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Les jeunes pépites du tennis français #7 : Harold Mayot

Tom Compayrot

Publié le

Photo Icon Sport

LES JEUNES PÉPITES DU TENNIS FRANÇAIS – Alors que les cadors du tennis français sont dans une passe difficile, de jeunes joueurs pointent le bout de leur nez afin de prendre la relève. Aujourd’hui, on s’intéresse à un jeune joueur qui fait parler de lui depuis tout jeune : Harold Mayot. Présent au Challenger de Brest, le joueur de 20 ans s’est confié à Dicodusport sur son parcours chargé.

Biographie

Enfance

Harold Mayot est né le 4 février 2002 à Metz (Moselle). Une ville de tennis qui a aussi vu naître un certain Ugo Humbert. Comme lui, Mayot a commencé très tôt le tennis, en tapant la balle contre un mur dans son jardin dès ses 3 ans. Au début avant tout pour s’amuser. Puis ses parents, qui jouaient eux aussi, l’ont poussé vers ce sport. Mini-tennis, cours collectifs le mercredi et le samedi, cours particuliers avec un entraîneur… Il explique avoir eu « un parcours en club classique, comme n’importe quel jeune au niveau amateur. » C’est en fait à 8 ans qu’il se démarque des autres.

Parcours chez les jeunes

À partir de cet âge-là, Mayot rivalise avec les meilleurs jeunes de France lors des premiers rassemblements nationaux et autres tournois multi-chances (TMC). Jusqu’à se faire repérer par la Fédération à 12 ans. Il rejoint alors le Pôle France de Poitiers, le CREPS, comme la plupart des meilleurs joueurs français actuels. Il y suit un programme conçu pour combiner à la fois réussite scolaire et réussite sportive. Ce qui lui réussit bien, puisqu’il remporte le titre de champion de France des 13 ans, puis des 14 ans l’année suivante. Un doublé que peu de joueurs ont réussi. Il enchaîne avec le fameux tournoi des Petits As de Tarbes de 2016, lors duquel il se hisse jusqu’en demi-finale.

C’est à ce moment-là que les médias s’emparent de lui. Son petit gabarit mais gros caractère fascinent. Le Messin est présenté comme un futur grand du tennis français. « Cette pression médiatique, c’est hyper français. » souligne-t-il.  Ces reportages apportent aussi leur lot de critiques de la part du public. Encore plus quand le jeune joueur déborde de confiance et de culot, comme c’était le cas pour lui à l’époque. « J’avais tellement de confiance en moi à ce moment-là […] À 13, 14 ans, on ne se rend pas compte que le chemin va être extrêmement long et semé d’embûches, et que très peu y arriveront. » Quelques mois plus tard, il entre sur le circuit junior, premier échelon important dans le long parcours d’un joueur professionnel.

Circuit junior

En avril 2016, Mayot commence à voyager pour disputer ses premiers tournois juniors. Il remporte en Guadeloupe le premier de ses cinq titres, un Grade 5. Un an plus tard, il atteint la finale d’un Grade 4 au Qatar, où il s’incline contre un certain Jannik Sinner. Il commence ainsi à se frotter aux meilleurs joueurs mondiaux de sa génération. En 2018, il a affronté des cadors du circuit actuel, comme Holger Rune, Jack Draper et même Carlos Alcaraz en finale de la Coupe Davis junior. Le Français fait donc partie intégrante de cette génération dorée. En 2019, il remporte deux nouveaux titres et atteint les demi-finales à Wimbledon juniors.

L’année suivante est celle de la consécration pour Mayot. Début 2020, il s’adjuge le titre à l’Open d’Australie face à son compatriote Arthur Cazaux. Il est alors le premier Français à remporter un Grand Chelem junior depuis Geoffrey Blancaneaux en 2016, le deuxième depuis Alexandre Sidorenko en 2006. Il devient aussi n°1 mondial par la même occasion. De quoi le faire entrer dans une nouvelle dimension. « Quand on gagne des gros titres comme ça, évidemment on est très vite mis en avant. Dans les tournois, j’étais tout le temps programmé le soir pour que les gens puissent venir me voir. On rentre dans un autre monde en fait, on n’est plus le petit joueur qu’on était avant. »

Palmarès ATP

En parallèle de sa domination sur le circuit junior, le Messin obtient ses premiers résultats sérieux sur le circuit professionnel, à tout juste 18 ans. Juste avant l’Open d’Australie, il atteint les quarts de finale à Bendigo, pour son deuxième Challenger en carrière. Il y bat aussi aussi son premier Top 100. Il remet ça un mois plus tard au Challenger de Pau, juste avant l’arrêt du circuit à cause de la pandémie mondiale. S’en est suivi un épisode d’un an et demi très compliqué pour lui, qu’il a détaillé pour Dicodusport ici. L’ancien n°1 mondial junior est passé tout proche d’arrêter le tennis après un grave accident.

Lors de cette passe difficile, il doit aussi faire face à la déception et aux critiques du public. Parce qu’il était attendu comme la relève du tennis français. « C’est à 18, 19 ans que ça a commencé à me toucher […] Au moindre truc, on nous attend au tournant et on nous défonce après. On n’a jamais d’amour ou d’encouragements. Les seuls qui nous encouragent ce sont ceux qui travaillent avec nous au quotidien. » Une période donc compliquée sur le plan physique mais aussi moral. Ce n’est qu’en 2022 que Mayot reprend du rythme. Cet été, il a atteint sa première finale de Challenger, avant d’enchaîner par une demi-finale et un nouveau quart de finale en septembre. Ce qui lui a permis d’atteindre son meilleur classement en carrière : 248ème mondial. Voici son palmarès actuel sur le circuit ATP, qui ne demande qu’à s’étoffer :

En simple

  • 2 titres en Future / ITF : Villers 2019, Monastir 2022
  • 2 finales en Future / ITF : Forbach, Saint-Dizier 2019
  • 1 finale en Challenger : Tampere 2022

En double

  • 2 titres en Future / ITF : Saint-Dizier 2019, Lesa 2021
  • 1 finale en Future / ITF : Caslano 2020

Style de jeu

Harold Mayot peut être considéré comme un joueur complet. Son physique trapu (1m78 pour 78 kg) lui permet de bien se déplacer sur le court, avec un centre de gravité assez bas et des appuis solides. Il se définit lui-même comme un joueur de fond de court. Ni un attaquant, ni un défenseur. « Sur le circuit, je pense qu’on est 90% à être des joueurs de fond de court. Même des mecs qui servent extrêmement bien comme Zverev ou Auger-Aliassime. » À cause en partie, comme il l’explique, du ralentissement des surfaces.

Par rapport aux surfaces, Mayot explique « préférer le dur », même s’il a eu ses meilleurs résultats sur terre battue. Sa carrière montre de toute façon qu’il est à l’aise sur toutes les surfaces. Au niveau des points faibles et forts, il est lucide : « Je pense que mes points forts sont mon service et mon revers… Mon point faible est le coup droit, c’est là où je pèche dans les moments importants. » Mais ce n’est pas ce qu’il aimerait améliorer s’il en avait la possibilité. « Si je devais ajouter quelque chose à mon jeu ? Le mental de Rafael Nadal. » Son exemple et modèle, comme il l’expliquait aux Petits As en 2016.

Le jeune Français aura donc l’occasion de montrer son talent lors des mois et années à venir, mais il ne fait aucun doute qu’on entendra encore beaucoup parler de lui.

Journaliste/rédacteur depuis mars 2017 - Amoureux de la petite balle jaune et du gros ballon orange qui traîne sa carcasse sur Dicodusport depuis 2017. Rafael Nadal et LeBron James sont les meilleurs joueurs de l'histoire.

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