Tennis
Dopage : Le médecin ayant analysé les cheveux de Simona Halep s’insurge contre sa suspension

TENNIS – CIRCUIT WTA – Dans une interview accordée à L’Équipe, le médecin Jean-Claude Alvarez s’est insurgé contre la suspension infligée à Simona Halep. Après avoir analysé les cheveux de cette dernière, il est convaincu que la Roumaine a été victime d’une contamination, comme elle l’a clamé.
L’affaire de dopage autour de Simona Halep risque de faire encore beaucoup parler au cours des prochaines heures et jours. Mardi, l’Agence Internationale d’Intégrité du Tennis (ITIA) a prononcé une suspension de quatre ans contre l’ancienne numéro une mondiale. Depuis le 21 octobre 2022, elle avait été suspendue provisoirement suite à un contrôle positif au Roxadustat lors du premier tour de l’US Open. Un premier tour qu’elle avait d’ailleurs perdu face à une qualifiée, Daria Signur.
« Il faut m’expliquer pourquoi prendre un produit à des doses non efficaces ? »
Depuis, la joueuse roumaine s’est toujours défendue en gardant la même ligne de défense : cette substance a été ingérée de manière intentionnelle via un complément alimentaire contaminé par la substance. Quelques heures après sa suspension, elle vient de recevoir un soutien de poids. Directeur du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches, Jean-Claude Alvarez a décidé de prendre la parole dans L’Équipe en mettant les choses au clair : « On condamne une innocente ». Sollicité par la joueuse, ce dernier a effectué une batterie de tests différents pour prouver l’innocence de Simona Halep. Il développe ainsi son argumentaire, en mettant en avant la dose infime retrouvée dans ses cheveux.
Simona Halep m’a contacté, car je suis expert judiciaire à la cour de cassation et que je travaille à l’université Paris-Saclay qui est en pointe sur ces questions. Elle est venue au laboratoire de toxicologie du CHU de Garches, je lui ai fait un prélèvement de cheveux. Elle avait un taux très bas, moins de 0,5 picogramme par milligramme dans ses cheveux. Je suis donc allé prélever la seule patiente qui a un traitement avec cette molécule en France et j’ai testé l’un de ses cheveux et elle a des concentrations de 50 picogrammes par milligrammes. Quelqu’un qui en prend de manière efficace pour un traitement, il a donc 50 picogrammes. Ça prouve qu’elle a pris des doses qui ne sont pas du tout efficaces. Il faut m’expliquer pourquoi prendre un produit à des doses non efficaces ?
RT @lequipe Jean-Claude Alvarez, qui a expertisé les échantillons de Simona Halep : « On condamne une innocente »https://t.co/4GEun3DLa5
— Michaël (@PSGInna) September 13, 2023
La poudre de collagène responsable d’un taux de roxadustat anormal
Ainsi, M. Alvarez a ensuite cherché à comprendre d’où pouvait venir cet excédent, et semble avoir trouvé le coupable. « J’ai alors demandé à Simona Halep de me fournir tout ce qu’elle avait pris dans les derniers jours avant son contrôle. On a tout analysé pour voir où on trouvait une contamination. Et on en a trouvé dans la poudre de collagène qu’elle utilisait. On a renouvelé 14 fois l’expérience et ça a été 14 fois positif ». Pour enfoncer le clou, il a mené une expérience auprès d’une de ses collaboratrices pour prouver par a+b ses propos. Et par ailleurs réfuter les propos de l’ITIA.
« J’ai fait une expérience avec une collaboratrice en lui faisant prendre pendant six jours la même poudre de collagène comme Simona Halep l’a fait. J’ai fait des prélèvements d’urine du premier jour jusqu’au 6e jour. Sur 35 échantillons, 7 sont positifs. Ça prouve qu’en prenant cette poudre, on peut être positif au roxadustat. Ça ne peut pas continuer comme ça », estime-t-il.
Cette intervention va sans doute faire parler, et annonce également que l’affaire est loin d’être terminée. Simona Halep a fait appel de la décision la suspendant pour quatre ans, et continuera de se défendre.