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Cyclisme

Édito : Je t’aimais bien, Nacer Bouhanni

Etienne Goursaud

Publié le

Edito : Je t'aimais bien Nacer Bouhanni
Photo Icon Sport

CYCLISME – Nacer Bouhanni prend sa retraite. L’un des meilleurs sprinteurs français de ce 21ème siècle tire sa révérence à l’âge de 33 ans. Après avoir beaucoup apporté au cyclisme français.

Je t’aimais bien Nacer Bouhanni. Tu dégageais quelque chose sur le vélo, comme peu de coureurs. Effectivement, tu étais clivant. Tantôt génie du sprint, tantôt mauvais garçon. Mais j’ai toujours eu le sentiment qu’on pardonnait à d’autres ce qu’on ne te pardonnait pas.

Le public a parfois oublié ton palmarès. Trois étapes du Tour d’Italie, dont tu es le premier Français du 21ᵉ siècle à ramener le classement par points. Seul Arnaud Démare, par deux fois, a pu t’imiter. Au cœur d’une année 2014 exceptionnelle, avec des succès sur Paris-Nice et l’Eneco Tour. Deux de tes trois étapes glanées sur les routes de la Vuelta. Beaucoup signeraient des deux mains, notamment en France, pour reproduire une telle année. Il t’a sans doute manqué une victoire de prestige sur le Tour de France, pour entrer davantage dans le cœur des Français. Dont certains étaient prompts à rabaisser tes victoires. Ce Tour de France qui t’a rarement réussi, avec énormément de chutes. Quelques places d’honneur, mais pas cette grande victoire. Elle aurait tellement changé de choses.

Nacer Bouhanni, je me souviens de ta régularité en Word Tour, de tes succès sur le Tour de Catalogne et sur le Critérium du Dauphiné. Sprinteur capable de battre les meilleurs à la pédale. Je me souviens aussi de ta malchance qui t’a parfois empêché de gagner davantage. Comme ce saut de chaîne qui t’a empêché de disputer tes chances sur un Milan-San Remo où tu semblais si fort. Tu as dû assister impuissant à la victoire de ton grand rival Arnaud Démare. Votre rivalité a divisé le public, beaucoup ont pris fait et cause pour le Picard. Moi, je n’étais pas dans l’histoire.



Je t’aimais bien Nacer Bouhanni car justement, tu ne faisais pas tout pour être aimé. Il y avait un peu de Laurent Fignon en toi, dénigré lui aussi durant sa carrière. Tu n’étais sans doute pas totalement irréprochable. Mais qui peut se regarder dans une glace en se disant qu’il l’est à 100 % ? Pas moi, c’est certain et c’est pour cela que je comprends certaines de tes réactions. Comme une veille de championnats de France, où un couple a fait la java jusqu’à tard dans la nuit. Tu t’es emporté. On t’a critiqué. On a été beaucoup plus indulgent avec un Mathieu van der Poel un soir dans sa chambre d’hôtel australienne, à la veille de la course en ligne des Mondiaux 2022.



Surtout, je me souviens de ta terrible chute l’an passé sur le Tour de Turquie. Tu aurais pu y laisser bien plus que ta carrière là-bas. Mais tu es remonté sur le vélo. Au fond, ta retraite, comme celle de Thibaut Pinot, me rend triste, car tu as aussi incarné cette magnifique génération des années 2010 qui a décomplexé le cyclisme français. Capable de battre les meilleurs du monde à la pédale. Bref, qui a contribué à remettre la France sur l’échiquier du cyclisme mondial. Soixante-dix victoires tout de même, malgré de nombreuses galères.

Soit, tu étais un coureur imparfait, mais je t’aimais bien Nacer Bouhanni. Je crois qu’au fond, je me reconnaissais un peu en toi.

Journaliste et amoureux de sport. Ancien footballeur reconverti athlète quand ses muscles le laissent tranquille. Elevé à la sauce des exploits de Thomas Voeckler en 2004, du dernier essai de légende de Eunice Barber à la longueur lors des championnats du monde d'athlétisme de 2003 mais aussi Zidane, Omeyer et Titou Lamaison.

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