Football
Un derby Quevilly Rouen Métropole – FC Rouen tant attendu en Coupe de France
C’est une rencontre qui dépasse le simple domaine du sportif qui se tiendra ce samedi soir à 19 heures entre Quevilly Rouen Métropole et le Football Club de Rouen pour le compte du 8ème tour de la Coupe de France.
Les supporters du club historique de la ville de Rouen (le Football Club de Rouen) attendaient cette rencontre depuis 2015, mais c’est malheureusement à huis clos, et en plein couvre-feu que cette dernière se tiendra ce samedi à 19 heures. Seule rencontre de Coupe de France ce samedi planifiée en plein couvre-feu, loin d’être un hasard, lorsque l’on connait la tension qui peut exister entre ces deux clubs depuis que l’US Quevilly, habituée des belles épopées en Coupe de France, a laissé place à Quevilly-Rouen Métropole.
🚨 Le match du 8️⃣ème tour de la Coupe de France face à Quevilly est programmé le samedi 1️⃣3️⃣ février à 19h au stade #Diochon ! 🏆🔴⚪#TeamFCR #Rouen #Normandie pic.twitter.com/CS6kT1vLW4
— FC Rouen Officiel (@FCRouen) February 8, 2021
Un match au-delà du sportif
Projet initié en 2015 et soutenu par la Métropole de Rouen, la création d’un club phare pour Rouen et sa métropole a provoqué de vifs débats, entraînant une situation devenue tendue entre pros FC Rouen et pros Quevilly-Rouen Métropole (QRM). Le Football Club de Rouen, qui possède une véritable identité liée à son passé et son ancrage régional, a alors pu compter sur ses plus fidèles supporters pour rester en vie. Car la création d’un rapprochement entre le FCR et l’USQ en 2015 apparaît alors comme une tentative de mise à mort du club historique de Rouen, qui évolue en DH suite à sa liquidation judiciaire et qui peine à retrouver un statut digne de son passé.
À cette période, la Métropole de Rouen Normandie ambitionne de se positionner sur le sport élite et souhaite donc avoir un club de football au plus haut niveau national. Mais dans ce cadre, difficile de pouvoir suivre et accompagner dignement deux clubs d’une telle ampleur populaire en termes de subventions notamment. En cas de rapprochement (puisqu’on ne parle pas de fusion à proprement parler dans ce cas), les politiciens et les présidents de ces deux clubs favorisent (logiquement à cette période à la vue de la situation sportive) de conserver le numéro d’affiliation des deux clubs à la Fédération Française de Football. Résultat, la situation est assez déstabilisante puisque QRM se retrouve en CFA, avec sa réserve en CFA 2 (en lieu et place de l’US Quevilly), tandis que le FC Rouen lui, évolue toujours en DH.
La présence des logos des deux entités, à savoir celui du FC Rouen et de l’US Quevilly, regroupé au sein d’un même logo, celui de Quevilly-Rouen Métropole, va alors beaucoup faire réagir supporters et opposants au projet de rapprochement. Ce n’est rien comparé à ce qui arrivera quelque temps plus tard : le stade Robert Diochon, lieu mythique du Football Club de Rouen, sera alors repeint en jaune et rouge, couleurs dominantes de Quevilly-Rouen Métropole et que le FC Rouen verra comme un coup de poignard.
🔥 Nouvelle identité ! A compter de ce jour, le nouveau logo de QRM entre en vigueur ! A consommer sans modération ! #GoQRM #UnisPourGagnerEnsemble ❤🧡 pic.twitter.com/AhTcC0b7An
— QRM ⚽ (@QRM) June 20, 2018
Un club soutenu par sa mairie d’un côté, un autre soutenu par l’intercommunalité de l’autre. Une bataille à la fois populaire et politique, avec des hommes qui tentent de faire jouer leurs intérêts à la fois politiques et personnels, en tentant de se servir du football et de sa popularité pour mener à bien des ambitions politiques et personnels. On en oublierait presque qu’à travers tout cela, Rouen et Quevilly redeviennent petit à petit des acteurs du football français. Deux clubs qui dans leur division respective (National 1 et National 2), jouent les premiers rôles.
Deux équipes qui aiment la Coupe de France
Hasard du tirage au sort et de cette formule inédite de la Coupe de France en raison de la pandémie actuelle, le FC Rouen et Quevilly-Rouen Métropole avaient bien compris, à la lecture du tableau, que la confrontation tant attendue pouvait alors lieu cette année. Un beau clin d’œil au passé récent de ces deux formations et de leur amour pour cette Coupe de France.
Lorsque l’on parle de la Coupe de France, l’US Quevilly vient rapidement à l’esprit des amoureux des belles épopées récentes. En 2010, pensionnaire du championnat de quatrième division Française (CFA), l’US Quevilly réalisera l’exploit d’atteindre les demi-finales de la compétition en s’inclinant face au Paris Saint-Germain. Mais, chose assez rare pour être signalée, l’exploit sera encore plus grand deux années plus tard puisque les Normands élimineront cette fois l’Olympique de Marseille et le Stade Rennais en quarts et en demi-finales pour atteindre la finale de cette prestigieuse Coupe de France.
C’est donc une vague jaune et noir qui déferla sur le Stade de France pour accompagner cette équipe normande (évoluant alors en National, la troisième division française). Les supporters de Quevilly n’étant qu’à une bonne heure de route de Paris, on assistait alors à un défilé de klaxons et d’encouragements sur l’autoroute A13 qui menait les Normands jusqu’à la capitale. Une finale historique pour l’US Quevilly face à l’Olympique Lyonnais qui marquera la légende de la Coupe de France, malgré la défaite des amateurs (victoire 1-0 de l’OL).
De son côté, après une période difficile et une liquidation judiciaire qui fit repartir le club en DH en 2013, le FC Rouen a lui retrouvé de la couleur ces dernières années (évoluant actuellement en National 2, quatrième niveau français). C’est une nouvelle fois à travers la Coupe de France que la popularité du club phare de la ville normande a pu s’illustrer l’an dernier, avec un parcours honorifique et des victoires sur Orléans puis Metz, avant de s’incliner, dans un stade Robert Diochon plein à craquer, face à la solide équipe d’Angers, pensionnaire de Ligue 1.
Une question de suprématie locale
C’est donc bien plus qu’un simple huitième tour de Coupe de France que joueront ce samedi soir les joueurs du FC Rouen et de Quevilly-Rouen Métropole. La suprématie locale est en jeu, avec un rendez-vous essentiel pour les supporters des deux équipes. À la lecture des réseaux sociaux ces derniers jours et de la tension palpable autour de cette rencontre, on se rend néanmoins bien compte que tout cela reste lié à la confusion autour de ce projet de rassemblement et de fusion des deux entités.
Le nouveau maire de la ville de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, également président de la Métropole Rouen Normandie, tente actuellement de calmer la situation en précisant que dorénavant, les deux clubs de la Métropole, QRM et le FCR, seront traités de manière équitable. Une tentative d’apaisement qui prendra encore quelque temps pour se concrétiser.
Une chose est sûre, c’est que la rencontre de ce samedi soir vaudra le détour, même si on aurait aimé voir le stade Robert Diochon plein à craquer pour cette rencontre attendue par tous les Normands depuis de nombreuses années.