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Euro 2017 Féminin

L’Allemagne tranquille et la Suède sans briller filent en quart

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Le principal enseignement de cette soirée, c’est qu’il y a trois équipes malheureuses. La Russie, qui rentre déjà chez elle après une défaite deux à zéro face à l’Allemagne. L’Italie, qui, déjà éliminée, jouait pour la gloire, et la Suède. La Suède, peut nourrir des regrets. Elle va, elle, en quarts de final, mais les trois buts encaissés face à l’Italie la placent deuxième de ce groupe B, et la sentence est sans appel : affronter les Pays Bas, devant une nuée de supporters orange.

Retour sur cette soirée en deux actes.

Acte I : la Mannschaft, force tranquille

Sur le papier, dans les journaux, dans la bouche des commentateurs avisés et non avisés, constat unanime : la Russie s’apprêtait à passer une soirée délicate. Du haut de sa 25ème position au classement FIFA, elle pèse peu face à la seconde nation qu’est l’Allemagne, d’autant qu’en 19 confrontations, toutes compétitions confondues, la Russie s’en tire avec un bilan famélique : 17 défaites et deux matchs nuls. Pour se qualifier pour les quarts, la Russie le sait : battre l’Allemagne ou mourir.

Le sport nous fait rêver, le football regorge de contes où des petits poucets l’emportent face à des géants, comme un déraillement de l’histoire.

Entre la Russie et l’Allemagne, hélas, l’histoire avait répété ses gammes, elle s’est écrite sans sourciller. Le suspens a confiné au néant.

La Russie, Petit Poucet écrasé

D’entrée, les coéquipières de Dzsenifer Marozsán s’installent tranquillement dans la partie, sous le regard de supporters peu nombreux, mais courageux, bravant la pluie tombée toute la journée sur la pelouse du Stadion Galgenwaard d’Utrecht. Le cœur balançait plus pour la Mannschaft, surtout ils donnaient surtout de la voix, et dans ce match au rythme train corail, cela réveillait.

La meneuse de jeu allemande, Dzsenifer Marozsán, son numéro 10 fiché dans le dos, afficha la couleur : l’animation du jeu, c’est moi ! Cela faillit payer d’entrée, avec un premier but, refusé pour un hors-jeu de l’attaquante allemande Mandy Islacker (2ème). La défense teutonne, reposant principalement sur la charnière et de la gardienne de Wolfburg, championne d’Allemagne en titre, tint à faire montre de sa rigueur et ses automatismes : Peter, Goessling, Blässe, sereines dans leur entente avec la gardienne Schult. Leur soirée serait des plus tranquilles, mais elles marquèrent d’entrée leur territoire, face à une timide incursion russe, en mode éclaireur (7ème minute).

Les filles de Steffi Jones s’employèrent à user leurs adversaires, par un jeu de passes et de patience, pas rapide ni flamboyant, mais efficace, reposant sur la monopolisation du ballon, et la faille qui devait nécessairement surgir à un moment ou un autre.

L’Allemagne aime les pénalties

Anja Mittag (Allemagne) et Anna Kozhnikova (Russie) à la lutte (credit UEFA)

Elle surgit, et ce fut grâce à l’arbitre, qui désigna le point de penalty après que Mitag et Makarenko se sont agrippées mutuellement dans la surface, se préoccupant de tout sauf du jeu. Babet Peter posa la balle, frappa côté gauche. Shcherbak, la gardienne russe, s’étire, anticipe parfaitement la direction de la balle. Mais ne s’attend pas à ce qu’elle rase le sol. Elle l’effleure du bout des doigts, ça rentre.

Russie 0 – Allemagne 1. 10ème minute.

De toutes les joueuses russes, la gardienne Shcherbak fut la plus brillante. Elle en a du talent, cette gardienne, pour être parvenue à repousser les innombrables frappes allemandes. Car en ce début de première mi-temps, l’Allemagne ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Mais sans forcer, surtout ne pas forcer.

La Mannschaft multilplia les séquences de jeu identiques, avec perforation de la défense centrale russe, sans succès. Puis s’employa à utiliser les côtés, sans trop se presser non plus. La Russie, de son côté, tenta de répliquer pour la forme, avec une belle action individuelle d’Elena Danilova, l’avant centre de cette formation et grande solitaire de cette soirée tant elle toucha peu de ballons. La frappe de Danilova fut détournée en corner. C’était à la 15ème minute puis ce fut tout.

On atteignit la pause en petites foulées, sur ce rythme rasoir instauré par les deux équipes, où l’on aura simplement retenu que Dzsenifer Marozsán anime le jeu, que son équipe frappe de loin, de préférence en dehors de la surface, que la Russie n’a pas le niveau technique requis pour une compétition de ce calibre, tout en démontrant de belles qualités de vaillance.

La seconde période fut une copie conforme de la première, le rythme en moins. On devine les consignes de la sélectionneuse allemande « N’allez pas vous blesser, si on joue les Pays-Bas en quarts on aura besoin de tout le monde ! ». C’est peu de dire que les joueuses ont intégré le message.

La solitude de Danilova

La Russie se montra incapable de créer la moindre séquence de jeu, et Elena Danilova poursuivit sa soirée de solitude à la pointe d’une attaque dont le milieu de terrain était tout employé à défendre. A la 56ème minute, Margarita Chernomyrdina eut la mauvaise idée de tirer le maillot de Sara Däbritz qui filait dans la surface. Penalty encore, cette fois c’est Dzsenifer Marozsán qui s’en charge. Et cette fois encore, Shcharbek part du bon côté, mais la balle rase le poteau, et Shcharbek est trop courte.

Marozsan marque (credit UEFA)

Le match plongea ensuite carrément dans la naphtaline. On devait sûrement suivre les déboires de l’équipe suédoise face aux Italiennes, promptes à défendre leur honneur.

La Mannschaft continua son jeu de la passe à dix, multiplia les tirs à l’extérieur de la surface, qui ne mirent jamais Shcharbek en difficulté, à l’exception de la frappe de Mandy Islacker à la 58ème, bien servie par Dzsenifer Marozsán, tir que la gardienne russe dévia sur sa barre transversale.

Quand le coup de sifflet ultime retentit, les Allemandes surent qu’elles avaient leur sort entre les mains, que le Danemark serait leur prochain adversaire. La Russie ne se qualifie pas, encore un peu de chemin pour être parmi les grandes. Et nous, nous sommes allés nous coucher, somnolant depuis 90 minutes déjà.

Acte II, l’Italie a du piquant

Sur cette pelouse du Stadion De Vijverberg, Doetinchem, en excellent état, l’Italie était appelée à jouer les faire-valoir. Déjà éliminée de la compétition, les filles d’Antonio Cabrini, le sélectionneur italien, n’avaient rien à perdre, rien à gagner. Leur mission : décider du rang de la Suède. Les filles de Pia Sundhague finiraient-elles premières de leur groupe ou secondes ?

Bref, il y avait de l’enjeu, et les supporters suédois, venus garnir les tribunes, ne s’y trompèrent pas : ils chantaient, ils encourageaient leurs championnes.

Lorsque l’arbitre a signé la fin de la partie, sur les coups de 22h40, plusieurs enseignements. Le premier, l’Italie a de la fierté. Le second, la Suède a une défense friable. En kit et sans notice, à tenter un mauvais jeu de mot.

L’Italie marque d’entrée, la Suède court après

Dès la 4ème minute, première illustration.  Sur un centre long et sans dommage d’Alia Gagni, la défenseuse Linda Sembrant récupère le ballon, pense éliminer Daniela Sabatino qui rôde dans son dos, effectue un contrôle poitrine, précisément dans la course de Sabatino. L’attaquante fusille Hedvig Lindhal, trahie par sa défenseuse.

Sabatino marque deux fois (credit UEFA)

C’est un pénalty qui relancera la Suède.

Dès la 13ème minute. L’attaquante Stina Blackstenius est accrochée dans la surface par Federica Di Criscio. L’Italienne fait les choses bien. Lorsque la Suédoise s’effondre, elle lui emboîte le pas, espérant tromper l’arbitre. Elle écopera d’un carton jaune, pour sa faute et son forfait de dissimulation. Lotta Schelin se charge du reste. 1 partout.

Les errances suédoises

L’Italie est piquée. Les occasions les plus franches seront transalpines. Il y eu d’abord, à la 36ème, la démonstration de la classe à l’italienne façon Barbara Bonansea, qui, d’une chevauchée de dribles et de vitesse, donna des migraines à la défense. Sa frappe lointaine, cadrée, est détournée en corner par la gardienne Hedvig Lindhal.

La Suède s’en sortait avec un simple avertissement.

Mais ce soir-là, les Italiennes étaient bien décidées gratter les plaies de l’adversaire. A la 37ème, les Suédoises dégagent plein centre un ballon qui tombe dans les pieds de Linda Tucceri Cimini. D’une ouverture savamment dosée, qui aurait dû trouver la tête de Magdalena Ericsson, elle trouve l’intenable Daniela Sabatino. L’attaquante azur lève la jambe, ce qu’il faut, et, paisiblement, trompe Lindhal pour la seconde fois.

La défense suédoise encore en cause

Au retour des vestiaires, conscientes de laisser filer leur chance de finir en tête de leur groupe B, les Suédoises. A la 47ème, suite à un beau mouvement côté droit, Stina Blackstenius reprend victorieusement un centre millimétré.

Les temps qui suivirent furent suédois. Elles poussent, elles poussent les filles de Pia Sunhage. Il y eut d’abord cette tête de Stina Blackstenius sauvée de la tête également par Daniela Stracchi (60ème). Puis, sur une action en tout point similaire à celle qui a conduit à leur égalisation, Stina Blackstenius  frappe cette fois de la tête et trouve… le poteau ! C’était la 78ème, et la Suède venait de laisser filer pour de bon sa chance de l’emporter.

Les Italiennes rentrent à la maison (credit UEFA)

Car les Italiennes surent faire sonner la poudre. A la 84ème minute, la défense décidément engluée dans ses crampons se fait littéralement enrhumer. Sur un centre venu de la gauche, c’est au tout de Jonna Andersson d’aller aux fraises, laissant dans son dos Cristina Girelli expédier au fond des filets la balle de la victoire.

L’Italie a bien versé une larme lorsque l’arbitre a sifflé la fin du match. Les Suédoises, elles, n’osaient se réjouir. En quart, oui, mais que la partie sera dur face aux feux follets Martens, Miedema. Surtout avec une défense en kit.

Camille Cordouan

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