service pour claquer seize aces et ne concéder que quatre points sur sa mise en jeu sur l’ensemble de la partie. Au tour suivant, « GMP » se faisait surprendre par le Britannique Billy Harris, invité du tournoi.
Son séjour dans la capitale britannique se poursuivait avec les qualifications au tournoi de Wimbledon. Auréolé du statut de tête de série n°1, Giovanni Mpetshi Perricard passait les deux premiers tours sans encombre avant de s’incliner, comme à l’Open d’Australie, aux portes du tableau principal, battu cette fois-ci par son compatriote Maxime Janvier.
Mais cette fois-ci, la chance lui sourit. Comme un cadeau d’anniversaire à quelques jours de ses 21 ans, le joueur tricolore profitait du forfait d’Alexander Davidovich Fokina pour intégrer le tournoi. Un heureux statut de lucky loser qui le plaçait sur la route d’une tête de série dès le premier tour. Opposé à Sebastian Korda,Giovanni Mpetshi Perricard livrait un combat titanesque. Un duel de serveur qui, lors des quatre premiers sets, se terminait au tie-break. Dans l’ultime manche, Giovanni Mpetshi Perricard réalisait le premier et unique break de la rencontre. Suffisant pour l’emporter 6-3 et s’offrir, après 5 h 45 de jeu et 51 aces réalisés, une première victoire en Grand Chelem.
Son second tour était cinq fois plus expéditif. Toujours impressionnant au service, il dominait en à peine plus d’une heure de jeu le Japonais Yoshihito Nishioka (6-4, 6-1, 6-2) et ralliait sans encombre le troisième tour. Opposé au Finlandais Emil Ruusuvuori, il lui fallait cette fois-ci un set de plus (4-6, 6-2, 7-6, 6-4) pour conclure cette belle semaine et atteindre les huitièmes de finale de Wimbledon. Lui qui, quelques jours plus tôt, n’avait pas encore remporté le moindre match en Grand Chelem, vaincu par Maxime Janvier au troisième tour des qualifications.
Opposé à Lorenzo Musetti, tête de série n°25 et futur demi-finaliste, Giovanni Mpetshi Perricard s’en arrêtait là. Malgré le gain du premier set, la marche était encore trop haute. Sa belle aventure sur le gazon londonien s’achevait ainsi, mais lui permettait d’intégrer le Top 50 au classement ATP pour la première fois de sa carrière.
Un bref passage à vide
À peine le temps de souffler, il était déjà temps de retourner à l’entraînement et s’habituer à l’exigence physique des courts en dur pour préparer la tournée nord-américaine. Un voyage sur le nouveau continent qui ne se déroula guère comme il l’aurait souhaité.
Giovanni Mpetshi Perricard ne parvenait à s’extirper des qualifications du Masters 1000 du Canada, puis était sorti dès le premier tour à Cincinnati, battu par le Chinois Zhizhen Zhang. À l’US Open, son classement ATP lui permettait d’intégrer pour la première fois le tableau principal d’un tournoi du Grand Chelem sans passer par les qualifications ni recevoir d’invitation. Débarquant à Flushing Meadows sans réel repère et en manque de confiance, il s’inclinait dès le premier tour face à Tomás Martín Etcheverry qu’il retrouvait depuis son succès à Lyon.
Sa tournée en Asie était également en deçà de ses espérances. Giovanni Mpetshi Perricard sortait dès le premier tour du tournoi de Beijing, battu par Carlos Alcaraz, puis s’inclinait en deux sets face au vétéran Stan Wawrinka, pour son entrée en lice au Masters 1000 de Shangaï. De retour en Europe, il encaissait une nouvelle défaite à Anvers, dominé par Thiago Seyboth Wild au premier tour.
Avant la consécration à Bâle
Bref, Giovanni Mpetshi-Perricard se présentait au tournoi de Bâle (ATP 500) avec un bilan terne de deux victoires pour huit défaites lors de ses dix derniers matchs. Opposé à James Duckworth au premier tour, il retrouvait des couleurs en s’imposant en deux sets, puis parvenait à enchaîner une seconde victoire pour la première fois depuis juillet en s’offrant Felix Auger-Aliassime au deuxième tour. La machine était relancée, elle n’était pas près de s’arrêter.
En quart de finale, il claquait le 500e ace de sa saison sur le circuit principal et triomphait face à un autre Canadien, en la personne de Denis Shapovalov (6-7, 7-3, 7-6). Holger Rune tombait à son tour en demi-finale (7-6, 6-4). Giovanni Mpetshi Perricard venait d’enchaîner trois victoires face à trois anciens joueurs du Top 10, il se qualifiait pour sa première finale d’un tournoi ATP 500. Face à lui, Ben Shelton. Le joueur le mieux classé qu’il ait réussi à battre jusque-là, vaincu par sa puissance de frappe au premier tour du Queen’s.
L’histoire se répéta. Giovanni Mpetshi Perricard frappait 22 aces, n’offrait guère son jeu de service et s’imposait en deux sets (6-4, 7-6) pour inscrire à son palmarès la plus prestigieuse ligne de sa carrière. Vainqueur de son premier tournoi ATP 500, les points récoltés lui permettaient de se retrouver aux portes du top 30 mondial, virtuellement tête de série à l’Open d’Australie en janvier prochain.
Comme après son succès à Lyon au mois de mai, Giovanni Mpetshi Perricard retrouvait le public parisien à l’occasion du second tournoi majeur disputé dans la capitale française. Au Rolex Paris Masters, point final de sa saison 2024 en renonçant à disputer le tournoi de Metz, le droitier de 2,03 m éliminait le 17e joueur mondial Frances Tiafoe dès le premier tour. Sa cinquième victoire face à un membre du top 20 en six matchs.
Opposé à Karen Khachanov au second tour, le Russe mettait fin aux 86 jeux de service remportés consécutivement par Giovanni Mpetshi Perricard. Malgré la perte du premier set, Khachanov avait trouvé la faille. La machine Perricard s’enraillait et enchaînait les double-fautes. Pris à son propre piège de tenter des secondes balles à plus de 220 km/h, au risque d’offrir des points gratuitement, Giovanni Mpetshi Perricardcédait en trois sets devant le public parisien.
Sa saison 2024 s’achevait ainsi, après seize matchs remportés sur le circuit professionnel, deux titres ATP, plus de 1 300 aces délivrés et auréolé de la plus belle progression de l’année en passant de la 205e place mondiale au 30e rang.