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Tour de France 2021

Tour de France 2021 : C’est les watts !

Jordane Mougenot-Pelletier

Publié le

Tour de France 2021 : C'est les watts !
Photo Icon Sport

ÉDITO – Alors qu’il a cheminé entre la Bretagne et les Alpes, le Tour de France 2021 s’autorise une première halte. Profitons-en pour prendre du recul et faire un premier point d’étape.

La bataille du Tour de France 2021

Ce n’est pas la plus grande course du monde pour rien. Elle est de celles qui livre les plus beaux duels, les plus folles envolées et écrit les légendes. En Bretagne, le Tour de France 2021 n’a pas manqué de se rappeler parmi les plus belles qu’il a contribué à forger. Sur la route, de villages en villages et de chapelles en mausolées, ont surgi les souvenirs de Lucien Petit-Breton, René le Grevès, Jean Robic, Louison Bobet, Jean-Pierre Genet, Bernard Hinault et d’autres innombrables. On voit la ferveur sur le bord de la route, on oublie les récentes et stupides querelles entre la Bretagne et le Tour.

Pendant ce temps que Julian Alaphilippe et Matthieu Van der Poel se disputent chèrement un maillot jaune, une autre bataille plus sérieuse se tient. Alors que Primoz Roglic et Geraint Thomas se retrouvent au tapis et que Caleb Ewan est contraint à l’abandon, voilà qu’une guerre est déclarée. Mark Cavendish écrit une page exceptionnelle de l’histoire du cyclisme quand de terribles affrontements ont lieu. Car voilà que la Mayenne, département des Pays de la Loire, conteste à la Bretagne le record du monde de la plus longue galette saucisse. Record contesté et pulvérisé : Changé (ville départ de la cinquième étape) a sorti une galette de 53 mètres, 18 de plus que la modeste galette Lohéac. Un coup de tonnerre.

Primoz Roglic et la sorcière

Elle rôde dans le peloton, sur les routes, dans les hôtels. Elle arpente le bitume et les chemins, elle cherche le client parfait. Parfois elle hésite. Mais invariablement, à chaque Tour de France, elle est là à chercher le coureur. 118 ans que ça dure. 1971, elle fait chuter Luis Ocaña dans le col de Menté. 1989, elle blesse le séant de Fignon. 2003, elle fait tomber la pluie et Jan Ullrich. 2010, elle fait sauter la chaine d’Andy Schleck. 2019, elle blesse la cuisse de Thibaut Pinot.

Cette sorcière, car c’est bien d’une sorcière dont on parle, est aux dents vertes. Une mégère jamais apprivoisée par quiconque. Et certainement pas par Primoz Roglic.  L’an passé, la coquine lui met entre les pattes un compatriote affamé. Dans le Tour de France 2021, elle le fait chuter lourdement dès la troisième étape. Un coup à ne pas se relever. Le bonhomme est gaillard, continue. Jusqu’à samedi et une arrivée 40 minutes après son principal rival Tadej Pogacar au Grand-Bornand. De quoi lui faire comprendre qu’il n’y a plus rien à faire et que les morsures de la sorcière sont cette fois encore trop profondes.

Deux années consécutives donc que le sort s’acharne sur le Slovène. De quoi le faire douter ? Le dégoûter du Tour. D’autres ont survécu, se sont acharnés et en sont venus à bout. D’autres sont restés maudits.

Tadej Pogacar, c’est les watts !

C’est l’indolence qui surprend le plus. Ce mélange de distance, d’insolence et d’apparente normalité qui étonne et finalement questionne. Tadej Pogacar est-il un être humain ? Ses performances sont-elles celle d’un homme ou d’un cyborg venu de l’hyperespace pour mettre à sa main un peloton de coureurs professionnels ? Ou plutôt qu’on croyait professionnels puisqu’à côté du Slovène, Eddy Merckx en personne semblerait un minime. Dans le chrono entre Changé (ville du record de la galette saucisse donc) et Laval, il pile tout ce qui passe et à commencer par les spécialistes. Quant aux favoris pour le général : +55 secondes pour Porte, +1 minutes pour Uran, Alaphilippe et Thomas, +1 minute 44 pour Carapaz. Merci au revoir.

Dans la montagne, l’indolence et l’insolence doublent la mise. Résultat après la première semaine du Tour : Uran est à 5 minutes au classement général, Carapaz et Mas itou. Guillaume Martin et David Gaudu 9ème et 10ème du général sont à 7 minutes. Et se pose la question de savoir comment faire pour contrer la supériorité d’un homme qui n’a même pas besoin d’équipe, ou presque, pour régner en maître sur le Tour de France. La question devra aussi se poser de la possibilité pour un sprinteur de finir troisième d’une étape de montagne. Plus généralement, il faudra bien que la question de l’optimisation des performances, des gains marginaux et de leurs limites avec un système généralisé de tricherie caractérisée soit posée. En attendant, tout va bien dans le meilleur des mondes possible et dans le meilleur des Tours. Jusqu’à quand ?

Journaliste/rédacteur depuis mai 2018 - Dans mon sang coule à la fois le feu des penne à l'arrabiata et la glace du Grand Colombier. Amoureux des belles lettres et des Talking Heads, je supporte un club olympique. Intéressé par les relations qu'entretient le sport avec la société, je m'intéresse autant à Marc Cécillon qu'à Pep Guardiola, à Tonya Harding qu'à Philipp Roth. Enfant des 90's, on ne me fera pas croire qu'il y a eu plus beau à voir depuis Zinédine Zidane, Marco Pantani et Pete Sampras. La béchamel est une invention du diable, la Super Ligue aussi.

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