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Football

Ils ont dit au revoir au titre à la dernière journée

Jordane Mougenot-Pelletier

Publié le

Ils ont dit au revoir au titre à la dernière journée
Photo via Planet PSG

La dernière journée de Ligue 1 se joue ce soir et rien n’est fait dans la course au titre. Lille et Paris restent encore à départager et le LOSC semble partir avec un avantage. Mais rien n’est fait pour eux comme nous l’indique l’histoire. Morceaux choisis de presque champions en larmes et de vrais champions qui rient.

Nîmes, les regrets de la dernière journée

A la fin des années 1950 et au début des 1960, Raymond Poulidor n’avait pas encore gagné sa réputation d’éternel second. Un club de football aurait cependant pu prétendre à ce titre, le Nîmes Olympique. Entre 1957 et 1962, les Crocos ont fini trois fois deuxièmes de D1 et deux fois finalistes de Coupe de France. Aucun titre donc mais une empreinte forte dans le paysage footballistique français de l’époque.

A la fin de la saison 1961-1962, Nîmes a bien failli faire mentir sa réputation. Alors qu’il reste 7 journées à disputer et que la victoire compte pour 2 points, les Gardois sont de solides premiers. Ils comptent quatre points d’avance sur le Racing Paris et cinq sur le Stade de Reims. Hélas pour eux, les Nîmois nîment et les voilà à disputer une dernière journée décisive pour le titre. Une seule mission : gagner contre le Stade Français, 13è de D1 et sauvé depuis belle lurette.

Paroxysme de la loose, Nîmes s’incline 1-0, but de Skiba vendu au Stade Français par… Nîmes. Le championnat de France sera finalement attribué au Stade de Reims au détriment du Racing. Les deux clubs ont 48 points – Nîmes finira avec 47 – et sont départagés par une règle inédite. Rien n’avait été prévu pour solutionner une telle situation et c’est finalement la moyenne de buts inscrits qui est retenue. Pour 18 millièmes, c’est bien Reims qui triomphe.

Marseille et la haine à distance

Il s’en trouve aujourd’hui pour contester la rivalité entre Marseille et le Paris Saint-Germain. Pour eux, c’est un derby monté de toutes pièces par Canal Plus et Bernard Tapie. Surtout, les deux clubs ne jouent plus dans la même cour et l’OM n’aurait plus les moyens de rivaliser en quoi que ce soit avec le PSG. Si on avait dit ça aux supporters des deux camps dans les années 1990, ils s’en seraient certainement payé une bonne tranche.

Pour artificiel que soit le clasico français, il n’en a pour autant pas moins livré de matchs aux enjeux phénoménaux et à la tension exacerbée. Tout était alors bon pour embêter l’autre le plus possible. Même quand les deux clubs ne se rencontraient pas directement. Preuve en est cette ultime journée du championnat de D1 1998-1999. Les Girondins de Bordeaux et l’Olympique de Marseille peuvent encore prétendre au titre et se déplacent réciproquement à Paris et à Nantes.





A la Beaujoire, les Marseillais font le travail et gagnent 2-0. Ils croient au titre jusque dans les dernières secondes du match entre Bordeaux et Paris qui n’arrivent pas à se départager. Dans les arrêts de jeu, Pascal Feindouno inscrit le but libérateur qui donne l’avantage et le titre à Bordeaux. Hourras dans les travées du Parc des Princes, l’ennemi ne sera pas champion.

Bayer Leverkusen, une fin de saison en enfer

On connait la FFL : la Fédération Française de la Loose. En 2002, Michael Ballack aurait pu à lui tout seul créer la Fédération Allemande du même nom. Solide leader avec le Bayer Leverkusen de Bundesliga, ils comptent à la 32ème journée 5 points d’avance sur leur dauphin de Dortmund. C’est par ailleurs un conte de fées pour MB et Leverkusen qui peuvent rêver d’un triplé fabuleux : ils sont toujours en course en Coupe d’Allemagne et en C1.

Et patatras. Le cycle infernal de la loose est activé. Deux défaites de rang contre le Werder puis contre le modeste Nuremberg et voilà Dortmund qui passe devant. La victoire 2 buts à 1 contre le Herta Berlin à la dernière journée n’y changera rien, Leverkusen repart brocouille. Encore plus terrible, les hommes de Toppmöller perdent la finale de la Coupe d’Allemagne et la finale de la C1. Quelques mois plus tard, Ballack perdra en finale de Coupe du monde. De quoi le décider à aller à Munich.

Lens, finaliste malheureux de la dernière journée

Il aura fallu 12 journées consécutives pour que Lens perde la tête du championnat de France. Malheureusement pour les Sang et Or, au plus mauvais moment. C’est bien lors de la dernière journée de ce qui est encore la Division 1 que Lens va céder son trône à Lyon pour un début de règne en fanfare. Avant le match, c’était une situation inédite que les deux prétendants au titre suprême se rencontrent directement.

A Gerland on n’a pas le temps de souffler : 14 minutes après le coup d’envoi, Lyon mène déjà 2-0. Merci Govou et Violeau. On pense que le karma va s’inverser quand Jacek Bak, passé par Lyon en début de saison, marque contre son ancien club. Mais Pierre Laigle met tout le monde d’accord et à commencer par Guillaume Warmuz qu’il lobe. 3-1, Lyon est champion de France. Les hommes de Joël Müller accusent le coup et ne se remettront jamais tout à fait de ce coup dur. Pour Lyon, c’est le début d’une ère.

Manchester United et la passation de pouvoir

A l’Etihad Stadium le 13 mai 2012 on fulmine. Les supporters de Manchester City n’en reviennent pas de devoir céder le titre. Ce sont les forbans de United qui semblent devoir le récupérer, comme l’année précédente. L’adversité n’est pourtant pas insurmontable, sans manquer de respect aux Queens Park Rangers. On attaque les arrêts de jeu, les Londoniens mènent toujours 2 buts à 1. On théorise déjà : la force de l’habitude, un palmarès ne se construit pas qu’avec de l’argent.

92ème minute : corner de David Silva. Il y a un géant bosnien dans la surface de réparation. Edin Dzeko met un coup de casque et ça fait 2-2. 94ème minute : Balotelli pour Agüero, but. Manchester City est champion d’Angleterre et Roberto Mancini après la Cup de l’an passé une légende bleue et blanche. Pour United, c’est décidément une drôle de saison puisqu’elle voit triompher le voisin honni et parce qu’elle fut jouée sans Van der Sar, Neville et Scholes. Comme une impression de fin de règne, ce que le départ de Sir Alex Ferguson et le dernier titre à ce jour remporté la saison suivante viendront confirmer.

Pour City, c’est l’aube d’une période faste : quatre championnats, une Cup, six League Cups et deux Community Shield. En attendant la C1 ?

Journaliste/rédacteur depuis mai 2018 - Dans mon sang coule à la fois le feu des penne à l'arrabiata et la glace du Grand Colombier. Amoureux des belles lettres et des Talking Heads, je supporte un club olympique. Intéressé par les relations qu'entretient le sport avec la société, je m'intéresse autant à Marc Cécillon qu'à Pep Guardiola, à Tonya Harding qu'à Philipp Roth. Enfant des 90's, on ne me fera pas croire qu'il y a eu plus beau à voir depuis Zinédine Zidane, Marco Pantani et Pete Sampras. La béchamel est une invention du diable, la Super Ligue aussi.

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