Athlétisme
Valentin Lavillenie, pour aller toujours plus haut
Rencontre avec Valentin Lavillenie, récent vice-champion de France à la perche le 18 février dernier à Liévin, avant une saison estivale qui s’annonce riche et passionnante.
Valentin, comment se passe ce début d’année 2018 pour toi et cette saison d’hiver ?
Je n’avais pas spécialement prévu de faire une grosse saison, j’ai commencé plus tard que d’habitude pour des raisons pratiques puisque j’ai changé d’entraineur, en septembre dernier. On voulait donc apprendre à se connaitre et mettre des choses en place avant de foncer. On n’avait donc pas fait de l’hiver un réel objectif en soi, et en plus, je me suis fait une belle entorse au moment de passer aux choses sérieuses (début octobre), j’ai donc levé le pied sur la préparation. J’ai également changé de marque de perche (j’étais en fibre de verre et je suis passé en fibre de carbone, sans être trop dans les détails), j’ai donc changé de sensations.
C’est donc une nouvelle structure autour de moi avec mes deux entraineurs et mon fabriquant de perche avec qui on essaie de bien bosser pour mettre tout cela en place. Donc la saison en salle n’était pas un réel objectif avec tous ces changements. Le seul objectif, même si c’est facile de le dire après coup, était d’être aux France, et d’être bon. Je voulais faire 5m70 aux France pour accrocher les minima de cet été pour Berlin. Je n’ai donc pu réellement préparer ces championnats de France que sur une compétition, à Rouen. Ce n’était donc pas gagné mais tout le travail en amont avait été correctement fait.
Un podium avec ton frère Renaud aux derniers Championnats de France à Liévin, cela doit être une belle satisfaction ?
C’est vrai, même si de toute façon il est sur tous les podiums des Championnats de France, sauf lorsqu’il est absent. Donc la réelle satisfaction est d’avoir pu me mêler à la bagarre et de montrer que j’étais réellement un compétiteur. J’ai pu montrer que je pouvais répondre présent en compétition dans un grand championnat, et que je suis de retour.
Regardons maintenant vers ta saison estivale. Quels sont les objectifs à venir pour la suite de ta saison ?
J’ai donc repris l’entrainement mardi avant de prendre une semaine de vacances. Après, j’enchaîne une semaine d’entrainement et je pars à Dallas pour participer aux « Texas Relays » où je suis invité par mon équipementier de perche. C’est pour moi un rêve de participer à cette compétition, j’ai toujours eu envie de la faire. C’est donc une belle opportunité et un beau cadeau après tout le travail réalisé cet hiver. Après ça, je pourrais lancer ma saison et aller au charbon.
Et en termes de programmes de compétition pour 2018 ?
Il y a une compétition à ne pas louper : les championnats de France. C’est là qu’il faudra valider son ticket pour les championnats d’Europe à Berlin. Il faudra donc rééditer au minimum ce que j’ai fait cet hiver, car la bataille va être costaud, notamment avec Axel (Chapelle) et Kevin (Menaldo), pour ne citer qu’eux deux. Il n’y aura que trois places pour se qualifier et on sera plutôt entre quatre et six à faire les minima au lieu des trois. Il y a fort à parier que le sixième aux France puisse faire les minima et donc plusieurs peuvent rester sur le carreau.
Pour le reste, l’objectif est d’intégrer toutes les Diamond League possibles. Je pense retourner à Prague notamment, mais je n’ai pas encore mon programme. L’objectif est de se frotter aux meilleurs. Je n’oublie pas non plus les interclubs. Le pic de forme va donc être programmé pour la fin du mois de juin, en espérant en prévoir un autre pour les championnats d’Europe à Berlin.
La concurrence va donc être rude pour aller aux prochains championnats d’Europe à Berlin ?
Effectivement, ça va être un duel à quatre ou cinq, voire même plus encore, mais c’est cool. Cela crée une émulation et ça nous tire tous vers le haut. On ne peut pas se contenter des minima, il faudra être dans les trois aux championnats de France.
En août 2024, tu auras donc 33 ans. Quel regard portes-tu sur les Jeux à Paris en 2024, à la fois en tant qu’athlète mais également en tant que Français et passionné de sport ?
J’ai deux regards assez différents sur la question. En tant que Français, c’est un immense honneur et c’est quelque chose de magique de pouvoir avoir les JO dans ton pays. Il y aura des répercussions sur l’ensemble du territoire, un réel engouement.
Après en tant qu’athlète, j’ai deux sentiments, puisque j’aime bien partir dans un championnat ailleurs, découvrir de nouvelles choses, partir à l’autre bout du monde. Mais d’un autre côté, ce sentiment d’être à la maison peut offrir plus de soutien de la part d’une nation toute entière. C’est pour ça que c’est un sentiment partagé au final. Mais on ne va pas se mentir, ça va être le feu d’avoir ça à la maison. Il manquera juste cette découverte, mais avoir les Jeux chez soi, c’est la folie ! Le soutien sera encore plus important de la part de notre entourage, puisqu’ils vont jouer un rôle et vont avoir l’impression de vivre les choses avec nous. Et en tant qu’athlètes, pouvoir dire qu’on est olympien sur les Jeux de Paris, ça serait juste dingue. Un mec qui fait les Jeux Olympiques obtient tellement de respect, alors si c’est en France…
Ça me paraissait très lointain, mais on est déjà en 2018. Chaque entrainement prépare donc à Tokyo pour les prochains Jeux, et Tokyo prépare à Paris finalement. C’est la plus belle chose qu’on puisse faire dans le sport. À une autre échelle, si on pense aux footballeurs, même eux ça leur parle. La seule chose qu’on a en commun avec eux finalement, ce sont les Jeux. Même Neymar est fier d’avoir remporté les Jeux Olympiques, alors que c’est une autre dimension que nous. Donc vivement les JO !