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Franck Binisti – Padel Magazine : « Il y a un boum du padel, moins des structures privées »

Idriss Ahamada

Publié le

Franck Binisti - Padel Magazine : « Le padel est en plein boum, mais avec moins de projets privés »
Visuel Dicodusport - Photo AFP

Nouveauté chez Dicoduport, une rubrique qui part à la découverte de médias sportifs indépendants, souvent spécialisés, et tous avec leur propre identité. Aujourd’hui, nous avons rencontré Franck Binisti, fondateur de Padel Magazine.

Présentez-vous et votre média en quelques mots.

Je m’appelle Franck Binisti, fondateur de Padel Magazine. Le site a été créé en 2012-2013. C’est le premier média francophone dédié au padel. Et l’un des médias de référence à l’international, puisque aujourd’hui, nous sommes diffusés en plusieurs langues. En espagnol, en anglais, en suédois, et en portugais. 70% de notre trafic provient de l’étranger, c’est dire l’importance qu’à Padel Magazine à l’international.

Vous êtes présents uniquement sur internet ? Ou êtes-vous également disponibles en format papier ?

On est essentiellement sur internet aujourd’hui. En revanche, on a déjà eu des magazines publiés par l’intermédiaire de Tennis Magazine en 2014-2015. Des petits suppléments de 16 pages nommés Padel Magazine qui étaient vendus dans les kiosques. Ça nous a aidé à promouvoir le padel et à lancer Padel Magazine. On a aussi travaillé plusieurs années avec We Love Tennis, qui est le magazine envoyé dans les clubs de tennis. Nous collaborons avec eux autour du padel depuis longtemps. On a même organisé avec eux le Média Padel Challenge, qui était un événement pour les médias au club des pyramides à Port-Marly (Yvelines). Nous espérons le renouveler quand la situation sanitaire le permettra.

Quel est votre trafic aujourd’hui ?

En 2020, notre trafic s’établissait à plus de 2 millions de pages vues. Et 650 000 visiteurs uniques. C’est à prendre en considération par rapport au padel qui reste un sport en développement. Sur 3 ou 4 millions de joueurs, il y en a 20 % qui viennent sur le site. C’est juste gigantesque ! Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de sports qui peuvent se vanter d’avoir 20 % des pratiquants qui viennent sur les différents sites. On a aussi des lecteurs qui viennent de tous les pays et tous les horizons. Et ça ,c’est un succès et une fierté.

Et votre communauté sur les réseaux sociaux, cela donne quoi ?

Nous avons 13 000 abonnés sur Instagram. On a dépassé la barre des 50 000 sur Facebook, on est à plus de 8 000 sur YouTube, et un peu plus de 1700 abonnés sur Twitter, où on est très peu actifs. Après tout est relatif, l’objectif est que les gens aillent sur le site. Car c’est là où se trouvent les contenus. Les réseaux sociaux sont importants, mais ce n’est pas l’apport numéro 1 de notre site. Si demain les réseaux n’existent plus, ce n’est pas une perte.

On s’auto-suffit et on a créé une habitude qui fait que les gens reviennent. Ils sont inscrits à la Newsletter et on essaie d’être le plus présent possible sur les moteurs de recherche. C’est du 100% naturel. On n’a pas acheté de campagnes ni rien. Donc restons modestes. L’objectif, c’est le site !

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer ce site ?

J’ai eu une grosse blessure au dos en 2009. Je jouais beaucoup au tennis et au squash à l’époque, mais ma double fracture des vertèbres a tout stoppé. J’ai longtemps été alité et il a fallu me reconstruire. Remarcher, recourir et refaire du sport sans avoir mal au dos, ce qui n’est pas si simple ! Lors de cette période, j’ai découvert le padel, qui m’a permis de me rééduquer. J’ai découvert ça au club de Port-Marly (Yvelines), qui était le premier club de la région.

Puis en 2012-2013, mon frère et moi, nous avons réalisé qu’il n’y avait rien pour s’informer sur le padel. C’était compliqué. Il y avait une fédération, mais ce n’était pas forcément ça. On a lancé la page comme ça, et ça a bien pris. On l’a appelé Padel Magazine car il fallait bien trouver un nom. Ce n’était pas censé avoir le poids que ça a aujourd’hui. Mais c’est devenu un vrai site communautaire. C’est la différence avec un site dit classique. Il n’y avait finalement pas beaucoup de médias et peu de contenus à l’époque autour du padel, ce qui est moins le cas aujourd’hui.

Combien de licenciés le padel compte-t-il aujourd’hui en France ?

Depuis 2014, c’est la Fédération Française de Tennis (FFT) qui a repris les clés de l’organisation et de la gestion du padel. C’est dur de compter car la FFT a mis en place une licence unique, tennis, beach et padel. En revanche, on sait que sur les 12 derniers mois, 12 000 compétiteurs, dont environ 1 500 femmes, ont participé à au moins une compétition.

Le sport est bien plus développé en Espagne, avez-vous leurs chiffres de licenciés ? La différence est principalement une histoire de culture ?

Avec l’Argentine, l’Espagne est le poumon du padel. Ce sont les deux pays qui ont porté le padel au cours de ces 30 dernières années. Il y a eu une petite graine en Espagne qui a fait que le padel a explosé par la suite. Il y a eu toute une organisation qui s’est mise en place dans les années 90, et c’est à partir de là que l’aventure padel en Espagne et en Argentine s’est accélérée. C’est resté avant tout en Amérique latine à la base. En Europe, hors Espagne, on n’y jouait pas.

C’est un sport qui a eu du mal à s’enraciner dans les autres pays, pour une raison que j’ignore. Tout comme je ne peux pas répondre à pourquoi ce sport est subitement devenu à la mode dans les années 2015-2016. Quasiment simultanément et sans aucun contact entre les pays, le padel est devenu à la mode. C’est la question à laquelle il n’y a pas de réponse. C’est parti de l’Espagne et c’est en train de devenir mondial.


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Vous traitez l’actualité d’un sport dit de « niche ». Comment avez-vous fait pour réussir à toucher du public en dehors du cercle habituel de passionnés ?

Au départ, on n’avait pas de stratégie. À l’origine, j’ai un Master en gestion et promotion immobilière. J’ai travaillé là-dedans aussi. Après l’accident, le padel est venu à moi. Il n’y avait pas de stratégie au départ, ça s’est fait naturellement. On a aussi la chance de s’être lancé en même temps que quelques structures de padel, comme le club de Sophia Antipolis, le Real Padel Club, avec Jérémy Ritz et Robin Haziza, qui sont des grandes figures du padel en France. Ce sont des frères dans ce sport. On s’est lancé en même temps et sans concertation. De nombreux projets privés se sont créés quasiment en même temps et avec notre communication globale, ça a aidé les médias à s’y intéresser. On a énormément bossé, en lien avec ces passionnés. On a aussi eu de la chance !

Le padel dépend aujourd’hui de la FFT. Selon vous, une prise d’indépendance et la création d’une fédération propre pourrait-elle être bénéfique au mouvement ?

C’est une question régulière, à laquelle je ne peux pas répondre. Il y a du pour et du contre et des gens qui veulent créer une agence indépendante au sein de la FFT. Il y a 3 opinions qui s’affrontent. Ceux qui veulent l’indépendance disent que le padel n’a pas besoin de la FFT. Et encore moins aujourd’hui, car quoi que fasse la FFT, le padel explose. Ils prennent aussi l’exemple de la Suède qui est numéro 1 en terme de développement et où le padel n’est pas rattaché au tennis. Ils jugent aussi la fédé trop présente, trop lente, trop administrative. Je ne prends volontairement que le négatif, mais il y a du positif, on y reviendra plus tard.


On a des zones avec plusieurs petits clubs à quelques kilomètres carrés à la ronde. Est-ce la solution pour développer notre sport ?


La Fédé’ a aussi des actions qui freinent les clubs privés. Alors que quoi qu’on en dise, le padel est là en France grâce à eux. Sans initiative privée, il n’y aurait pas de padel. La fédération a une politique très orientée vers le côté associatif, les clubs municipaux. Et du coup, la concurrence déloyale revient régulièrement. La FFT est censée être la fédé de tous. Mais elle a une tendance, et c’est dans son ADN, à privilégier les aides financières vers les clubs municipaux ou projets associatifs. Alors que parfois il y a même des projets privés qui ont besoin d’aide et qui sont à côté de ces clubs municipaux. Ce qui fait qu’ils sont en concurrence avec eux. On se retrouve parfois avec des situations assez étranges. On a des zones avec plusieurs petits clubs à quelques kilomètres carrés à la ronde. Est-ce la solution pour développer notre sport ? Dans l’intérêt de tous les clubs, il faut faire attention à une éventuelle cannibalisation et ne pas opposer les structures. La FFT doit y veiller et non pas l’alimenter par des politiques peut-être maladroites. Les investissements de la FFT dans le padel sont uniques dans le monde du padel. Je crois qu’il faut réorienter ce budget et tout ce travail vers la démocratisation de ce sport.

On est dans une situation étrange. Il y a un boum du padel, moins des structures privées. Beaucoup sont en attente. Certes, la COVID joue, mais cette baisse a commencé avant la pandémie. Ils sont en attente de ce que va faire la FFT. Il y aura a priori une nouvelle politique, qui sera plus équilibrée. Avec une construction par gros tas, des gros clubs où on pourrait associer des clubs associatifs avec des projets privés et créer une cohésion entre eux. Voila pour la partie négative.



Pour la partie positive, il y a aussi une idée qui est en train de s’enraciner dans beaucoup de clubs. C’est de rester au sein de la FFT, mais devenir une agence indépendante reliée au tennis, mais autonome. Ça dépend de la fédération. C’est une idée, mais est-ce que la fédération est prête à faire ça ? Pourquoi pas ! Il y a peut-être quelque chose à créer en interne. Je sais que Gilles Moretton avait dit dans son programme, qu’il voulait mettre en place des « groupes de travail » pour le padel et le beach.

Et puis il y a ceux qui sont satisfaits du statut actuel et veulent rester avec la FFT. Il y a du positif à ça. Notamment le fait d’appartenir à l’une des structures les plus puissantes au monde. Aujourd’hui, la FFT est la plus grande fédération dans le monde du padel, et l’une des plus puissantes dans le monde. Même une ligue régionale de la FFT est peut-être plus forte que la fédération espagnole de padel ! La FFT est une énorme machine. Ce sont des budgets colossaux, une grosse équipe. Comme dans toute grosse machine, il y a des choses très positives. Mais aussi des lenteurs. Néanmoins; il ne faut pas tout jeter. Du coup je ne peux pas répondre à la question. Pour ou contre, je ne sais pas !

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Je ne sais pas… J’espère rester lié au milieu du sport. Et j’espère que Padel Magazine poursuivra son aventure. Pour tous ceux qui se sont lancés dans des projets très coûteux, j’espère aussi que ça ira au bout, même si ce n’est pas simple avec la COVID. De nombreux centres ont dû fermer, et ce n’est pas facile.

Le mot de la fin ?

Merci et bonne chance ! En espérant vous voir sur un terrain de padel prochainement !

Passionné de sport depuis toujours, c’est tout naturellement qu’après avoir compris que je n’avais pas le niveau pour jouer à Manchester United, et pas la force nécessaire pour combattre à l’UFC que je me suis tourné vers le journalisme pour raconter les exploits et les histoires de ceux qui en sont capables. Le football, surtout quand il est joué en Angleterre, reste mon premier amour. Mais j’aime aussi veiller la nuit pour vous parler de KO et de victoires unanimes à l’UFC ou sur les rings de boxe. Mon côté fan de Wayne Rooney m’a également poussé à devenir polyvalent et à parler aussi de rugby (à XIII comme à XV) et occasionnellement de cyclisme. C’est donc logiquement que j’ai rejoint Dicodusport, pour pouvoir parler de l’actualité, sur tous les terrains.

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