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Euro 2024 de football

Xavier Barret : « L’Angleterre est le principal rival de l’équipe de France à l’Euro »

Killian Tanguy

Publié le

Xavier Barret « L’Angleterre est le principal rival de l’équipe de France à l’Euro »
Photo via Xavier Barret

CHAMPIONNAT D’EUROPE DE FOOTBALL 2024 – Consultant pour divers médias depuis de nombreuses années, Xavier Barret connaît la compétition par cœur. Auteur du « Guide insolite et érudit de l’Euro » (Éditions Solar), il décrypte les favoris de cette édition, explique l’importance des gardiens et parle de l’ambiance à laquelle il s’attend en Allemagne.

L’Euro est sur le point de débuter, mais l’engouement semble absent.

L’euro est une compétition mal connue qui a longtemps vécu dans l’ombre de Jeux olympiques puisqu’elle se déroule toujours la même année. Et c’est pire cette année, car les JO ont lieu en France. Sa médiatisation est tellement importante, que les Français en oublient presque l’Euro. Mais une fois que la compétition va commencer, les gens vont s’y intéresser car l’équipe de France reste une vitrine formidable, et le foot le sport n°1.

Six joueurs ont remporté le Ballon d’Or après avoir gagné l’Euro la même année : Franz Beckenbauer en 1972, Karl-Heinz Rummenigge en 1980, Michel Platini en 1984, Marco van Basten en 1988, Matthias Sammer en 1996 et Cristiano Ronaldo en 2016. Cela pourrait-il être le cas cette année ?

Quand le Ballon d’Or était réservé aux joueurs européens, effectivement des lauréats du Ballons d’or avaient gagné l’Euro. Mais depuis 1995 et la possibilité que des joueurs non-européens soit récompensé, cela a changé. Ces dernières années, un Argentin, Lionel Messi, l’a gagné huit fois et il y a eu des Brésiliens : Kaká, Ronaldinho, Ronaldo, Rivaldo. Donc ça ajoute des candidats qui ne disputent pas l’Euro.



Cette année, ça va être intéressant, car Kylian Mbappé est un prétendant avec l’équipe de France. Mais s’il sera un joueur du Real Madrid la saison prochaine, le club a gagné la Ligue des champions sans lui. Donc, il faudra voir qui sera la tête d’affiche du côté du Real Madrid. Erling Haaland, deuxième l’an dernier et qui, comme son club, fait une moins bonne saison, n’est pas à l’Euro puisque la Norvège n’est pas qualifiée. La course au Ballon d’Or est assez ouverte.



Quelles équipes sont favorites ?

Clairement l’équipe de France, car elle est championne du monde, et l’Angleterre. Ce sont, pour moi, les deux grands favoris. On dit que l’Angleterre ne gagne jamais, mais elle s’en rapproche. Les Anglais sont allés en demi-finale de la Coupe du monde 2018 (battus par les Croates en demi-finale 2-1 ; puis par la Belgique en petite finale 2-0), en finale de l’Euro en 2021 (battus aux tirs au but par l’Italie) et en quart de finale de l’Euro de la Coupe du Monde 2022, éliminés par l’équipe de France (1-2) avec un penalty manqué de Harry Kane. Quand on voit la qualité et la richesse de l’effectif anglais, on ne peut pas les écarter. Je pense que c’est le principal rival de l’équipe de France.

Mais il y a trois autres équipes à ne pas éliminer complètement : l’Espagne, qui a gagné la dernière Ligue des Nations, le Portugal, qui a encore une très belle équipe, et puis l’Allemagne qui est en plein renouveau comme on l’a vu lors du match amical contre l’équipe de France au mois de mars (2-1 pour l’Allemagne). Il y a une belle dynamique avec de jeunes joueurs de grand talent comme Jamal Musiala et Florian Wirtz. Donc il ne faut pas écarter l’Allemagne, chez elle, non plus.

Depuis 1976, 22 matchs à élimination directe sur 80 se sont terminés aux tirs au but. Cela pourrait-il être un problème pour l’équipe de France ?

Avec Mike Maignan dans les buts, non, mais s’il n’est pas rétabli, ce sera plus embêtant. Aujourd’hui, on ne peut pas gagner une grande compétition internationale, et surtout l’Euro, sans un grand gardien. Dans l’histoire de l’Euro, un gardien a déjà été récompensé du titre de meilleur joueur de la compétition (Gianluigi Donnarumma en 2021), ce qui n’a pas été le cas en Coupe du monde. Et on pourrait même en citer 5 si on tient compte de certains palmarès, parce que jusqu’en 1996 il n’y avait pas de titre officiel de meilleur joueur du tournoi distribué par l’UEFA. C’étaient les médias qui décidaient par eux-mêmes (il ajoute donc Lev Yachine, URSS, en 1960 ; Dino Zoff, Italie, en 1968 ; Ivo Viktor, Tchécoslovaquie, en 1976 et Peter Schmeichel, Danemark, en 1992).

Avoir un grand gardien dans une compétition à élimination directe, où plus d’un quart des matchs se joue aux tirs au but, c’est quelque chose d’indispensable. L’Italie l’a prouvé lors de la dernière édition avec un Donnarumma formidable. Lors de ses titres en 2008 et 2012, l’Espagne est passée, au moins une fois, par une séance de tirs au but et (Iker) Casillas a été très bon.

L’équipe de France a des très bons gardiens de but depuis longtemps, même s’ils ne sont pas forcément très bons aux tirs au but… (Hugo) Lloris n’avait pas cette réputation et c’est vrai qu’il n’a pas été aussi performant que d’autres. À l’inverse, l’Angleterre est plus performante parce qu’elle a des gardiens qui sont, si ce n’est meilleurs, moins mauvais qu’auparavant.

L’Allemagne a organisé la Coupe du monde en 1974 et en 2006 ainsi que l’Euro en 1988. À quelle ambiance vous attendez-vous ?

Je pense que ça va être une ambiance assez formidable. En Allemagne, il y a un engouement extraordinaire autour du foot, parce que contrairement à la France, à l’Angleterre, et même à l’Espagne, il n’y a pas beaucoup de sports. En France, on joue aussi au rugby, au basket, au volley ; on fait de l’athlétisme, de la voile et on a des médailles aux Jeux olympiques dans toutes ces disciplines. En Allemagne, c’est le football, le football et le football. Il y a aussi le handball, qu’ils ont inventé et codifié, mais sinon le football écrase tout le reste. La Bundesliga est le championnat qui a la plus forte affluence et l’équipe nationale remplit à chaque fois les stades. Et comme le pays a de très grands stades, l’équipe va jouer dans toute l’Allemagne, contrairement à la France qui joue normalement au Stade de France. Les Allemands ne jouent jamais deux matchs de suite dans un même stade. L’équipe nationale est itinérante en Allemagne et c’est ce qui entretient la passion pour le football.

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