Nous suivre

JO Paris 2024

JO 2024 : Le bilan de la France en chiffres et en questions

Victor Clot-Amiot

Publié le

JO 2024 Le bilan de la France en chiffres et en questions
Photo Icon Sport

JO 2024 – Au crépuscule d’une quinzaine festive et inoubliable pour tout fan de sport qui se respecte, il est temps de tirer quelques enseignements du bilan de l’équipe de France, chiffres à l’appui, et de soulever quelques questions.

La France bat ses records de médailles aux JO 2024

Commençons par l’essentiel ! C’était attendu, encore fallait-il le faire : la France a battu son record de médailles (43 en 2008) et de titres (15 en 1996) ! Avec un bilan total de 64 médailles dont 16 titres, la France termine à la 4e au classement total des médailles et 5e au classement des médailles d’or son meilleur classement depuis 1948 et 1996 respectivement.

Par ailleurs, avec 9 médailles obtenues le 2 août dernier, la France a égalé son record de médailles quotidiennes établi le 27 juillet 1996 à Atlanta. Outre ce fameux 2 août, elle a obtenu 8 médailles le 29 et le 31 juillet. Lors des éditions récentes, elle n’avait pas fait mieux que 6 à Tokyo il y a trois ans.



L’effet « pays hôte »

L’effet « pays hôte » est incontestable. Depuis les Jeux Olympiques d’Athènes, on peut le quantifier à l’image du tableau ci-dessous. En prenant la moyenne des titres et des médailles obtenues lors des trois éditions qui précédaient l’organisation des Jeux, on constate que systématiquement, le pays hôte a gonflé son bilan. Seulement, à y regarder de plus près, on peut effectivement affirmer que la France a légèrement moins surperformé que ses prédecesseurs.



Si la France a terminé dans la moyenne en ce qui concerne l’augmentation totale du nombre de médailles (x 1,7), on se rend compte que l’augmentation du nombre de titres est réelle (x 1,6) mais bien en dessous des autres pays hôtes, le Japon en première ligne. Les Bleus ont ainsi su se transcender pendant les Jeux Olympiques même si le taux de conversion des titres de champions du monde en titres de champions olympiques reste plus faible que les autres pays hôtes. Un constat récurrent pour la France : systématiquement, depuis 2008, le pays a autant ou plus de médailles d’argent et de médailles de bronze que de médailles d’or.

Comparaison des résultats du pays hôte (col. de droite)  par rapport à ceux des trois éditions qui précèdent (col. de gauche)

🇬🇷 Grèce : 3,3 titres – 7,6 médailles 6 titres (x 1,8) – 18 médailles (x 2,4)
🇨🇳 Chine : 25,3 titres – 57 médailles 48 titres (x 1,9) – 100 médailles (x 1,8)
🇬🇧 Royaume-Uni : 13 titres – 36,3 médailles 29 titres (x2,2) – 65 médailles (x 1,8)
🇧🇷 Brésil : 3,6 titres – 14,6 médailles 7 titres (x 1,9) – 19 médailles (x 1,3)
🇯🇵 Japon : 9,3 titres – 34,6 médailles 27 titres (x 2,9) – 58 médailles (x 1,7)
🇫🇷 France : 10,3 titres – 36,6 médailles 16 titres (x 1,6) – 64 médailles (x 1,7)

Lecture : en moyenne, la Grèce a obtenu 3,3 titres et 7,6 médailles sur les trois éditions qui précédaient les Jeux d’Athènes en 2004 (Barcelone 1992, Atlanta 1996, Sydney 2000). Lors des Jeux d’Athènes, la Grèce a obtenu 6 titres et 18 médailles. Elle a donc amélioré son bilan en multipliant ses totaux respectivement par 1,8 et 2,4.

Deux podiums à deux, un triplé historique

Il fallait remonter à 1924 pour retrouver la trace d’un triplé français aux Jeux Olympiques d’été. Albert Séguin, Jean Gounot et  François Gangloff composaient alors le podium d’une épreuve de gymnastique, le saut de côté. Avant eux, il y avait déjà eu 13 triplés bien que leur valeur soit incomparable aux éditions contemporaines puisqu’à l’époque, le nombre de nations participantes était bien sûr bien moindre (22 en 1908, 206 aujourd’hui) et que certaines épreuves, aux Jeux de Paris en 1924 n’étaient disputées que par des athlètes français.

C’est dire la performance de Joris Daudet, Sylvain André et Romain Mahieu lors de leur triplé en finale du BMX. Ce n’est bien sûr pas sans rappeler la performance similaire de Jean-Frédéric Chapuis, Arnaud Bovolenta et Jonathan Midol sur l’épreuve de ski cross aux Jeux d’hiver de 2014. Outre le triplé au BMX, deux autres podiums ont vu deux tricolores monter sur ses marches : en sabre féminin, Manon Apithy-Brunet a remporté une finale franco-française contre Sara Balzer tandis que Valentin Madouas a terminé vice-champion olympique en cyclisme sur route, devant Christophe Laporte troisième.

En laissant de côté les performances des Jeux de 1924 et d’avant, il n’y avait jamais eu de triplé français aux Jeux d’été tandis que le BMX et le sabre ont apporté les 5e et 6e doublé or-argent français de l’histoire des Jeux Olympiques d’été. Le podium partagé par Madouas et Laporte a quant à lui été le 19e podium sur lequel se trouvaient (a minima) deux Français, depuis 1948.

Une médaille dans 26 des 43 sports et des 0 pointés qui imposent des remises en questions

Sur les 43 sports au programme de ces Jeux Olympiques, la France a apporté a minima une médaille dans 26 d’entre eux. C’est le judo qui en a offert le plus (10) tandis que c’est la natation qui a offert le plus de titres (4), tous à mettre au crédit de Léon Marchand. Pour comparer, à Tokyo, la France avait obtenu un podium dans 16 sports, idem à Rio ! C’est l’une des satisfactions de cette quinzaine olympique !

Qui dit 26 sports dans lesquels la France a obtenu une médaille dit aussi 17 qui repartent sans la moindre breloque. Si le bilan était attendu dans certains sports et ne peut être considéré comme une déception (beach volley, trampoline, natation artistique…), d’autres en revanche soulèvent davantage de questions et doivent pousser certaines fédérations à la remise en cause.

On pense ainsi au canoë (course en ligne) dont la fédération a laissé les hommes à leur propre sort dans leur préparation olympique. On pense évidemment à l’aviron, qui se réfugiait derrière une ou deux médailles lors des dernières éditions mais dont le déclin n’est pas contestable. Mais on pense également à la lutte ! S’il s’agit du seul sport de combat dans lequel la France ne disposait pas de quota réservé, le faible nombre de qualifiés (3), et plus globalement les résultats récents (exception faite du titre de champion du monde d’Ibrahim Ghanem l’an dernier mais absent aux JO 2024) doivent aboutir à une introspection.

Que dire de la gymnastique également ? Le spectre Kaylia Nemour s’est fait ressentir à nouveau à la vue des performances de la jeune algérienne. Quant à nos Bleues, aucune n’a été en mesure de se qualifier pour la moindre finale individuelle… Enfin, on pense à fédération française d’athlétisme qui, même sans 0 pointé, fait trop souvent grincer des dents les athlètes et observateurs.

Sur le podium au tableau des médailles dans 14 sports

En regroupant toutes les disciplines du cyclisme ensemble, la France figure sur le podium au tableau des médailles dans 13 sports (judo, cyclisme, natation, surf, tir à l’arc, triathlon, équitation, taekwondo, handball, volley-ball, rugby à 7, breaking, football et pentathlon). Bien entendu, certains sports sont plus révélateurs que d’autres dans lesquels il y a peu de médailles distribuées. Le podium en handball ne doit ainsi pas masquer la déception du tournoi réalisé par les hommes. En revanche, la France figure en tête du tableau des médailles en cyclisme, surf, volley-ball et rugby à 7.

Des titres (4) et des médailles (2) inédites

La France a obtenu son premier titre dans 4 sports. Parmi eux, deux sont récents puisque le rugby à 7 et le surf ont intégré le programme olympique à Rio et Tokyo. Pour le triathlon, aux Jeux depuis 2000, le titre de Cassandre Beaugrand s’inscrit dans la lignée de la médaille de bronze obtenue par le relais mixte, à Tokyo il y a trois ans et qui était alors la première médaille olympique française dans ce sport. Enfin, la France a également obtenu son premier titre au taekwondo grâce à Althéa Laurin.

Avant Paris, la France avait obtenu 8 médailles en six apparitions de ce sport aux Jeux. Systématiquement, elle avait obtenu a minima une médaille. Outre le titre d’Althéa Laurin, la médaille de bronze obtenue par Cyrian Ravet permet aux Bleus de totaliser 10 médailles en sept apparitions. Bah bénef ! On notera également la médaille inédite de Dany Dann en breaking. Logique puisque la discipline faisait ses débuts (et ses adieux) au programme olympique. La France a donc obtenu sa (ses pour le surf) première médaille dans 2 sports.

Trop de finales perdues

Une donnée aura fait beaucoup parler sur les réseaux sociaux. Il s’agit du nombre de finales perdues par les Français pendant ces JO 2024 . Dans les finales à score, la France ou les athlètes français ont perdu à 15 reprises sur 21 finales en laissant la finale franco-française du sabre de côté. Il s’agit de l’une des raisons qui explique que la France soit à distance du Japon au tableau des médailles.

Hélas, on le sait, le tableau des médailles donne la primauté aux médailles d’or, et trop souvent des médailles d’argent ont de fait été jugées décevantes. Pourtant, passée la frustration de terminer une compétition sur une défaite, mesurons ce que représente le fait de terminer deuxième de la plus grande compétition au monde. L’anglicisme to choke, qui signifie crouler sous la pression est très souvent revenu, questionnant la capacité des Français à tenir leur rang au moment qui importe le plus.

Pourtant, aucun (collectif) tricolore ne s’est effondré en finale de sa compétition. Sur les 15 défaites, 6 au moins se sont jouées à un point, une touche, un juge, une prolongation, une balle de barrage. Presque du pile ou face. D’autres se sont inclinés plus nettement, sans s’écrouler, simplement battus par un adversaire plus fort. C’est le cas de Dany Dann ou Bilal Bennama qui n’ont pas à rougir.

Une moisson inédite de « presque médailles »

La France fait partie des champions au classement des « presque médailles ». Si certaines 4e, 5e et 6e place ont une saveur de victoire, d’autres athlètes au pied du podium peuvent nourrir de grands regrets. Ainsi, il est difficile, avec le recul d’être déçu de la 4e place d’Alice Finot sur le 3000m steeple dans la mesure où la Française a brisé la barrière des 9 minutes pour s’offrir le record d’Europe. Il en va de même pour la 4e place de Victor Perez en golf ou pour le ballet français en natation artistique.

D’autres en revanche se sont avérées être une véritable déception à l’image de l’épée par équipes masculine où les Bleus, qui visaient clairement le titre, ont terminé au pied du podium. Le constat est le même pour l’équipe féminine de sabre bien que les Françaises se soient sublimées sur l’épreuve individuelle. On peut aussi citer la vitesse par équipes masculine en cyclisme sur piste, qui casse une tradition de médaille, la France ayant figuré sur le podium à chaque fois depuis l’apparition de l’épreuve en 2000.

D’autres enfin, sans être une surprise ni une totale déception, sont particulièrement frustrantes pour ne pas dire tristes. On pense bien sûr à la 4e place de Samir Aït Saïd aux anneaux ou celle de Julien Epaillard qui manque le podium pour une barre touchée sur la fin de son passage au saut d’obstacles individuel.

Des champions entrés dans la légende aux JO 2024

On retiendra de ces Jeux les performances historiques réalisées par Léon Marchand et Teddy Riner. Tous deux ont rejoint Christian d’Oriola et Lucien Gaudin au classement des sportifs les plus titrés aux Jeux Olympiques d’été. Mieux, le premier l’a réalisé en une seule édition tandis que le second ne s’est pas contenté d’égaler le nageur et ses regrettés compatriotes mais les a dépassés en obtenant une 5e médaille d’or lors de l’épreuve de judo par équipes.

Preuve de la portée de la performance de Léon Marchand, le Toulousain a égalé un autre record : avec 5 médailles dont quatre en or, il devient le sportif français le plus médaillé aux Jeux Olympiques d’été, à égalité avec Roger Ducret, qui avait obtenu également cinq médailles (mais un titre en moins). C’était déjà à Paris, il y a 100 ans, en 1924.

Conclusion : les satisfactions et les déceptions des JO 2024

Certains sports, on l’a dit, ont agréablement surpris. Le cyclisme, la boxe, le surf ou le tir à l’arc parmi d’autres. D’autres ont suscité des avis partagés : la France a terminé à la deuxième place au tableau des médailles au judo (10 médailles), mais les femmes ont déçu en individuel (aucune finale). En escrime, la France a remporté sept médailles mais seulement un titre. Les Bleus ont trop souvent échoué en finale. Néanmoins, on pourrait apporter de la nuance dans la mesure où le bilan est meilleur que celui des championnats du monde 2023.

L’athlétisme, avec une médaille est dans ses standards des derniers grands championnats. En revanche, les Bleus, auteurs d’une formidable saison 2024 au cours de laquelle les records personnels et les records de France se sont succédés, ont pour beaucoup semblé en fin de course. Pour certains, la saison a été longue : entre la saison en salle, les relais mondiaux, les championnats d’Europe, ceux de France où il fallait performer et la course aux minima dans les meetings on peut se questionner sur les chances d’arriver en forme lors de l’échéance planétaire. Si beaucoup n’ont pas les moyens de rivaliser avec les cadors de leur discipline, la question a le mérite d’être posée.

Pour synthétiser, nous vous proposons un tableau (non exhaustif) récapitulant les principales satisfactions et déceptions dans le camp français aux JO 2024.

Les principales satisfactions (à gauche) et déceptions (à droite) de la délégation française aux JO 2024
Surf ✅✅✅ Aviron ❌❌❌
Cyclisme ✅✅✅ Gymnastique ❌❌❌
Tir à l’arc ✅✅ Athlétisme❌❌
Natation ✅✅ Canoë (sprint) ❌❌
Tennis de table ✅✅ Tir ❌❌
Taekwondo ✅✅ Voile ❌
Boxe✅ ❓ Judo – Escrime – Handball ❓

BONUS : Une histoire de famille

2 : c’est le nombre de fratries médaillées sur ces Jeux Olympiques. On a beaucoup évoqué les frères Lebrun, médaillés par équipe en tennis de table, mais une autre famille a vu deux frères médaillés. Chez les Patrice, Jean-Philippe et Sébastien ont tous deux obtenu le bronze sur l’épreuve du sabre par équipes.

1 : Comme l’ont été Tony Yoka et Estelle Mossely, doublement sacrés en 2016, un autre couple a goûté aux joies du podium tant chez monsieur que chez madame. Manon Apithy-Brunet et son mari Boladé sont respectivement montés sur la première marche du podium en sabre féminin et sur la troisième en sabre par équipes masculin.

Passionné de sport depuis toujours, un jour à l'adolescence mes parents m'ont dit : "quitte à passer ton temps à regarder du sport, au moins va le voir en vrai" ! Depuis, cette remarque ne m'a plus quitté et je passe une grande partie de mon temps libre à assister à des compétitions de tous sports. Je mêle d'ailleurs mes deux passions, le sport et les voyages afin de faire une pierre deux coups ! Outre l'US Open ou l'Euro 2021 par exemple, j'ai assisté cet été aux Mondiaux d'athlétisme à Budapest. Mon plus gros coup dur est et restera les JO 2020-2021 pour lesquels j'avais réservé 17 épreuves. La suite, vous la connaissez...

1 Commentaire

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Vos commentaires sont pris en compte mais ne s'affichent pas actuellement suite à un souci technique.


Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *