Nous suivre

Championnats du monde d'athlétisme 2023

Mondiaux d’athlétisme 2023 : Kevin Mayer abandonne le décathlon

Avatar

Publié le

Mondiaux d'athlétisme 2023 Kevin Mayer abandonne le décathlon
Photo Icon Sport

CHAMPIONNATS DU MONDE D’ATHLÉTISME 2023 – C’était en balance, après deux épreuves, Kevin Mayer a annoncé mettre fin à son décathlon. Le champion du monde sortant est touché au tendon d’Achille.

Il a tout tenté, mais il n’a pas pu aller au bout de son pari. Déjà pessimiste mardi lors de son point presse, Kevin Mayer avait indiqué qu’une décision serait prise avant le 100 m, auquel il voulait à tout prix participer, puis après chaque épreuve. Il n’y en aura donc eu que 2 : le 100 m et la longueur.

Son entraîneur Alexandre Bonacorsi a été le premier à se présenter en zone mixte.

Ce qui est bizarre c’est que la séance de mercredi qu’on a fait ici pour tester, je trouvais qu’il appuyait fort dans le sol, c’était bien, ça allait. Ce matin sur le 100 m je l’ai trouvé assez craintif sur la foulée, de l’appréhension. En en discutant avec lui c’était loin d’être volontaire de sa part. Lui il avait l’intention d’y aller mais je pense que son corps était un peu inhibé, s’est protégé de lui-même. Le problème que ça a engendré c’est qu’en se protégeant d’appuyer moins fort sur le tendon, les perfs chutent. Et au-delà de ça, ça crée des tensions un peu ailleurs parce que tu compenses à droite, à gauche. T’as le dos qui tire parce que tu ne cours pas forcément droit. T’as l’ischio opposé qui tire aussi. Et ça, ça m’a trop rappelé Doha où il se pète l’ischio en ayant compensé du tendon. Quand il m’a dit ça, c’est là que la décision a été facile à prendre. Il a l’expérience et tiré les conclusions de Doha.

« C’est difficile d’abandonner »

Ma jambe gauche ne faisait pas le même travail que la jambe droite. C’est difficile d’abandonner. Tout le monde dit que le décathlon c’est difficile mais essayez de l’abandonner quand vous êtes autant à fond que moi. A chaque saut je me disais « encore un petit dernier ». Au-delà des médailles, qu’est-ce que je vibre à chaque fois que je suis dans un championnat. Tout ce qui est fait est pris et n’est plus à prendre. J’ai un réglage sur 100 m, des réglages sur longueur en grand championnat et je m’en servirai pour l’année prochaine.

J’ai l’impression que c’est une tradition maintenant : je rate Pékin, je rate Doha, je rate Budapest. Avant chaque Jeux Olympiques peut-être mon corps ou une puissance divine stoppe mon corps mais c’est hallucinant quand même. Je suis en paix avec moi-même sur mon choix, je suis en paix avec ce que j’ai fait. J’ai bossé comme un taré.

Interrogé sur la facilité à prendre la décision d’abandonner, ils ont été unanimes :

Ça a été assez simple. De toute façon il y a le prisme des Jeux Olympiques à Paris dans 11 mois. Je sais qu’il comptait sur nous ses proches pour l’arrêter en temps voulu si besoin. Et ça a été le cas facilement.

Je suis content qu’il ne soit pas allé aussi loin qu’à Doha dans la douleur. Il sort du championnat en état. On ne repart pas sur de la guérison, des soins, de la réathlétisation. Son corps est inflammé mais pas cassé de partout.Alexandre Bonacorsi

On ne va pas se cacher, c’était comme à Doha. Je sais que je n’aurais pas pu finir. Je commençais à avoir des tensions à des endroits où j’en ai pas d’habitude parce que ma jambe gauche ne faisait pas son taf.



La frustration est incroyable. Chaque fois que j’en parle, je retombe dedans. Pour arrêter à la longueur, pour dire « j’arrête », j’avais envie de vomir ces mots.Kevin Mayer

Alors est-ce que ça valait le coup de débuter ce décathlon ? Au départ du 100 m, le Français s’est mis « en mode Jeux Olympiques ». Il s’est imaginé dans 1 an à Paris. Il y avait des Français qui l’encourageaient (un peu lourdement à son goût), et il s’est projeté en imaginant cela dans tout le stade. Et comme on l’a vu, il fait un bon départ même si ses 30 m derniers mètres n’étaient pas terribles mais au niveau d’un premier 100 m depuis Eugene, dans ces conditions.



Même son de cloche pour son entraineur : « Il apprend encore sur lui-même aussi. C’est une expérience, c’est un apprentissage. C’est un gros championnat. Il y a un peu de monde, le public est connaisseur, il y a de la chaleur. C’est quelque chose que tu appréhendes, c’est intéressant. Il y a toujours des enseignements à tirer. Et en plus il ne repart pas cassé dans tous les sens. Pour moi c’était judicieux ».

Réconforté par des petites tapes sur l’épaule des quelques décathloniens qui passent en zone mixte après le lancer du poids, Kevin Mayer se projette maintenant sur l’avenir. S’il va digérer la déception avec ses proches ayant fait le déplacement, c’est aussi en pensant à Paris qu’il n’a pas voulu continuer.

Direction Paris 2024

L’objectif est donc maintenant les Jeux Olympiques pour lesquels Kevin Mayer n’est pas qualifié. Depuis 2016, le Français n’a jamais fait 2 décathlons dans la même année. Il y sera contraint l’année prochaine. Mais ne semble pas inquiet.

Aujourd’hui j’ai beaucoup moins peur pour les minimas parce que je sais que dans 2 mois mon tendon ça sera réglé et que je vais pouvoir aller chercher un petit décathlon sympa dans un endroit sympa. Petit ou gros même. De toute façon va falloir bosser parce qu’on a un petit Allemand qui est on fire et ça donne envie.

Pas d’inquiétude non plus pour Bonacorsi qui souligne qu’en 2016 il les avait fait en mai et pour Tokyo en décembre. Et il avait anticipé et a déjà commencé à rechercher des compétitions dans l’hémisphère sud en décembre ou en janvier du côté de l’Australie à Brisbane. Les 17 et 18 février il pourrait être en Nouvelle-Zélande ou aux États-Unis où sont organisés 2 décathlons sur la Côte Ouest début avril. Un seul mot d’ordre : réaliser ces minima le plus tôt possible puisque le décathlonien aime se débarrasser de cette tâche pour « avoir le temps de voir venir ».

Après des vacances méritées et sans athlétisme, le Français devrait pouvoir reprendre à fond en octobre.

À lire aussi

Journaliste/rédactrice depuis septembre 2015 - Supportrice de Chelsea, j'ai pour sports de prédilection le handball, l'athlétisme et le tennis. Si je tweete plus vite que mon ombre, vous pouvez aussi me retrouver les week-ends sur les playgrounds de Bruxelles pour un petit foot ou basket entre potes. Parcourir la France, l'Europe et plus si affinités pour suivre mes sportifs préférés ? Mon kif ! Et c'est avec plaisir que je partage les résultats des sports populaires mais également plus confidentiels pour Dicodusport.

Clique pour commenter

Laisser un commentaire

Vos commentaires sont pris en compte mais ne s'affichent pas actuellement suite à un souci technique.


Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *