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Alice Tubello : « Beaucoup de monde me voyait arrêter, j’ai voulu prouver qu’ils avaient tort »

Sébastien Gente

Publié le

Alice Tubello Beaucoup de monde me voyait arrêter, j'ai voulu prouver qu'ils avaient tort
Photo Alice Tubello via Jérôme Roblot

TENNIS – CIRCUIT ITF – Espoir du tennis français ralenti par les blessures, Alice Tubello, 544ème mondiale, s’est relancée grâce à deux titres consécutifs sur le circuit ITF. Pour Dicodusport, elle nous parle de sa vie, de ses ambitions, et de son parcours mouvementé. 

Bonjour Alice, comment ça va ?

Bien, je sors d’une semaine positive au W25 d’Aschaffenburg. Je suis sortie des qualifications pour aller en quarts de finale, en battant de bonne joueuses, en sauvant même une balle de match. Je suis satisfaite de ma semaine.

Tu as battu Tereza Smitkova (ancienne top 70 et 8ème de finaliste en Grand Chelem). C’est le plus grand succès de ta carrière ?

Probablement oui, c’est super de battre des joueuses comme ça. C’était un objectif de décrocher ce genre de victoires, mais franchement, je ne m’y attendais pas aussi vite et aussi tôt. Ça fait vraiment plaisir.

Tu as débuté ta saison en avril, pour quelle raison ?

J’ai connu beaucoup de problèmes de santé durant ces deux dernières années. J’ai subi quatre opérations du poignet, les deux premières assez importantes. Du coup, j’ai effectué plusieurs tentatives de retour qui ont avorté à cause de ça. J’ai rechuté, notamment une fois où j’avais réouvert ma cicatrice. Je n’ai pu reprendre vraiment la compétition qu’en avril, en Italie.

Quel est le quotidien d’une joueuse ITF ? On parle souvent d’une joueuse de tennis comme une micro-entreprise.

C’est un peu ça (rires). Pour ma part, je suis membre de l’académie gérée par Thomas Enqvist (ancien n°4 mondial, NDLR) à Aix en Provence. J’y ai des coachs, préparateurs physiques, kinés et une structure médicale, ce qui me facilite la vie.

Comment as-tu intégré cette structure ?

Par hasard ! Après le premier confinement, j’ai été invité à jouer des tournois exhibition à Aix. Je travaillais à l’usine à l’époque, mais du coup, en gagnant quelques matchs là-bas, c’était plus intéressant financièrement (rires)! C’est là-bas que je me suis blessée au poignet pour la première fois. Du coup, je ne pouvais pas utiliser ma main gauche, donc je jouais à une main. Mais j’ai obtenu de bons résultats, j’ai remporté environ 80% de mes matchs, en battant des adversaires de niveau top 200. Du coup, le directeur du tournoi a soufflé mon nom à Thomas Enqvist. Un jour, il est venu me voir jouer, sans que je ne le reconnaisse. A la fin de mon match, il m’a dit qu’il souhaitait que j’intègre son académie. Ce que j’ai fait, mais en conservant des attaches à Clermont, dont je suis originaire. C’est important dans mon organisation personnelle.

Tu es membre du Team Michelin. Qu’est-ce que ça t’apporte ?

Je suis membre depuis 2018. Leur objectif était de soutenir des athlètes peu médiatisés. Depuis, ils ont développé en signant des athlètes plus médiatiques, comme Renaud Lavillenie ou Yohann Diniz. Ils soutiennent les athlètes, en leur permettant de se développer, comme Victor Koretzky par exemple, qui a pu créer sa gamme de pneus. De plus, ils fabriquent des produits pour Babolat (marque de matériel de tennis, NDLR), ce qui leur fait un lien avec le tennis. C’est un deal gagnant-gagnant, ils nous soutiennent et gagnent en notoriété.

La Fédération Française de Tennis a-t-elle joué un rôle dans ta progression ?

Au début de ma carrière, oui. J’étais dans les meilleures joueuses de ma génération, j’ai pu obtenir un soutien financier par moments, et des wildcards dans des tournois où je n’aurais pu concourir avec mon classement. Mais depuis mon épisode de blessures, c’est plus compliqué, puisque je n’ai plus de résultats. Malgré tout, on reste indirectement en contact.

Une joueuse ITF souffre-t-elle de la solitude ? Essayes-tu d’organiser ton planning par rapport à d’autres joueuses françaises par exemple ?

On essaye de l’éviter, la solitude. Mais malgré tout, une joueuse ITF, c’est entre 25 et 30 semaines de déplacement par an. J’essaye de grouper principalement avec une autre joueuse, que je connais depuis l’enfance, avec qui j’ai commencé le tennis. J’essaye aussi de faire en fonction du planning de mes coachs, voire de la disponibilité de mes parents par exemple.

Le critère géographique entre en compte dans le choix de tes tournois ?

Pour l’instant oui. Je viens de reprendre, je ne vais pas aller partout. Je suis allée à Monastir (Tunisie) par exemple en mai, parce que je voulais jouer au niveau W15 et c’était le moins loin. Mais pour l’instant, j’essaye de rester proche, j’ai joué à Dijon à coté de chez moi, puis là, je suis allée en Allemagne en voiture. Je ne vais pas aller au Kazakhstan par exemple, où le tableau pourrait être plus aisé, plus abordable, mais financièrement, je n’ai pas d’intérêt à aller n’importe où pour l’instant. Si j’améliore mon classement, je pourrai envisager une tournée plus lointaine.

Tu as gagné deux titres d’affilée (Monastir et Norges-la-Ville). Quelle a été ta réaction ?

C’était inattendu. Je n’avais pas de vraies attentes pour ma reprise, il fallait retrouver le rythme de la compétition, je ne savais pas quel serait mon niveau réel. Même avant Monastir, j’aurais pu arrêter ma carrière. Je n’avais plus vraiment envie, ces deux années ont été compliquées. Mais beaucoup de monde autour me voyait arrêter, j’ai aussi voulu leur prouver qu’ils avaient tort, que je pouvais le faire. De plus, je n’avais pas de réel plan B, même si j’avais tout de même repris mes études. Et je ne voulais pas abandonner mes coachs, toute ma structure médicale, avec qui on avait tout vécu ces trois dernières années.

Quels sont tes objectifs désormais ?

Je ne vais plus jouer qu’au niveau W25 en ITF, terminé les W15. La période est décisive pour moi, puisque j’ai 50 de mes 77 points WTA à défendre d’ici novembre. Après, je serai tranquille jusqu’en juillet prochain, où j’aurais 0 points en jeu. Je pourrai faire un gros bilan dans un an, en juillet prochain, en fonction de mes résultats à venir. Mais je souhaite bien entendu progresser, si je gère bien mon parcours jusqu’en novembre, j’aurai sept mois pour améliorer mon classement.

Au point d’envisager l’attribution de wildcards pour des qualifications en Grand Chelem par exemple ?

Oui, je souhaite participer à la « Race » (compétition interne pour l’attribution d’une wildcard aux qualifications de Roland-Garros, NDLR). C’est un des objectifs.

Tu n’as plus aucune contre-indication médicale pour la pratique du tennis ?

Non, je suis libre de jouer. Après quatre opérations, s’il y a douleur, elle sera surmontable pour moi, au vu de ce que j’ai enduré.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

La santé d’abord (rires) ! Ne pas me blesser, réussir à enchainer, et le plus de victoires possibles !

John Stockton, Gianni Bugno, Zinedine Zidane, Steffi Graf, Frode Andresen, Stéphane Stoecklin, Davis Kamoga, Primoz Peterka, Werner Schlager et Aurélien Rougerie. Point commun entre ces sportifs? Ils m'ont fait rêver et ont bercé mon adolescence. Je suis un fondu de sports et j'essaie de retranscrire ma passion à travers mes articles. Originaire du Périgord, ma passion pour les Girondins, les Jaunards et les Jazzmen transpire dans mes écrits.

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