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Tour de France 2024

Tour de France 2024 : Pogacar vs Vingegaard, le plus grand duel de l’histoire ?

Etienne Goursaud

Publié le

Photo Icon Sport

TOUR DE FRANCE 2024 – Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) et Jonas Vingegaard (Visma Lease a Bike) s’offrent une nouvelle fois un duel sur ce Tour 2024. Le plus grand de l’histoire de la Grande Boucle ?

C’est désormais un duel qui rythme le Tour de France depuis 2021. Tadej Pogačar et Jonas Vingegaard sont seuls au monde. Et cette année 2024 ne déroge pas à la règle. Ce sont les seuls à avoir remporté les étapes de montagne depuis le début de cette Grande Boucle. Trois pour le Slovène (Valloire, Pla d’Adet et Plateau de Beille) et une pour le Danois au Lioran. Hors Valloire, quand l’un termine premier, c’est l’autre qui prend la seconde place.

Et encore, à Valloire, c’est bien Jonas Vingegaard qui bascule en deuxième position au sommet du Col du Galibier. Eux devants, les autres derrière à écoper. Ce duel est d’ores et déjà entré dans la légende de la Grande Boucle. Mais à quel point ? Peut-on qualifier ce duel du plus grand de l’histoire ? On a déjà de bonnes raisons de le penser, alors que Tadej Pogačar n’a que 25 ans et Jonas Vingegaard 27 ans.

Première fois dans l’histoire du Tour que deux mêmes coureurs occupent les deux premières places trois ans de suite

Des grands duels ont émaillé le Tour de France au fil des années. On pense à Eddy Merckx et Luis Ocaña, Bernard Hinault contre Joop Zoetemelk, Lance Armstrong contre Jan Ullrich, ou encore Andy Schleck face à Alberto Contador. Et pourtant, aucun n’a réussi la performance qu’ont réalisé Tadej Pogačar et Jonas Vingegaard. À savoir terminer trois Tour de France consécutifs aux deux premières places. Le Slovène l’emportant devant le Danois en 2021, avant de s’incliner contre ce même coureur en 2022 et 2023. Une passe de trois qui peut se transformer en passe de quatre, dans la mesure où ce sont les deux mêmes coureurs qui occupent les deux premières places actuellement.



Une statistique qui implique domination ET régularité. Que n’a pas forcément eu un Jan Ullrich, absent en 1999 et 2002, et même Bernard Hinault, contraint à l’abandon en 1980, laissant la victoire à son adversaire néerlandais. Ce sont cependant les deux coureurs qui se sont le plus rapproché de cette folle statistique. Ils ont occupé les deux premières places en 1978, 1979 et 1982. Si Bernard Hinault n’avait pas abandonné en 1980… Aussi intense qu’il fut, le duel entre Alberto Contador et Andy Schleck n’a duré qu’entre 2009 et 2011, et en 2011, aucun des deux ne remporta le Tour de France.



Chez les femmes, on pense au duel Demi Vollering vs Annemiek van Vleuten. Mais si AVV a remporté le Tour 2022 devant sa compatriote, elle n’a terminé qu’à la 4e place l’an passé. Désormais retraitée, elle ne pourra pas tenter de contester la suprématie de la coureuse de la SD-Worx, qui est archi-favorite à sa propre succession. Demi Vollering trouvera-t-elle une coureuse à sa hauteur ? Pour l’heure, difficile à dire.

Jamais deux coureurs n’ont paru aussi seuls

Surtout, jamais les deux n’ont paru aussi seuls au monde que le sont Tadej Pogačar et Jonas Vingegaard. Outre la confiscation quasi totale des victoires d’étape cette année, quand l’un attaque, seul l’autre peut répliquer. Et c’est une constance absolument folle depuis 2022 (Richard Carapaz arrivant à suivre les deux en 2021). On a le souvenir des étapes de Peyragudes et d’Hautacam en 2022, où les deux se sont isolés des autres favoris dès l’avant-dernier col. Avec de franches attaques du Slovène, suivies (et parfois contrées) par le Danois. Bis repetita en 2023 où à chaque démarrage de l’un, seul l’autre pouvait s’accrocher. Et le sommet cette année, avec des écarts incroyables dans l’ascension du Plateau de Beille.

Et c’est aussi ce qui contraste avec les autres duels. Jan Ullrich n’a pas toujours été le premier dauphin de Lance Armstrong, notamment en haute-montagne où d’autres se montraient de temps en temps à leur avantage. Même au plus fort du duel Alberto Contador vs Andy Schleck, d’autres venaient rivaliser. Et même gagner le Tour de France, comme Cadel Evans en 2011. Oui, les deux se sont de temps en temps isolés du monde, comme ce fut le cas dans le Col de la Madeleine ou le Col du Tourmalet en 2010, seule année où les deux étaient sensiblement de même niveau. Et il faut le dire, hormis en 1978 où il a terminé à 3:58, Joop Zoetemelk a pris de sacrées roustes par Bernard Hinault. À près d’un quart d’heure en 1979 et à sept minutes en 1982, sur un Tour dans lequel Hinault a fait le minimum syndical.

Et on rappellera encore une fois qu’ils n’ont que 25 et 27 ans. Il ne faut jamais jouer avec l’avenir et le Tour de France ramène à l’humilité. On a promis beaucoup de Tour de France au Slovène, avant qu’il ne tombe sur un os. À qui on a également promis une domination sans partage. Mais le duel entre ces deux-là peut durer des années.

Journaliste et amoureux de sport. Ancien footballeur reconverti athlète quand ses muscles le laissent tranquille. Elevé à la sauce des exploits de Thomas Voeckler en 2004, du dernier essai de légende de Eunice Barber à la longueur lors des championnats du monde d'athlétisme de 2003 mais aussi Zidane, Omeyer et Titou Lamaison.

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