Rugby à XV
XV de France : Les gagnants et les perdants de la tournée d’automne 2022

XV DE FRANCE – Invaincus sur cette tournée d’automne, les Bleus de Fabien Galthié terminent donc l’année 2022, avec un magnifique 10/10. Si certains joueurs ont marqué de gros points, d’autres ont sans doute perdu gros. Tour d’horizon.
Les gagnants
Thomas Ramos et Charles Ollivon, les grands gagnants
Clairement, au lendemain du dernier des trois matchs des Bleus à l’occasion de cette tournée automnale, deux joueurs figurent au rang des grands gagnants sur ce mois de novembre : Thomas Ramos et Charles Ollivon.
Le premier cité a, très certainement, rebattu les cartes au poste d’arrière. Déjà, il s’est avéré diablement efficace dans le rôle de buteur, avec 20 tentatives réussies face au perches, sur 24 tentées, soit un pourcentage de réussite de 83 %. Ensuite, l’arrière toulousain s’est montré rassurant sur tout ce qui fait un excellent numéro 15 : propre sur les ballons hauts, capable de relancer depuis son camp en faisait des différences, s’adapter aux montées défensives adverses. S’adapter, justement, c’est sans doute là, le point fort du joueur de 27 ans, qui est arrivé à maturité. Celui qui avait dû se contenter de 19 petites minutes de jeu lors du 6 Nations l’hiver dernier, va donner des maux de tête à Fabien Galthié et son staff. Car en l’absence de Melvyn Jaminet, le chouchou du sélectionneur des Bleus depuis la tournée estivale en Australie l’année dernière, Ramos a visé juste.
Deuxième joueur à avoir marqué les esprits, le troisième ligne Charles Ollivon. De retour en force depuis la tournée estivale au Japon, le Toulonnais a été régulier tout au long des trois rencontres de ce mois de novembre, qu’il a disputées intégralement. Défensivement déjà, il a fait très fort, avec 26 plaquages réussis, sur 27 tentés ! Mais l’ancien Bayonnais s’est également illustré en conquête, et plus particulièrement en touche, avec quatre ballons pris sur les lancers adverses. Récompensé d’un essai face au Japon, Ollivon a par ailleurs porté le brassard de capitaine à deux reprises : face à l’Afrique du Sud, suite au carton rouge d’Antoine Dupont, puis face aux Nippons. Signe, s’il fallait le rappeler, de la confiance accordée par Fabien Galthié au troisième ligne varois. En l’absence de François Cros, le numéro 7 des Bleus a également relégué Dylan Cretin ou encore Yoan Tanga au second plan. Et ce n’est pas rien, tant le Grand Charles revient de loin.
Sekou Macalou, la bonne surprise
Hors du groupe face à l’Australie, Sekou Macalou a fait son apparition sur le banc des Bleus face aux Springboks, avant de faire de même face aux Brave Blossoms. Souvent boudé par Fabien Galthié pour intégrer le groupe des 23 joueurs inscrits sur la feuille de match, le sélectionneur du XV de France a cette fois décidé de l’intégrer aux finisseurs, dans un rôle de couteau suisse. Troisième ligne aile, numéro 8, mais surtout ailier. Entré à ce poste face à l’Afrique du Sud (11′) puis contre le Japon (15′), le Parisien a bluffé tout son monde.
D’abord face aux Sud-Africains, avec des courses tranchantes, puis contre les Japonais, avec une vraie propreté en défense, en plus d’une passe décisive pour Damian Penaud. À un an de la Coupe du monde, Macalou a marqué des points, au détriment d’autres spécialistes du poste d’ailier, comme Matthis Lebel. Loin d’être anodin.
Reda Wardi et Silipi Falatea tirent leur épingle du jeu
Eux aussi peuvent espérer beaucoup à l’issue de cette tournée automnale. Entré en course de jeu face à l’Afrique du Sud, titularisé face au Japon, Reda Wardi a tenu le choc. En l’absence de Jean-Baptiste Gros, puis de Cyril Baille, le pilier rochelais a aussi profité de la mauvaise entrée en jeu de Dany Priso face à l’Australie pour glaner du temps de jeu. Très solide en mêlée fermée, il a fait le job dans le jeu, que ce soit défensivement ou avec le ballon. Attention, à gauche de la première ligne, si Cyril Baille est indiscutable, derrière, la concurrence va faire rager d’ici le Mondial, dans un peu moins d’un an.
À droite, là aussi, il y a du changement dans la hiérarchie. Atonio titulaire en puissance, derrière, la place de numéro 2 est âprement disputée chez les piliers droits. Et sur cette tournée, le Girondin Sipili Falatea a frappé fort. 25 minutes face aux Wallabies, 20 face aux Springboks, 35 contre les Brave Blossoms. Sauveur des Bleus au Vélodrome face aux champions du monde, Falatea a fait preuve de solidité en défense, tout en apportant du peps dans la dernière demi-heure de jeu. Reléguant, au passage, Mohamed Haouas au rang des joueurs supplémentaires, hors des 23. Fort !
Les perdants
Retour compliqué pour Romain Ntamack
Il n’avait plus joué depuis près de deux mois. En guise de match de reprise, l’ouvreur toulousain Romain Ntamack devait donc se coltiner l’Australie. Loin d’être facile comme retour à la compétition. Et le sentiment qui ressort de cette tournée d’automne n’est pas vraiment rassurant pour le demi d’ouverture titulaire des Bleus. Sobre face aux Wallabies avec, logiquement, un manque de rythme visible sur certaines séquences, étouffé et sans solution face aux Springboks, il a ensuite sombré face aux Nippons, malgré le bon coup d’œil sur son coup de pied sur le premier essai de Damian Penaud.
Coup de pied en ballon mort, pénaltouches non trouvées (déjà face aux Springboks), en-avants sous les ballons hauts, Ntamack a passé un sale après-midi à la maison. Pendant ce temps-là, Matthieu Jalibert, lui, a été déterminant à chaque entrée en jeu, notamment face à l’Australie et au Japon. De quoi relancer le débat sur le statut de numéro 10 titulaire ? Loin d’être évident, tant le Toulousain a la confiance totale du staff tricolore.
Lebel, Priso, Tanga et Cretin : les grands perdants
15 minutes face aux Wallabies pour un Matthis Lebel barré par Sekou Macalou face à l’Afrique du Sud et au Japon. 47 minutes en deux matchs pour un Dany Priso qui a vu Reda Wardi lui passer devant. Aucune minute disputée pour Yoan Tanga et Dylan Cretin, loin derrière Charles Ollivon et Anthony Jelonch dans la hiérarchie des flankeurs. Bref, ces quatre joueurs ont sans doute perdu gros au cours de ce mois de novembre, bien plus qu’on le croit.
Matthis Lebel, qui a donc vu le missile Macalou se faire la belle à l’aile, devrait en plus souffrir du retour de Gabin Villière en vue du 6 Nations 2023. Un peu le même scénario pour Dany Priso, qui devrait payer la note quand Cyril Baille et Jean-Baptiste Gros seront de retour en forme. Pour Tanga et Cretin, derrière Jelonch, Ollivon, Alldritt, certainement Cros lorsqu’il sera remis sur pied, et donc Macalou, cela s’annonce délicat. Mais, pour ces quatre hommes-là, la saison est encore longue, et les cartes pourraient, cette fois, être rebattues en leur faveur d’ici l’été prochain. Rien n’est perdu, même s’ils partent logiquement avec une bonne longueur de retard sur les équipiers cités.