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Basket-ball

Valériane Vukosavljevic : « Je joue aujourd’hui le meilleur basket de ma carrière »

Maxime Cazenave

Publié le

Valériane Vukosavljevic  « Je joue aujourd’hui le meilleur basket de ma carrière »
Photo Icon Sport

BASKET / EUROLIGUE FEMMES – Revenue de sa pause maternité en fin de saison dernière avec Basket Landes, Valériane Vukosavljevic a ensuite rejoint Prague l’été dernier, deux ans après l’avoir quittée. L’internationale tricolore s’éclate en République Tchèque, et vise une victoire en EuroLigue, avant l’objectif ultime en Équipe de France cet été : la médaille d’or à l’EuroBasket 2023. Depuis la capitale tchèque, l’ailière de 28 ans s’est confiée : sa saison à Prague, les prochaines échéances en bleu mais aussi la maternité et sa ville natale de Bordeaux. Enjoy !

L’été dernier, tu as fait le choix de retourner à Prague après deux ans à Mont-de-Marsan, pourquoi ce changement ?

J’étais encore sous contrat avec Basket Landes mais comme j’avais de bonnes sensations, je voulais voir s’il était possible d’aller dans une grande écurie européenne. A la fin du Final Four précédent, Prague m’a recontacté. Avec mon mari et ma fille, on a fait le choix de repartir sur une ville qu’on connaissait, et un club avec de grandes ambitions. C’est un club que je connaissais déjà donc ce n’était pas négligeable dans mon choix. J’avais également refusé un contrat auparavant en raison de ma maternité. Je pense qu’ils ont apprécié que je les prévienne de ce projet de maternité et donc ils m’ont refait une offre une fois que cela a été terminé.

En championnat, sans peser mes mots, vous réalisez un carnage. Comment expliques-tu cette différence abyssale entre Prague et le reste des équipes ? N’est-ce pas frustrant parfois de ressentir cette outrageuse domination lorsque vous gagnez très largement ?

Alors non, puisque cela me convient très bien. Ça a été un des bons arguments dans mon choix de retourner à Prague. La République Tchèque n’est pas un pays aussi grand que la France par exemple. Les déplacements se font sur la journée et il n’y a pas besoin de plusieurs jours, ce qui est déjà le cas la semaine pour l’EuroLigue. On enchaîne beaucoup les saisons et les compétitions internationales, donc ça fait du bien d’avoir des moments dans la semaine où l’on peut être un peu plus sur la retenue, sans être obligée d’être à 300 % pour aller gagner un match le week-end. On s’en sert plus pour de la régénération, du repos et travailler. Ça fait du bien aux organismes.

En EuroLigue, tu réalises une saison énorme (16,5pts) ponctuée par de véritables cartons. Quel est le secret de cette réussite offensive ?

Il n’y a pas de secret mais ce qui a changé aujourd’hui, c’est que je suis maman. Ma relation au basket et à la performance est différente. Je vois les choses sous un autre angle, ce qui me permet de prendre du recul lorsque je suis sur le parquet, de moins me prendre la tête, mais aussi d’être plus forte physiquement. Ce sont plein de petites choses dues à cette maternité qui font que je joue aujourd’hui le meilleur basket de ma carrière.



Est-ce que cela était important pour toi de prouver qu’il est possible d’allier à la fois la maternité et la compétition de très haut niveau ?

Au départ, je l’ai fait pour moi bien évidemment, mais je savais qu’il y avait aussi un message fort et important à envoyer. Et il a été entendu. Je sais que je ne suis pas la première, ni la dernière. C’était un objectif pour moi, de revenir au maximum sur les parquets et retrouver le haut niveau international.

Tu formes aux côtés d’Alyssa Thomas et Brionna Jones un trio dominant. Quelle relation entretiens-tu avec ces joueuses sur le parquet ?

La relation est très bonne ! On passe du temps ensemble, la plupart du temps on est toutes les trois durant les voyages. Je pense qu’il y a une affinité qui s’est créée avec les personnalités que l’on a sur le terrain, et nos caractères collent bien. C’est toujours plus facile de jouer avec une Brionna Jones par exemple, parce qu’elle est totalement dominante dans ce qu’elle fait, et ça simplifie naturellement les choses.



Cet été, tu vas disputer l’EuroBasket 2023. Est-ce que cela rajoute de la pression de se rapprocher années après années de la médaille d’or, sans avoir réussi à y parvenir ?

Je ne sais pas si on peut parler de pression, puisque l’ambition d’aller chercher l’or est récente. On est sur un nouveau cycle avec un nouveau coach, Jean-Aimé Toupane. Il va falloir déjà chercher à atteindre le niveau atteint auparavant en allant jusqu’en finale, avant de prétendre à la médaille d’or. On a bien vu sur les matchs de qualification que rien ne serait facile.

De nombreuses jeunes joueuses postulent à une place pour les compétitions internationales. Quel regard portes-tu sur cette nouvelle génération amenée à renforcer l’équipe ?

On a une nouvelle génération très talentueuse. En France, on a cet avantage d’avoir un vivier toujours très bien fourni, ce qui est un atout. J’ai connu cette situation quand j’étais jeune avec cette envie de vouloir trouver ma place. Mais il ne faut pas oublier que le compétitions internationales n’ont rien à voir avec le championnat, l’EuroCoupe ou l’EuroLigue. Ce sont plusieurs matchs qui s’enchaînent rapidement, et il ne faut pas négliger l’expérience. Il ne faut pas oublier que le vécu des joueuses plus âgées est déterminant dans la quête de l’or pour garder le cap.

Cela fait maintenant environ dix ans que tu portes le maillot de l’équipe de France. Quel regard portes-tu sur l’évolution globale de cette équipe au fil des années ?

Depuis mes débuts à 19 ans où j’essayais de percer, j’ai eu l’occasion de connaître plusieurs coachs entre Pierre Vincent, Valérie Garnier et désormais Jean-Aimé Toupane. Chacun amène sa petite patte, sa vision du jeu. J’ai aussi vu passé des joueuses comme Isabelle Yacoubou, Emmeline Ndongue ou Céline Dumerc à leur prime. Elles étaient ultra dominantes sur la scène européenne et mondiale, et je me suis inspirée d’elles lorsque je débutais, sur le banc. C’est pour ça que j’insiste sur l’expérience.

Tu es née à Bordeaux, ta fille également, et tu es également Marraine de Hoops Factory et membre de la Commission féminine de basket de Gironde. Tu gardes un lien d’attache très fort avec la ville de Bordeaux non ?

Bordeaux est la ville où j’ai grandi, où j’ai commencé le basket, à gagner des matchs, avec mes frères et sœurs. On se retrouve là avec mes amis d’enfance l’été, comme au bon vieux temps. J’ai gardé cette attache-là. Avec la Hoops Factory et la Commission Féminine de Basket de Gironde, je ne suis pas au maximum de ce que j’aimerais faire, mais j’essaie de rendre ce que l’on m’a donné.

Ne regrettes-tu pas l’absence de la ville dans le haut niveau du basket tricolore ?

Je trouve ça regrettable, puisqu’il y a tout pour réussir. Tout le monde, et moi la première, aimerait signer un contrat et jouer pour Bordeaux. Mais il faut trouver les bonnes personnes, les bons staffs, les bons encadrants. Sans oublier qu’il y a probablement des questions politiques. À un moment donné, il y a eu le Waïti Bordeaux Basket en Ligue Féminine au début des années 2000, et les JSA Bordeaux qui ont aussi tenté, sans réussir. Ce serait bien qu’une équipe filles ou garçons puisse jouer le haut de tableau dans le championnat français.

Journaliste/Rédacteur depuis 2012 - Bercé par l’amour des Girondins de Bordeaux, les échecs de Christophe Moreau sur le Tour de France sous l'ère Lance Armstrong et le fade-away létal de Dirk Nowitzki, ma passion dévorante pour le sport a toujours été un pan incontournable de ma vie. Transmettre ma passion à l’écrit a été une transition naturelle. Suiveur assidu de basket et de hockey sur glace, je garde toujours un peu de place pour suivre le cyclisme, le football et le maximum de performances françaises.

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