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Betclic Élite : Pascal Donnadieu et Nanterre, la plus belle success story du basket français

Maxime Cazenave

Publié le

Betclic Élite : Pascal Donnadieu et Nanterre, la plus belle success story du basket français
Photo Icon Sport

BETCLIC ÉLITE 2023-2024 – Ce lundi, la défaite de la JSF Nanterre à Bourg-en-Bresse a mis un terme à la plus belle histoire du basket français. Après 37 ans sur le banc nanterrien, où il aura fait passer le club des divisions départementales à des sommets improbables, Pascal Donnadieu n’est désormais plus entraîneur.

Lorsque l’on parle d’un match décisif en playoffs, les honneurs vont en toute logique avant tout à l’équipe gagnante. Ce lundi, la JLB Bourg a battu la JSF Nanterre à Ekinox dans un match 3 déterminant afin de se qualifier en demi-finales. Mais cette performance est secondaire. En effet, ce résultat signifie également que Pascal Donnadieu a disputé son dernier match sur les bancs du championnat de France, mettant ainsi fin à 37 années de règne dans les Hauts-de-Seine.

Ainsi, avant même de réellement célébrer leur victoire, la JL Bourg et ses supporters ont tout d’abord offert un ultime hommage à ce bonhomme de 59 ans, à la carrière digne des plus beaux scénarios hollywoodiens. Comme ce fut déjà le cas dans plusieurs salles, partout à travers la France, en cette fin de saison. Il faut dire que rarement un personnage n’aura autant fait l’unanimité, par son travail et sa personnalité. Le football a eu Guy Roux, figure incontournable de l’AJ Auxerre durant plus de quatre décennies. Le basket aura eu Pascal Donnadieu, architecte et grand manitou de la JSF Nanterre durant 37 longues années.



D’employé de banque, coach en départementale, à la Pro A

C’est en 1987 que son aventure a débuté. Son père, Jean, ancien joueur professionnel, et alors président du club place son fils à la tête de l’équipe première. Une équipe qui évolue alors dans l’anonymat total des divisions départementales, soit le plus bas niveau du basket tricolore ! Autant dire qu’à l’époque, rien ne destine cet employé de banque à venir faire la nique aux mastodontes tricolores et européens trois décennies plus tard. Et pourtant. En s’appuyant sur cet axe familial président – entraîneur, la JSF va réaliser l’impensable. Les pensionnaires de Maurice-Thorez réalisent un parcours miraculeux, sublimé par leur guide spirituel Pascal Donnadieu, pour se hisser en Pro B à l’été 2004. Cela grâce à dix promotions en l’espace de quinze ans



Vient alors la découverte du monde professionnel, le tout avec des moyens archaïques. Le rêve éveillé aurait pu s’arrêter là. Que nenni. Dès sa première saison, le club participe aux playoffs, et se maintient chaque saison. En 2007, Pascal Donnadieu passe tout près d’un exploit monumental en emmenant ses troupes jusqu’en finale de la Coupe de France. Devenu un club respecté, Nanterre se stabilise alors au deuxième échelon national. Donnadieu attire alors les regards, et pourrait franchir un cap dans une autre structure. Mais le bonhomme va finalement franchir tous ses caps avec le bébé qu’il a conçu.

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2013, le plus grand exploit du basket français

Toujours à l’affût pour flairer les bons coups et faire surperformer des joueurs, il parvient à obtenir la montée en 2011 avec un trident américain flamboyant : Nate Carter – Will Daniels – Mykal Riley. Le trio roule sur la Pro B et permet à Pascal Donnadieu et la JSF Nanterre de franchir un nouveau cap inespéré. Désormais, l’ancien club de Départementale, coaché par un employé de banque, s’apprête à se tirer la bourre avec les plus grands clubs de l’hexagone. Si Carter prend son envol, Daniels et Riley sont toujours là, bien entourés par un collectif constitué pour la majorité de revanchards. Résultat, la mayonnaise prend encore et toujours, la JSF décrochant une magnifique 11e place malgré un budget limité. 

Vient alors la deuxième saison en Pro A. Celle de la confirmation. Celle qui est considérée comme la plus délicate. Un adage qui va être balayé de manière époustouflante. Riley et Carter s’en vont, et l’équipe doit se trouver de nouveaux boss. Pour cela, Pascal Donnadieu va faire confiance à Trent Meacham, qui sort d’une saison à Boulogne-Levallois ou encore à l’inconnu (à l’époque) David Lighty. Autour d’eux, plusieurs roublards de la première saison sont déjà là, de Johan Passave-Ducteuil à  Xavier Corosine en passant par Stephen Brun. L’objectif naturel est donc le maintien. Cette saison ne va pas être de tout repos, mais le coach nanterrien va réussir à maintenir son groupe concerné et sous pression toute l’année pour aller arracher le 8e et dernier spot en playoffs. 

En parallèle, l’équipe dispute (et perd) sa deuxième Coupe de France. Débute alors le run le plus improbable de l’histoire du basket français. En quarts, Gravelines-Dunkerque, premier de la saison régulière, est passé à la moulinette, éliminé en deux manches. Puis en demi-finales, Chalon-sur-Saône vit le même calvaire. En finale, la SIG semble être l’équipe qui va mettre à terre cette anomalie. Mais il était écrit que rien ne pourrait arriver à Nanterre. Après un match 1 lourdement perdu, Nanterre remporte trois succès de rang. Le 8 juin 2013, la JSF Nanterre devient officiellement championne de France. Pascal Donnadieu est alors au sommet. 

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Donnadieu et la JSF à l’assaut de l’Europe

Cela lance alors quatre années absolument folles. Si les finales de Pro A ne seront jamais atteintes, l’Europe va désormais découvrir l’OVNI des Hauts-de-Seine. Le coach et son club participent à l’EuroLigue la saison suivante, et se confrontent au gratin du basket européen. Cela leur permettra notamment de signer une victoire exceptionnelle à Barcelone. Mais la marche était trop haute. En parallèle, cette Coupe de France qui se refusait jusque-là est enfin remportée. Trois ans plus tard, une deuxième sera ajoutée à l’armoire à trophées.

Lors de la saison 2014-2015, l’EuroChallenge (ancêtre de la FIBA Europe Cup) leur est proposé. Avec le retour de Mikal Ryley ou encore les arrivées de Jamal Shuler et TJ Campbell, la JSF signe une nouvelle étonnante page de son histoire en allant jusqu’au bout. En finale, ils surpassent Trabzonspor d’un seul point grâce à un buzzer beater inoubliable de TJ Campbell. Deux ans plus tard, bis repetita. Sous l’appellation Europe FIBA Cup, la JSF fait la passe de deux. Au sommet de son art et désormais reconnu unanimement par tous les acteurs et suiveurs du basket français, Pascal Donnadieu intégrera le staff de l’équipe de France dirigé par Vincent Collet en parallèle au boulot formidable réalisé avec la JSF.

Les JO en ultime défi, du costume de coach à celui de directeur sportif

Depuis 2017, son palmarès exceptionnel ne s’est pas agrandi. La faute à une concurrence de plus en plus accrue, et de plus en plus féroce financièrement. Et cela malgré une ultime finale de Coupe de France en 2023, ainsi qu’une finale de Leaders Cup cette saison. Au passage, il aura également lancé une flopée de joueurs talentueux qui ont rayonné en France comme en dehors. Le meilleur exemple étant évidemment Victor Wembanyama, lancé à la JSF avant de ravager l’Hexagone aux Metropolitans. Si le soir de la Draft, le commissionnaire de la NBA Adam Silver a annoncé Nanterre comme lieu de provenance pour présenter le phénomène, ce n’était pas un hasard. Un passage à Nanterre avec Pascal Donnadieu marque le joueur.

Désormais, à bientôt 60 ans, il lui reste encore quelques matchs à passer sur le banc, dans la peau d’un adjoint des Bleus, lors des Jeux Olympiques cet été. Après cela, nous aurons toujours le bonheur de l’apercevoir à Maurice-Thorez, mais dans la peau d’un directeur sportif. Le nom du père, Jean, est déjà gravé dans la salle nanterrienne. Celui de Pascal le sera également. Son frère, Frédéric, ayant pris la suite du père à la présidence depuis 2021, la famille Donnadieu est donc encore dans le coin pour un moment à Nanterre. Pour le plus grand bonheur des fans du club, mais aussi du basket français. La success story de Pascal sur le banc est terminée, mais l’avenir du club s’annonce toujours rayonnant. Pour la succession, son adjoint Philippe Da Silva, en place depuis 2018, prendra la relève, et aura la tâche délicate d’assurer la succession. 

Peu importe le club que l’on supporte, les affinités que l’on a, les suiveurs du basket français auront toujours une sympathie particulière pour la JSF Nanterre. Et cela, grâce à Pascal Donnadieu, et aux émotions procurées par ce parcours irréel. Bravo et respect M. Donnadieu, le microcosme vous en sera éternellement reconnaissant.

Journaliste/Rédacteur depuis 2012 - Bercé par l’amour des Girondins de Bordeaux, les échecs de Christophe Moreau sur le Tour de France sous l'ère Lance Armstrong et le fade-away létal de Dirk Nowitzki, ma passion dévorante pour le sport a toujours été un pan incontournable de ma vie. Transmettre ma passion à l’écrit a été une transition naturelle. Suiveur assidu de basket et de hockey sur glace, je garde toujours un peu de place pour suivre le cyclisme, le football et le maximum de performances françaises.

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