Tennis
Gabriel Debru, qui peine à confirmer depuis les juniors, va prendre un nouveau virage
TENNIS – Il est l’un des grands espoirs du tennis français. Mais depuis son titre à Roland-Garros juniors en 2022, Gabriel Debru peine à obtenir des résultats à la hauteur de ses ambitions. Hier, le Grenoblois de 18 ans a annoncé un changement radical dans son staff, afin de repartir sur de nouvelles bases.
Le 4 juin 2022, Gabriel Debru remportait l’édition juniors de Roland-Garros, succédant ainsi à Luca Van Assche, titré en 2021. Un mois plus tard, il prenait la décision de quitter le circuit juniors en tant que n°1 mondial, pour se lancer à plein temps chez les professionnels. Il n’avait alors pas encore 17 ans. Depuis, un an et demi s’est passé. Dix-huit mois de hauts et de bas, où il a été confronté aux méandres du circuit professionnel. Il figure aujourd’hui à la 324e place mondiale.
Panne de résultats
En 2023, Debru a eu quelques résultats probants. Notamment un titre en ITF, une finale en Challenger, et des victoires contre des joueurs de haut niveau comme Benoît Paire ou Pedro Martinez. Mais il a surtout manqué de régularité. Il a été excellent pendant l’été, mais beaucoup moins au printemps ou à l’automne. Sa tournée automnale dans les Challengers européens puis américains s’est soldée par un échec cuisant. Il n’a pas dépassé une seule fois le deuxième tour, et a perdu 4 fois contre des joueurs moins bien classés. Depuis septembre 2023, il ne compte que 6 victoires pour 11 défaites. Sur Twitter, il a parlé d’un « manque de confiance en ce moment qui se ressent dans les balles », expliquant « ne pas arriver à envoyer ou à [reproduire] ce qu’il arrive à faire à l’entraînement. »
— Debru Gabriel (@gabriel_debru) January 17, 2024
D’autre part, on peut noter un point commun à ses meilleurs résultats : ils ont quasiment tous eu lieu sur terre battue. L’ocre est la surface préférée de Debru depuis les juniors. Et cela s’est logiquement traduit chez les adultes. Mais il n’a pas réussi à transmettre ce bon niveau de jeu sur les autres surfaces. Depuis son passage chez les professionnels, il compte 56% de victoires sur dur extérieur, et 42% sur dur intérieur (contre 69% sur terre battue). Des chiffres embarrassants étant donné que le dur est la surface la plus répandue sur le circuit. C’est donc aussi sur sa polyvalence que le jeune français va devoir travailler à l’avenir.
En retard sur les autres de sa génération
Là où le bât blesse, c’est que d’autres joueurs de la génération de Debru réussissent mieux que lui. Des joueurs qui étaient en dessous de lui à l’époque des juniors, mais qui l’ont désormais dépassé. Alors qu’il était le meilleur joueur né en 2005, il est désormais le quatrième mieux classé chez les professionnels. Jakub Mensik (n°126 mondial), Juncheng Shang (n°139) et Dino Prizmic (n°168), qui viennent tous trois de réussir un excellent Open d’Australie, sont désormais bien installés dans le top 200. Tous les trois ont déjà remporté un titre en Challenger et battu plusieurs joueurs du Top 100, contrairement à Debru.
Ce retard sur les joueurs du même âge n’est pas fondamentalement important. Il donne surtout un coup psychologique au Français, qui voit des joueurs qu’il avait l’habitude de battre mieux réussir que lui. Arthur Fils et Luca Van Assche mènent par exemple la danse chez les joueurs nés en 2004, mais ils sont des exceptions. Charge à Debru de parvenir à renverser la tendance. Cette concurrence peut même être bénéfique dans ce sens-là. Et pour y arriver, il a acté des changements radicaux dans son staff récemment.
Top players by YOB:
01: 4 Sinner, 23 Lehecka, 41 Arnaldi, 55 Draper
02: 16 Shelton, 28 Musetti, 88 Stricker, 100 Cobolli
03: 2 Alcaraz, 8 Rune, 108 Medjedovic, 117 Nardi
04: 34 Fils, 79 Van Assche, 91 Michelsen, 243 Rocha
05: 140 Shang, 142 Mensik, 187 Prizmic, 323 Debru— Philip Mardh (@MardhTennis) January 18, 2024
Riccardo Piatti, un ponte du coaching à la rescousse
En novembre dernier, Gabriel Debru annonçait – en même temps que Diane Parry et Arthur Fils – se séparer de son entraîneur de la FFT Boris Vallejo. En bref, quitter le giron fédéral qui l’avait accompagné toute sa carrière pour rejoindre une initiative privée. Après deux mois de flottement, le Grenoblois a enfin trouvé son futur entraîneur. Ce sera l’Italien Riccardo Piatti, avec qui on l’avait vu s’entraîner pendant l’inter-saison. Debru se paye donc un ponte du coaching, puisque Piatti a notamment entraîné Jannik Sinner, Richard Gasquet et même Novak Djokovic au début de sa carrière. Le Français a choisi un entraîneur renommé qui doit l’amener vers des plus hautes sphères.
Sur Instagram, il s’est dit « heureux » d’avoir trouvé un coach, accompagné de « toute son équipe », qui sera capable de « développer son projet tennistique. » Piatti possède une académie en Italie – le Piatti Tennis Center – où il s’est spécialisé dans la formation de jeunes. Niveau staff et infrastructures d’entraînement, il est difficile de faire mieux. « Si j’ai fait le choix de m’entourer de ma propre cellule de préparation et d’entraînement, c’est pour me donner les moyens d’atteindre mes ambitions » a révélé Debru. La collaboration entre les deux hommes débutera aux États-Unis. Le Français s’est inscrit à trois ITF d’affilée afin de lancer sa saison sur terre battue. Un retour au troisième échelon du tennis mondial nécessaire pour reprendre confiance en son tennis et repartir sur de bonnes bases.