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Athlétisme Rome 2024 : État des lieux de l’athlétisme français avant les championnats d’Europe

Etienne Goursaud

Publié le

Photo Icon Sport

ATHLÉTISME – On fait le point sur l’athlétisme français avant les championnats d’Europe de Rome. Avec une vraie progression globale. Mais un manque de leaders qui peut être préjudiciable à deux mois des JO 2024.

Une densification des performances

46. C’est le nombre de Français qui ont réalisé les minima olympiques à un petit mois de la fin de la période de qualification pour les JO de Paris. Les Français sont en avance sur les temps de passage de Budapest, pour les championnats du monde 2023. Puisque « seulement » 42 français avait réussi les « NPR » l’an passé. Ce chiffre étant lui-même plus élevé que le nombre de Français ayant réalisé les « NPR » pour les championnats du monde de Eugene. C’est une réelle preuve de densification de l’athlétisme français, dans la mesure où certains minima ont été durcis entre 2023 et 2024. Attention, tous n’iront pas à Paris. On pense au cas du marathon hommes et femmes, où respectivement six français et cinq françaises ont réalisé les NPR. Pour seulement trois élus pour chaque sexe.

Parmi les athlètes qui ont réalisé les minima cette année, 20 ne les avaient pas faits en 2023 pour Budapest. Il s’agit de Pablo Matéo, Gemima Joseph, Yann Schrub, Felix Bour, Aurel Manga, Raphaël Mohamed, Clément Ducos, Djilali Bedrani, Alexis Miellet, Louis Gilavert, Teura’itera’i Tupaia, Tom Reux, Yann Chaussinand, Clémence Beretta, Pauline Stey, Louise Maraval, Méline Rollin, Fafouwa Ledhem, Mélody Julien et Manon Trapp.

Certaines disciplines qui émergent

À l’inverse, treize athlètes qui ont réalisé les minima pour Budapest, ne les ont pas encore faits pour Paris. Il s’agit de Mouhamadou Fall (suspendu), Julian Ranc, Pascal Martinot-Lagarde, Ethan Cormont, Renaud Lavillenie, Anthony Ammirati, Jean-Marc Pontvianne, Quentin Bigot, Kevin Mayer, Kévin Campion, Hilary Kpatcha, Margot Chevrier et Léna Kandissounon.



Pour eux, il reste encore quatre semaines pour faire pencher la balance en leur faveur. Certains seront aux championnats d’Europe de Rome et peuvent profiter de l’émulation d’un grand championnat pour aller chercher les NPR. Pour d’autres, et on pense à Renaud Lavillenie, il faudra passer par d’autres moyens. En sachant que ce dernier a montré des gages de forme. De son côté, Margot Chevrier, qui soigne une fracture de la cheville et qui espère être de la partie, devra s’accrocher et passer au ranking. Certains, dans cette liste, peuvent d’ailleurs espérer une qualification par le même biais.



Parmi les athlètes ayant réalisé les minima, on voit l’émergence de certaines disciplines. Le marathon, encore une fois. Un vent de douce folie souffle sur cette discipline, notamment chez les femmes. Un élan amorcé depuis cinq ans chez les hommes, mais qui est palpable depuis 2023 chez les femmes. On peut évoquer aussi l’historique qualification de Teura’itera’i Tupaia au javelot, l’émergence de la marche chez les femmes, avec une génération de folie, emmenée par Clémence Beretta.

Il manque ces grands champions

Maintenant, il manque à l’athlétisme français ce scoreur. On pourrait faire un comparatif avec un Thomas Ramos (rugby) qui ne tremble que rarement devant les perches. À Munich en 2022, pour la compétition qui devait lancer la marche vers les Jeux Olympiques, la France n’a décroché que neuf médailles. Loin des 24 de Zurich en 2014. Surtout, il n’y a eu aucun titre européen, et c’est vrai que cela faisait quelque peu tache à deux ans de Paris 2024. Normalement, l’affront devrait être lavé et les Français devraient, si tout se passe bien, établir un bien meilleur bilan qu’en Allemagne. Notamment certains qui pourraient franchir le cap de la première médaille internationale, comme ce fut le cas pour Jules Pommery ou Jean-Marc Pontvianne à Munich.

Justement, si on se replonge sur Zurich, il y a pile 10 ans, on s’aperçoit qu’il y avait quelques grands noms habitués aux médailles internationales. Mahiedine Mekhissi-Benabbad, triple médaillé olympique et double médaillé mondial. Yohann Diniz, champion du monde et vice-champion du monde. Renaud Lavillenie, quintuple médaillé mondial et champion olympique, Kevin Mayer, double champion du monde et double vice-champion olympique, Mélina Robert-Michon, médaillée olympique et double médaillée mondiale. Des athlètes, quand ils étaient alignés et au top, qui avaient la quasi-certitudes de décrocher des médailles. Certains sont encore là dix ans après, mais qui ont logiquement pris de l’âge. Surtout, la relève, pendant longtemps, il est vrai, a mis du temps à arriver. Elle est là aujourd’hui, bien décidé à prendre le relais.

Quelques disciplines creuses

Il reste quelques disciplines qui ont du mal à fournir des athlètes. Pour l’heure, en sprint (100, 200 et 400 m), seuls Pablo Matéo et Gémima Joseph (deux athlètes encore Espoirs l’an passé) ont réalisé les minima en vue des JO de Paris. Sur une discipline aussi universelle, ce n’est pas assez. Même si certains frappent fort à la porte derrière. La hauteur, la longueur, le poids, sont aussi des parents pauvres historiques de l’athlétisme français, sur la plus haute performance.

Également, et c’est récurrent depuis très longtemps, les femmes sont un peu plus à la traine. Quatorze femmes (pour 32 hommes) ont fait les minima. Les épreuves combinées, les lancers, les sauts notamment, sont encore très en retrait, par rapport aux hommes. La dernière médaillée au plus haut niveau international, reste Mélina Robert-Michon en 2017, aux Mondiaux de Londres. Seule Rénelle Lamote a été médaillée européenne en 2022 à Munich.

Journaliste et amoureux de sport. Ancien footballeur reconverti athlète quand ses muscles le laissent tranquille. Elevé à la sauce des exploits de Thomas Voeckler en 2004, du dernier essai de légende de Eunice Barber à la longueur lors des championnats du monde d'athlétisme de 2003 mais aussi Zidane, Omeyer et Titou Lamaison.

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