Nous suivre

Rugby à XIII

Payne Haas, le phénomène du rugby à XIII qui plaît au Top 14

Nicolas Jacquemard

Publié le

Photo NRL

RUGBY À XIII – À 23 ans, Payne Haas est déjà au sommet de son art, avec des performances qui dépassent largement le cadre de la NRL et du rugby à XIII

Si son nom ne vous dit peut-être rien, les recruteurs de toutes les plus grandes équipes, rugby à XIII et rugby à XV confondus, savent très bien qui il est. Pendant les prochains mois, il va être le joueur de rugby le plus convoité au monde, puisque son contrat se termine en novembre 2024 avec les Brisbane Broncos. 1m95 pour 120 kg, voici Payne Haas !

Une anomalie de la nature

Annoncé comme un crack dès son plus jeune âge grâce à son gabarit impressionnant, Payne Haas est en fait une anomalie de la nature. Un physique incroyable qu’on ne voit presque jamais. Et qui ne peut se résumer à ses gros bras. Si la NRL a déjà vu des gabarits impressionnants à la pelle dans son histoire, aucun ne pouvait se vanter d’avoir les autres attributs du pilier des Broncos. Un cardio incroyable pour un homme de cette corpulence, qui lui permet de jouer plus de 60 minutes chaque semaine en NRL, quand les autres à son poste se contentent au mieux de 50 minutes. Il faut ajouter à cela une aisance balle en mains qui lui permet notamment de réaliser des offloads incroyables.

Durant ses quatre premières saisons, son rendement impressionne. Cependant, son équipe n’est pas vraiment au niveau de son phénomène. Mais Payne Haas reste fidèle aux Broncos malgré des désaccords. Il va les faire grandir en même temps qu’il continue de perfectionner sa panoplie déjà dingue. Sa saison 2022 est sa meilleure, et on se dit qu’il ne peut pas réellement aller plus haut tant il domine déjà son sport. Et pourtant ! Malgré une intersaison marquée pour un contexte familial très compliqué, il va encore réussir à mettre le curseur plus haut, et les statistiques de son début de saison 2023 donnent le tournis.

YouTube video

Sa place dans l’histoire

Aujourd’hui, Payne Haas est le meilleur pilier du monde à XIII, sans discussion possible. Mais par rapport à ses aînés, où se place-t-il ? En regardant dans le rétroviseur, on se rend compte que les Brisbane Broncos ont une grande tradition à ce poste. Sur les quatre meilleurs piliers de ces 30 dernières années (le choix est totalement partial), trois sont passés par les Broncos. Glenn Lazarus, 1m88, 115 kg, a fait partie de la dynastie des Canberra Raiders avant de rejoindre les Broncos, puis de finir sa carrière au Storm. Il est le seul joueur à avoir été champion avec trois clubs différents. Haas était très fort du haut de corps, rude à l’impact et mobilisait plusieurs défenseurs sur ses prises de balles.

Il croisa sur sa route Shane Webcke, 1m83, 112 kg. Plus mobile, plus puissant, un guerrier qui a joué une finale avec un bras cassé protégé par une protection spéciale en mousse. Il était capable de libérer et de mettre de gros impacts en défense. Quand Lazarus s’en alla, Petero Civoniceva fut l’acolyte de Webcke. Le joueur fidjien d’1m93 pour 116 kg était le soldat parfait. Infatigable, ces prises de balle étaient aussi lourdes, à la première minute comme à la dernière. Il pesait sur les défenses grâce à sa constance et sa propreté.





Et Payne Haas dans tout ça ? Aujourd’hui, on pourrait lui attribuer toutes ces qualités. Avec en plus, un cardio hors norme. À l’image de Steve Price, pilier des Dogs et des Warriors, capable de jouer 80 minutes et d’aligner des lignes statistiques incroyables. Oui, mais voilà. Price faisait 107kg. Ces qualités techniques, cette science du jeu, cette discipline avec ce gabarit, c’est du jamais vu. Tous les piliers cités plus haut ont emmené leurs équipes jusqu’au titre. C’est dire l’importance de ce poste en rugby à XIII. On en attend pas moins de Payne Haas.

Payne Haas au presque parfait

L’essai inscrit face aux Tigers il y a quelques semaines (voir la vidéo ci-dessus) est un symbole de sa domination. Payne Haas s’occupe de tout. D’abord, une course tranchante alors qu’il démarre arrêté avec une magnifique libération malgré deux défenseurs sur le dos. Pas le temps de reprendre son souffle, qu’il prend le ballon derrière le tenu et marque avec un énorme bump face à plusieurs défenseurs. Et le plus marquant sur cette action est finalement le fait que tout semble si simple et naturel pour le joueur de 23 ans. La concurrence ne parvient pas à l’arrêter et sur chacune de ses courses, il mobilise trois défenseurs. Quand ils ne sont que deux, on voit le résultat.

En 2023, Payne Haas a disputé huit matchs lors desquels il a cumulé pas moins de 211 plaquages réussis sur 213 tentés pour plus de 99% de réussite. Il faut ajouter à cela 1 1553 mètres gagnés ballon en mains, soit près de 191 mètres gagnés par match avec en moyenne, 18 courses. Et le plus fou, c’est que sur ce chemin parcouru avec le ballon, il y a 593 mètres après contact. Il est aussi le meilleur de la NRL dans ce domaine. Oui, Payne Haas gagne près de 75 mètres par match après avoir été plaqué par ses adversaires. C’est dire à quel point il est compliqué à faire tomber. On pourrait parler aussi de ses deux offloads de moyenne par match, ou de ses 5,5 plaquages cassés à chaque sortie. Mais le talent du pilier de Brisbane ne peut pas se résumer à des statistiques.

YouTube video

Payne Haas a-t-il des limites ?

Le pilier australien marche sur ses adversaires en remportant presque tous ses duels, peu importe le nombre d’adversaires qu’il a sur le dos. Surtout, il ne perd jamais le ballon. Un seul en-avant en neuf matchs et plus de 160 courses cette saison. Irréel ou presque. Payne Haas, c’est monsieur propre ! Pour en finir concernant ses qualités, même si on pourrait encore les énumérer sur de longues lignes, il n’est pas avare d’efforts défensifs pour combler les brèches de ses partenaires, et sa vitesse de pointe (oui, il court vite pour un joueur de 120 kg, voir vidéo ci-dessus), lui permet de régulièrement jouer au pompier de service.

En NRL, il n’a pas d’égal. Aucun autre joueur n’est capable d’avoir son rendement. Et surtout de le faire pendant autant de temps sur un même match. Son corps le laissant relativement tranquille pour le moment, et ce même si son épaule et sa cheville ont un peu sifflé récemment, il va atteindre la barre des 100 matchs NRL cette saison. À seulement 23 ans. La saison 2023 pourrait aussi être l’année de son premier titre, puisque les Broncos réalisent un excellent début de saison et sont en tête du championnat après huit journées, avec sept victoires et une défaite. Le chemin est encore long, mais c’est une vraie possibilité.

Le potentiel pour performer à XV ?

On le sait, le passage du XIII au XV n’est pas toujours une réussite. Par le passé, on a vu des échecs, mais aussi de belles réussites comme Sonny Bill Williams et plus récemment, Semi Radradra. Et sans manquer de respect à ces deux immenses champions, Payne Haas est encore à un autre niveau au même âge. Physiquement, il n’a pas d’égal dans les deux codes pour toutes les qualités énumérées un peu plus haut. S’il venait à passer à XV, le poste de troisième ligne centre lui irait comme un gant, et lui permettrait de ne pas avoir à apprendre la mêlée (le numéro 8 ne pousse pas ou presque). En touche, il serait utilisé comme un porteur, et cela devrait être dans ses cordes.

Le vrai enjeu serait donc son adaptation entre les tenus du XIII et les rucks du XV. Les médias australiens évoquent de potentielles offres à plus d’un million d’euros la saison de la part de clubs de Top 14 pour s’offrir Payne Haas. Sur le papier, cela peut sembler fou. Mais s’il réussit son adaptation, il ne sera plus seulement le phénomène du rugby à XIII. Il postulerait tous les ans pour le titre de meilleur joueur à XV. Car oui, cet homme n’est pas de la race des humains et des athlètes comme lui.

Passionné de sport et entrepreneur depuis mes 18 ans, la création de Dicodusport m'a semblé évidente pour participer à la médiatisation d'un plus grand nombre de sports. Le chemin est long mais avec une équipe des plus motivées et les Jeux Olympiques de Paris 2024 en point de mire, nous y arriverons ! Journaliste dans le monde du sport depuis plus de 5 ans, je traite aussi bien de football, de rugby, de biathlon que de cyclisme.

Clique pour commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *