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Cyclisme sur route 2025

Édito : Y aura-t-il un avant et un après Étoile de Bessèges 2025 ?

Olivier Dobiezynski

Publié le

Y aura-t-il un avant et un après Étoile de Bessèges 2025
Photo Icon Sport

ÉTOILE DE BESSÈGES 2025 – Après les failles organisationnelles constatées sur la course gardoise cette semaine, il est temps désormais de faire un état des lieux des enjeux et des répercussions de cette affaire sur le monde du cyclisme

Jeudi 6 février, sur les routes du Gard. Les coureurs entament le dernier tronçon de la 2ème étape de l’Étoile de Bessèges. À quelques 15 km de l’arrivée située à Marguerittes, stupeur au sein du peloton quand une voiture arrivant à contresens fonce droit sur eux, provoquant indirectement une chute massive. Maxim Van Gils abandonne, Jordi Meeus et Ryan Gibbons tombent lourdement. Le pire est évité, mais certaines voix s’élèvent déjà pour dénoncer une grossière faute de l’organisation qui touche à la sécurité.

Récidive le lendemain

Malheureusement, l’incident se reproduit le lendemain en début d’étape sous une pluie battante. Cette fois-ci, le peloton met pied à terre et proteste vivement. Pour huit équipes, c’en est trop, et on ne repartira pas. Red Bull-Bora-Hansgrohe, EF Education-EasyPost ou encore Decathlon AG2R La Mondiale font partie des équipes restant à quai. Ainsi, un peloton d’une soixantaine de coureurs seulement repart à l’abordage, soit la moitié de la startlist qui disparait.

En outre, pour ne rien arranger, de multiples étapes sont modifiées tout au long de l’édition, via notamment des raccourcissements. Une véritable balle dans le pied que se tirent les organisateurs alors que la course proposait un plateau fort alléchant et commençait à trouver sa place comme course de préparation dans le calendrier de la saison cycliste.

Mais alors, qui incriminer ?

Pourtant, au sein du peloton, les avis divergent. Quand Dries De Bondt ou Oier Lazkano montent au créneau pour dénoncer des failles sécuritaires inacceptables, certains comme Arnaud De Lie dédouanent en partie l’organisation de ses responsabilités. « Sans les courses, on ne peut pas exercer notre métier » reconnait-il prudemment, ajoutant que le comportement des usagers est tout autant à mettre en cause. Il convient aussi largement de la difficulté dorénavant pour les organisateurs de tout sécuriser, du moindre dos d’âne aux ronds-points dangereux, le tout avec un manque de moyens parfois considérable.

Néanmoins, il est difficile de ne pas sortir le carton rouge pour les événements de cette semaine. Oui, cette voiture n’aurait jamais dû passer dans le secteur au moment où 120 bonhommes déboulent à 50 km/h en pleine préparation d’un sprint. Aussi, la décision de certaines équipes de se retirer paraît tout à fait compréhensible. Pourquoi risquer des dommages collatéraux et pourquoi risquer de perdre son leader pour la saison ? Envoyer un signal fort en quittant la course est une option comme une autre. Tout comme repartir pour sauver la course ! Quitte à se retrouver avec un peloton décimé.

Au-delà du Bessegesgate, des enjeux considérables pour l’avenir

Une chose est sûre : cet épisode gardois pourrait laisser des traces. Bien au-delà du risque de la disparition pure et simple de l’Étoile de Bessèges, déjà dramatique en soi, c’est toute la survie des petites courses hors circuit WorldTour et Pro qui est mise en jeu ici. Pourtant, l’intérêt de ces courses est multiple, même pour les équipes calibrées pour le WorldTour. Premièrement, elles servent souvent de courses de préparation fort utiles (à l’image de Burgos, du Tour de l’Ain, du Tour de Slovénie etc). Ensuite, elles permettent de voir d’autres coureurs briller issus de divisions inférieures ou même de structures Développement des grosses structures. L’occasion donc de découvrir le haut niveau en douceur. Enfin et surtout, ce sont essentiellement ces courses qui font vivre les petites équipes continentales.

Car ne nous le cachons pas : le cyclisme marche clairement par pyramide. Un système fragile certes, mais qui a fait ses preuves. Aussi, la disparition des petites courses faute de moyens pour assurer la sécurité ou même simplement pour organiser l’épreuve serait un drame absolu pour l’équilibre du système actuel. Toute idée de ligue fermée avec une poignée de courses prestigieuses et une vingtaine d’équipes concernées doit faire l’objet d’une contestation unanime de la part de nous tous, du monde amateur aux suiveurs en passant par les acteurs et actrices du métier. Mais après tout, peut-être que l’UCI, qui défend à demi-mot cette idée, souhaite une refonte complète du système, sonnant ainsi le glas à la fois de nombres d’équipes et de la majorité des courses du calendrier.

Depuis le milieu des années 90, la passion du cyclisme m'anime. Mes héros s'appellent Luc Leblanc, Piotr Ugrumov, Paolo Savoldelli, Peter Sagan et bien évidemment Romain Bardet. Rédacteur depuis 2023, je suis ici pour partager cet amour de la Petite Reine. Vous pourrez me lire également sur du trail, du ski de fond et tout autre sujet susceptible d'éveiller ma curiosité sportive.

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