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Alain Weisz : « Tout le monde aimerait être à la place de Vincent Collet »

Killian Tanguy

Publié le

Alain Weisz « Tout le monde aimerait être à la place de Vincent Collet »
Photo Icon Sport

BASKETBALL – Ancien joueur, entraîneur (dont l’équipe de France entre 2000 et 2003) et dirigeant dans le basket-ball, Alain Weisz a raconté son expérience dans son livre « Mes secrets de coach » (Éditions Solar). Un métier dont « très peu de monde connaît le vrai travail » selon lui. À l’approche de la fin de la saison de NBA, d’EuroLeague et de Betclic Elite et du début des Jeux Olympiques, il en dévoile les secrets.  

Avez-vous vu une évolution dans la manière d’entraîner au cours de votre carrière ?

L’entraînement a beaucoup évolué et s’est notamment individualisé. Aujourd’hui, le développement individuel du joueur a pris une place bien plus importante. Ça correspond à une nouvelle mentalité où les joueurs veulent se développer parce qu’ils sont tous “en transit“. Ils veulent atteindre le plus haut niveau donc être le plus fort possible. L’individualisation de l’entraînement représente pratiquement 40% de l’entraînement hebdomadaire.

Comme Victor Wembanyama, de jeunes pépites qui veulent aller en NBA n’ont pas voulu disputer l’EuroLeague pour se concentrer sur l’entraînement. Est-ce le bon choix selon vous ?

Quand on voit les résultats, on peut dire que oui. Mais c’est quelque chose de nouveau. Il y a quelques années, Luka Dončić a préféré aller enfin faire ses classes européennes au Real Madrid (2014-2018 ; vainqueur de l’EuroLeague en 2018). Les choses évoluent beaucoup et très vite. Désormais, beaucoup de jeunes joueurs français s’inscrivent à la draft, car ils sont encouragés par leurs agents et poussés par leur ambition personnelle. Les jeunes ne se donnent pas de limite, ils se disent « pourquoi pas moi ? » et tentent d’aller en NBA, sans avoir véritablement percé dans le championnat. Les jeunes basketteurs qui sont en centre de formation ne se voient plus forcément aller dans l’équipe professionnelle du club, mais plutôt en NBA.

Victor Wembanyama est un cas d’espèce (Alain Weisz était le directeur des opérations sportives de Boulogne-Levallois entre 2019 et 2023). Quand il est arrivé en NBA, il était déjà prêt à performer au vu de ses stats (21,4 points par match ; 10,6 rebonds ; 3,9 passes ; 3,6 contres et 1,2 interception). C’est un phénomène.



Victor Wembanyama a connu une période difficile à l’ASVEL à cause d’un mauvais encadrement de la part de T.J Parker avant de réellement se développer à Boulogne-Levallois. Est-ce qu’un très bon joueur peut passer à côté de sa carrière à cause d’un entraîneur ? 

Oui, c’est possible. Mais quand le joueur est aussi fort que Victor Wembanyama, il y aura forcément, à un moment donné, une éclosion. Quel que soit le coach qui s’en occupe. Un joueur qui a de grandes capacités a simplement besoin d’avoir une place sur le terrain, et une place importante. Et c’est ce qui a été fait avec Victor à Boulogne-Levallois.



Tony Parker, qui a été choisi en 28e place lors la Draft en 2001, a eu l’opportunité et la chance d’être au bon endroit au bon moment avec le bon coach. Ça peut très bien ne pas sourire aussi bien à d’autres joueurs, car l’entraîneur ne voit pas en eux une nécessité absolue de les mettre sur le terrain. Si je pouvais donner un conseil à tous les jeunes joueurs, c’est de choisir, en premier, la qualité de l’entraîneur. Il faut vraiment être adoubé par celui qui va vous donner l’opportunité de jouer et d’être sur le terrain. C’est vraiment très important.

Boulogne-Levallois vit une saison compliquée. Craignez-vous pour l’avenir du club ? 

Oui, mais ce n’est pas nouveau. J’ai vu comment ça s’est passé. La décision de repartir en Betclic Élite s’est faite tardivement, sans manager général et avec un entraîneur qui n’avait jamais connu la première division, même si Laurent Foirest (évincé dès le mois de novembre) était un très grand joueur. Il fallait véritablement que Laurent soit aidé, mais ça n’a pas été le cas. Les joueurs recrutés n’étaient pas au niveau de la compétition et quand la saison part mal, c’est très difficile de la rattraper. Savoir choisir les joueurs, former une équipe et ajouter de la complémentarité, c’est très compliqué. Les autres y arrivent, vous me direz, mais ils avaient de la compétence. Les Mets ont complètement oublié ça.

Vous avez été l’entraîneur de l’équipe de France masculine de basket lors des Jeux de Sydney en 2000. Que la voyez-vous faire cet été à Paris ? 

L’équipe est vraiment forte, même si elle sort d’une Coupe du monde où elle s’est complètement ratée en terminant 18e, alors que les joueurs avaient des ambitions de médaille d’or. La première des choses est donc d’y aller avec plus d’humilité. Je ne sais pas qui va être sélectionné, mais avec une équipe qui compte Victor Wembanyama, Rudy Gobert, Nicolas Batum, Nando de Colo, Evan Fournier, Isaïa Cordinier, Timothé Luwawu Cabarrot ou encore Bilal Coulibaly, c’est une équipe qui peut être très performante. Les Jeux auront lieu à Lille puis à Paris, donc elle aura beaucoup de soutien. Et en basket, c’est très important. Si les joueurs restent humbles et déterminés, je pense qu’ils peuvent accéder à la finale… (il marque une pause) et la gagner.

Vous auriez aimé être à la place de Vincent Collet ?

Tout le monde aimerait être à la place de Vincent Collet. Il y a du stress parce que les Bleus ont disputé la finale olympique des derniers Jeux, donc l’attente énorme, non seulement du microcosme basket, mais aussi de tout le pays. Mais c’est une opportunité extraordinaire. Vincent Collet a dit que c’était la compétition d’une vie, et je pense que c’est vrai.

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