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Courses de légende #7 : La Coupe de l’America

Olivier Dobiezynski

Publié le

Courses de légende 6 La Coupe de l'America
Photo Icon Sport

VOILE – Véritable compétition sportive mélangeant enjeux financiers et haut prestige, la Coupe de l’America, disputée par nations, met aux prises tous les quatre ans d’authentiques Formule 1 des Mers. Lumière sur une course alliant avec brio tradition et modernité.

1851, Londres, Grande-Bretagne. En pleine époque victorienne, l’Empire britannique, première puissance mondiale, rayonne à travers le monde. La capitale est, quant à elle, en pleine effervescence, s’apprêtant à accueillir la toute première Exposition Universelle de l’Humanité. Le but de l’événement est de sensibiliser les populations au culte de la machine et aux importants progrès technologiques, notamment en termes de transport.

Un défi amical entre nations du monde occidental

Ainsi, dans un contexte de fraternité entre les peuples et afin d’assurer la paix dans le monde, les Anglais ont l’idée de lancer un défi sans enjeu entre les Yacht Clubs, issus de nations différentes. L’équipage britannique, sur des voiliers à la pointe de la technologie, maitrise son homologue américain dans une unique régate. Or, le succès populaire ne se dément pas et l’expérience est totalement réussie. L’organisation remet aux gagnants la fameuse aiguière en argent, trophée qui perdure toujours de nos jours.

La compétition s’affirme en 1857 lors de sa seconde édition avec l’apparition d’enjeux sportifs réels et la création de la Coupe en elle-même. Elle prend le nom de Coupe de l’America en 1870, en hommage à la goélette America qui remporte le premier vrai titre en jeu en 1857. Ainsi, avec ses 170 années d’existence, l’épreuve est une des plus anciennes au monde, bien antérieure aux premiers Jeux Olympiques de 1896.



Challenger VS Defender

Dans son Histoire, la Coupe de l’America n’a cessé de s’étoffer et d’évoluer avec son temps. Dès 1876, pour sa troisième édition, les régates opposent un Defender, qui n’est autre que le tenant du titre, à un Challenger qui relève le défi proposé. Longtemps résumé à un duel, la course évolue en 1970 lors de la 21ème édition lorsque le Challenger est désigné par des régates de sélection. Ces dernières prennent le nom de Coupe Louis Vuitton, du nom d’un sponsor, en 1983.



De manière traditionnelle, le règlement est rédigé conjointement par les deux parties pour chaque édition. Très complexe, il détermine une jauge de course, à base de calculs barbares. Concrètement, il s’agit de donner un cadre réglementaire aux machines qui vont arpenter l’océan, notamment en termes de puissance et de matériel obligatoire et interdit. Il va de soi que cette jauge ne peut rester figée année après année, étant donné les importantes innovations constatées en termes de marine. En ce sens, la Coupe de l’America se rapproche par bien des points des courses automobiles ; ce n’est pas pour rien que les voiliers sont autrement appelés Formule 1 des Mers.

Le règne sans partage du New York Yacht Club

Côté palmarès, il apparait assez logiquement que les Anglo-Saxons trustent les victoires et les aiguières depuis un siècle et demi. En témoigne la longévité exceptionnelle de l’équipage américain du New York Yacht Club, qui a gardé son titre de 1870 à 1980. Les États-Unis ont régné en tout 132 ans en ajoutant les deux victoires du San Diego Yacht Club ; règne seulement coupé par une victoire australienne en 1983.

Ce n’est que depuis 1995 que les nations victorieuses diffèrent avec l’apparition d’équipages plus concurrentiels à l’instar des Suisses d’Alinghi, vainqueurs en 2007 et bien entendu des redoutables Néo-zélandais du Royal New Zealand Yacht Squadron, quatre fois titrés entre 1995 et 2021 et tenants du titre. Lors de la dernière édition, ils ont battu leur challenger italien Luna Rossa 7 régates à 3 et ont donc conservé leur bien.

Les Suisses d'Alinghi vainqueurs de la Coupe de l'America 2007

Les Suisses d’Alinghi vainqueurs de la Coupe de l’America 2007 – Via Icon Sport

Une édition 2024 prometteuse

La prochaine édition se tiendra d’août à octobre prochain à Barcelone, le lieu changeant à chaque compétition. C’est l’équipage britannique Ineos qui a lancé le défi cette année, accepté par la Team New Zealand. Après avoir déterminé la nouvelle jauge, il a été établi que les régates se disputeraient sur des bateaux de type AC75, authentiques fusées des mers pouvant atteindre les 100 km/h. Il y aura quatre candidats en playoffs en plus d’INEOS avec le retour des Américains du New York Yacht Club après 40 ans d’absence. On comptera aussi les habituels candidats de ces dernières années, à savoir les Suisses d’Alinghi et les Italiens de Luna Rossa.

Le dernier équipage invité aux festivités sera tricolore. En effet, l’Orient Express Racing Team, emmené par le skipper Quentin Delapierre, participera aux régates. Une première pour le bateau de la Société Nautique de Saint-Tropez. Même s’ils ne partiront pas favoris, ils tenteront de faire aussi bien que French Kiss en 1987, demi-finaliste des éliminatoires et seulement battus de peu par les Néo-Zélandais. Il s’agit de la douzième participation d’un équipage français à la Coupe de l’America.

Entre tradition et modernité, le mythe perdure

The winner takes all. There is no second. La devise de la Coupe de l’America reste inchangée et les traditions s’inscrivent dans le temps depuis plus de 170 ans. Pourtant, la modernité tient une place prépondérante dans la compétition via les innovations et technologies développées durant l’événement. Cela fait de lui le théâtre d’une véritable exposition, qui vient bien au-delà de la course. Les enjeux financiers sont ainsi colossaux et la visibilité pour les armateurs et les marques va grandissante. La Coupe de l’America fascine autant qu’elle rapporte ; elle mérite amplement son statut de mythe absolu.

Depuis le milieu des années 90, la passion du cyclisme m'anime. Mes héros s'appellent Luc Leblanc, Piotr Ugrumov, Paolo Savoldelli, Peter Sagan et bien évidemment Romain Bardet. Rédacteur depuis 2023, je suis ici pour partager cet amour de la Petite Reine. Vous pourrez me lire également sur du trail, du ski de fond et tout autre sujet susceptible d'éveiller ma curiosité sportive.

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