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Édito : Margot Dumont ne méritait pas ça, Monsieur Luis Enrique

Etienne Goursaud

Publié le

Edito - Margot Dumont ne méritait pas ça, Monsieur Luis Enrique
Photo Icon Sport

ÉDITO – La réponse plus que déplacée de Luis Enrique à la journaliste Margot Dumont, mardi soir, à l’issue la défaite du PSG sur la pelouse d’Arsenal (2-0), illustre le fossé toujours plus grandissant entre le monde du football et une certaine réalité.

L’image a déjà fait le tour de Twitter en France. Celle du comportement absolument déplorable de Luis Enrique, l’entraîneur du Paris-Saint Germain, vis-à-vis de notre consœur Margot Dumont. « Je n’ai aucune intention d’expliquer ma tactique, car vous ne la comprendriez pas », a répondu l’Espagnol, à la question de la journaliste française. Outre le caractère très déplacé, oserais-je dire sexiste de cette réflexion d’un homme à une femme, entretenant tous les vieux clichés qui disent que les femmes ne comprennent rien au football, cette réflexion vient aussi à un timing absolument désastreux. Son équipe vient de prendre une leçon de football par Arsenal (2-0). Et s’il y a bien des personnes qui n’ont peut-être pas compris sa tactique, ce sont ses propres joueurs, promenés par la formation anglaise.

On le sait, les interviews d’après-match font partie des obligations de la Ligue des Champions. On le sait, Luis Enrique déteste cet exercice. Ce n’est pas la première fois qu’il fait preuve de mépris envers des journalistes. Et si j’ai bien conscience que nous, journalistes, sommes loin d’être parfaits, la question de notre consœur, comme beaucoup d’autres auparavant, me semblait pertinente. J’insiste un peu, mais ce PSG s’est vraiment fait marcher dessus et beaucoup avaient de nombreuses questions. Les supporters parisiens faisaient d’ailleurs part de leur incompréhension, sur les réseaux sociaux.

La goutte d’eau

Surtout, c’est une goutte d’eau dans le vase football déjà bien plein, en termes de polémiques. On arrive, et c’est clairement mon cas depuis plus d’un an, à un point de saturation. Le football parle de moins en moins, rassemble moins. Les comportements déviants, le détachement toujours plus grand de cette bulle, d’une réalité (et des supporters et fans de ce sport), la pente est glissante et ce genre d’images, ne vont clairement pas aider à redonner de l’amour à certaines personnes.



Car si j’ai conscience que ce sont les joueurs qui font rêver et que ce sont les entraîneurs qui font gagner, si ce récit n’était pas raconté au travers d’articles, si les matchs n’étaient pas diffusés à la télévision, les exploits du football seraient beaucoup plus anonymes. Puisque parmi ceux qui ont rendu le football aussi populaire, il y a aussi des journalistes de talent. Des passionné(e)s de ce sport, qui en connaissent quasiment les moindres aspects. Ce n’est pas un hasard si un Didier Roustan a reçu un hommage aussi unanime, lors de sa récente mort. Et ça, Luis Enrique ferait bien de se le rappeler. L’anonymat peut arriver bien plus vite que prévu. Surtout quand on multiplie les échecs. Comme l’ancien sélectionneur d’une équipe humiliée tactiquement par le Maroc et pour qui la remise en question ne semble pas le point fort. En tout cas, Margot Dumont ne méritait pas tel mépris.

Journaliste et amoureux de sport. Ancien footballeur reconverti athlète quand ses muscles le laissent tranquille. Elevé à la sauce des exploits de Thomas Voeckler en 2004, du dernier essai de légende de Eunice Barber à la longueur lors des championnats du monde d'athlétisme de 2003 mais aussi Zidane, Omeyer et Titou Lamaison.

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