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Théo Arribagé : « Je ne me fixe pas de limites, je veux gagner des Grands Chelems et être n°1 mondial »

Tom Compayrot

Publié le

Photo Icon Sport

ATP CHALLENGER 2024 – N°8 Français et n°80 mondial en double, Théo Arribagé vient de remporter le Challenger 75 de Murcie (Espagne) avec le Roumain Victor Vlad Cornea. Écarté des instances fédérales et de sa carrière en simple à cause de son jeu atypique, le fils de l’ex-footballeur Dominique Arribagé s’épanouit aujourd’hui en double. Il est un des rares français à se lancer à 100% dans le double à un si jeune âge (23 ans). Le Rennais est en pleine progression, et ne se fixe pas de limites pour la longue carrière qui l’attend. Il s’est confié au micro de Dicodusport, présent à Murcie la semaine dernière.

Théo, est-ce que tu peux nous raconter cette semaine et ce titre, comment cela s’est passé pour toi et ton partenaire ?

C’est la deuxième qu’on joue ensemble avec Victor [Vlad Cornea], on a commencé la semaine dernière en Hongrie où on a perdu en demi-finale, sur un match difficile où on perd au super tie-break. Cette semaine, on a très bien joué. On a commencé face à un ancien n°8 mondial qui est maintenant plus âgé [Aisam Ul Haq Qureshi] et un ancien top 30 [David Vega Hernandez] qui jouaient vraiment pas mal. On a fait un match très solide, donc c’était cool de bien commencer. Après au deuxième tour, on a eu un peu plus de mal dans un match plus compliqué face à deux joueurs de simple [Jan Choinski et Denis Yevseyev, n°169 et n°184 en simple]. Mais on a gagné tous nos matchs en deux sets, je crois que ça ne m’est jamais arrivé de gagner un tournoi comme ça. Donc c’est cool, on sent qu’on s’entend bien tous les deux et qu’on peut réellement faire de belles choses.

Comment arrives-tu à trouver des automatismes avec un joueur avec qui tu n’as jamais joué, mais avec qui tu décroches déjà un titre au bout de deux semaines ?

C’est toujours plus facile avec les joueurs de double, on se comprend plus facilement qu’avec les joueurs de simple. La semaine dernière, j’avais joué pour la première fois avec un Chinois que je ne connaissais pas du tout [Bu Yunchaokete, n°174 en simple], et on n’a pas très bien joué justement parce qu’on n’arrivait pas à trouver des automatismes. Tandis que là on commence à en avoir avec Victor au fil des matchs et des entraînements. Maintenant, je sais par exemple quand il retourne croisé si je dois aller sur la balle ou pas. Cette semaine, on s’est encore mieux compris que la semaine dernière. Et plus tu vas jouer avec cette personne-là, mieux ça sera. Mais au début, c’est vrai que ça n’est jamais évident.

Tu n’es plus avec ton partenaire de toujours, le Français Luca Sanchez. Que s’est-il passé ?

On a fait une super année en 2023, on a eu nos meilleurs résultats en montant top 100 tous les deux. Mais en ce début de saison, on a perdu beaucoup de matchs au super tie-break, une dizaine d’affilée, je crois. On sentait qu’on pouvait faire des bonnes choses, mais c’était dur. Moi, je pouvais baisser dans l’attitude par moments. Donc, on a décidé de faire une pause indéterminée. On va voir ce qu’il se passe de son côté comme du mien.



Pour moi, l’idéal serait de jouer avec Luca, un Français et surtout un de mes meilleurs amis. Mais on n’avait pas de résultats, donc on ne pouvait pas continuer. Et personnellement, je pense aussi que nos deux profils et nos styles de jeu ne correspondent pas vraiment. Mais si on progresse tous les deux de notre côté, pourquoi pas rejouer avec Luca. Mais pour l’instant, on fait une pause indéterminée, parce qu’on était au bout du rouleau.



Qu’est-ce que tu entends quand tu dis que vos deux profils ne correspondent pas ?

Moi, là où je suis le meilleur, c’est au filet. Je suis réellement bon quand on me tape fort dessus au filet. Et Luca a plus un profil de gros serveur, de gros puncheur. Donc vu qu’il sert très bien, il n’a pas trop besoin de moi au filet. Sa grande qualité est le service, et moins le retour. Moi, je pense que je jouerai mieux avec un joueur qui retourne mieux, car je pourrai faire plus de points au filet, même s’il sert moins bien. Voilà de quoi je parle, même si bien sûr, je peux me tromper, et qu’on a quand même très bien joué ensemble.

Est-ce que tu peux nous raconter la vie d’un joueur de double en Challenger ? Est-ce que tu arrives à t’en sortir malgré tout ?

Alors, avec Luca, on a fait pas mal de tournois ATP en début de saison, sur la tournée sud-américaine. Donc, on commence à s’en sortir financièrement, on commence à gagner notre vie vraiment. Là, avec ce titre, je crois que je gagne 2 300 $.  Pour être vraiment bien, il faudrait être top 50. Je crois que je vais être n°80 avec ce titre, donc il va encore falloir travailler. Mais à partir du moment où on jouera tous les Grands Chelems, là, on sera vraiment bien. Il faut être top 70 pour y participer, donc il y a encore 10 places à aller chercher.

Après en ce qui concerne la vie d’un joueur de double, moi, j’ai la particularité de vouloir jouer toutes les semaines. Je crois que je n’en ai pas raté une cette année, je suis le joueur qui joue le plus. Sur 52 semaines, je crois qu’on peut en jouer 48. Donc si je ne suis pas blessé, je suis prêt à jouer ces 48 semaines partout dans le monde. Parce que j’adore ça. Je peux rentrer quelques jours chez moi pour me ressourcer entre deux tournois. Mais je ne supporte pas de ne pas jouer. J’adore être en tournoi, pouvoir voyager toutes les semaines est ce dont j’ai toujours rêvé. Être dans l’avion et dans des hôtels toutes les semaines, voyager et découvrir tous les pays du monde… Si mon partenaire Victor m’avait proposé d’aller au Mexique la semaine prochaine puis de retourner en Hongrie la semaine d’après, j’aurais dit oui.

Quels sont tes objectifs personnels ?

Je ne me fixe vraiment pas de limites. Si je peux gagner des Grands Chelems et être n°1 mondial, je veux le faire, vraiment. Il faudra s’en donner les moyens, mais je suis jeune, j’ai 23 ans, donc j’ai encore 20 ans à faire sur le circuit. Quand je vois [Rohan] Bopanna qui est n°1 mondial à 44 ans… Si je peux continuer à jouer à 40 ans, je le ferai. Après, on verra jusqu’où j’irai, mais je n’ai vraiment pas de limites.

Tu as des exemples que tu essayes de suivre ? Parce que les Français sont plutôt bons en double, avec Nicolas Mahut, Pierre-Hugues Herbert, Édouard Roger-Vasselin…

La paire Sadio Doumbia et Fabien Reboul [n°32 et 33 mondiaux en double] est du même club que moi, ce sont mes potes. Ça m’embête un peu de le dire, mais ils en font partie. Eux diront qu’ils m’ont lancés dans le double, moi, je dirais que non [sourires]… Mais c’est vrai qu’ils jouent très bien. Ils vont être top 30 en double, ils sont même top 8 à la Race… Ils sont vraiment très forts, peuvent gagner des Grands Chelems cette année, et peut-être jouer aux Jeux Olympiques. Ce ne sont pas des exemples parce que je veux vraiment les battre, je pense même que je serai meilleur qu’eux [rires]. Mais je les suis et je suis content de voir ce qu’ils font. Ils progressent vraiment et c’est cool pour le double français.

Journaliste/rédacteur depuis mars 2017 - Amoureux de la petite balle jaune et du gros ballon orange qui traîne sa carcasse sur Dicodusport depuis 2017. Rafael Nadal et LeBron James sont les meilleurs joueurs de l'histoire.

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